Après le Burundi, l’Afrique du Sud a annoncé vendredi 21 octobre son retrait de la Cour pénale internationale. Une lettre a été envoyée mercredi 19 au secrétaire général des Nations unies pour notifier cette décision.
Le départ de l’Afrique du Sud de la CPI aura lieu dans un an à compter de la date de réception de cette missive. Le ministre sud-africain de la Justice a motivé cette décision en expliquant que l’adhésion à la CPI est en contradiction avec l’obligation faite à l’Afrique du Sud de respecter l’immunité diplomatique de certains dirigeants. Les réactions sont vives dans le pays.
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Tour d’horizon : la CPI sous le feu des critiques en Afrique ?
Avec deux pays qui franchissent le pas en une semaine, certains craignent que le précédent n’inspire d’autres candidats au retrait du statut de Rome. Accusée de néocolonialisme et de s’acharner sur l’Afrique, la CPI est sous le feu des critiques mais cette volonté de quitter la Cour est-elle si largement partagée sur le continent ?
Que ce soit au nom de la solidarité entre chefs d’Etat ou de l’anticolonialisme, les partisans d’un retrait de la CPI sont certainement ceux qui se font le plus entendre. Mais lors du sommet de l’Union africaine à Kigali cet été, il y a pas eu consensus pour un retrait massif.
Selon Franics Kpatindé, journaliste et professeur à Sciences-Po Paris, les pays imprégnés de nationalisme sont les plus critiques. Le Cameroun, l’Éthiopie ou le Rwanda n’ont par exemple pas ratifié le statut de Rome. Certaines positions sont ambiguës : l’Ouganda est l’un des plus virulents pourfendeurs de la Cour, mais coopère dans les poursuites contre la LRA.
« Il y a une part de rhétorique politique et d’opportunisme », estime Netsanet Belay d’Amnesty International, mais la Cour a encore des soutiens. En tête de liste le Botswana, pays de tradition démocratique, mais aussi la Côte d’Ivoire dont l’ancien président est détenu à La Haye, le Sénégal ou le Nigeria.
D’autres coopèrent sans prendre position, comme la RDC, la Guinée ou le Mali. « Certains n’en pensent pas moins, confie un observateur, mais ils sont trop dépendants de l’aide internationale ».