France Info : Qu’est-ce qui pourrait faire enfin décoller la campagne d’Anne Hidalgo ?
Virginie Martin (politologue) : Je ne sais pas. Pas grand-chose, je pense, malheureusement pour elle, c’est difficile. La campagne rame, elle est très peu audible. Elle n’arrive vraiment pas à imprimer. Aujourd’hui, on a entendu un discours qui se raccrochait plutôt au passé du Parti socialiste plutôt qu’à un avenir. Ça manque quand même un peu de colonne vertébrale idéologique pour demain et après-demain.
Hidalgo home, c’est la blague, un peu sadique mais assez vraie, du moment. La campagne d’Anne Hidalgo, intronisée candidate du PS à la présidentielle faute de combattants (tout le monde a fui la gifle prévisible), est en état de mort cérébrale. La faute à un parti qui ne croit plus en lui-même, qui a accepté la domination du Marché en 1983 – soit la trahison de la classe ouvrière, qui le lui fera payer en votant Le Pen – et qui en est mort, et à sa pire candidate depuis un siècle de socialisme.
Après un discours d’une heure dans une salle peu remplie, Anne #Hidalgo quitte rapidement les lieux - sans répondre à la presse. @BFMTV
— Marie Gentric (@MarieGentric) January 22, 2022
Hidalgo, idéologiquement, c’est le néant, le vide total, le vide intersidéral, mais c’est en plus un orateur catastrophique. Quand vous avez quelqu’un qui ne sait pas quoi dire et qui en plus ne sait pas parler, le meeting vire au gag. Il faut donc applaudir les militants courageux qui, le flingue sur la tempe, raflés par les élus socialistes pour tenter de remplir les trois premiers rangs (pour la photo en plan serré), sont venus assister à un triste spectacle pour lequel il faut en plus un pass sanitaire. La pauvre, avec tout ça sur le dos, devient le mème de la campagne.
La campagne PS en mode remontada de l’enfer. pic.twitter.com/Bd4C2Sy9Mj
— Alexis Poulin (@Poulin2012) January 22, 2022
Si elle est venue à Aubervilliers, c’est que cet ancien fief ouvrier votait à gauche à 72 % aux législatives de 2012 ou à la présidentielle de la même année (pour Hollande contre Sarkozy). Mais depuis, les choses ont changé : la ville est tombée à droite (UDI), François Hollande est passé par là, ajoutant une ligne de plus au CV du PS traître à la classe ouvrière. Ce même François qui tente de sauver son ancienne compagne, pardon, campagne :
Pas candidat "pour l'instant", François Hollande annonce vouloir "prendre bientôt la parole" https://t.co/KgcKbMSB9h pic.twitter.com/apC7lJccZS
— BFMTV (@BFMTV) January 24, 2022
François Hollande : « Comme ça ne va pas bien… Je vais prendre la parole bientôt » @France3tv pic.twitter.com/goZZjanX4e
— Ariane Chemin (@ArianeChemin) January 23, 2022
Votez Trahison !
Que faire quand on a n’a pas d’imagination et qu’on doit recoller avec la classe ouvrière qu’on a trahie ? On tente un lastminute.com en proposant la mesure démago qui ne mange pas de pain noir : l’augmentation du Smic ! Le sauvetage des marges des classes populaires ! Où l’on abandonne momentanément les catégories minoritaires communautaires souffrantes (femmes, immigrés, jeunes, homos) pour reconsidérer le peuple, le vrai, celui qui bosse et qui en chie, et en silence, sauf quand il prend les ronds-points et monte des barricades.
Attendez un peu, la semaine prochaine ce sera 20%... https://t.co/NgbRCEZiZh
— Le Mister (@CervinGB) January 22, 2022
Mais plus rien n’y fait, le navire PS coule, et la barque Hidalgo avec. Même si Anne proposait un million d’euros à chaque foyer, les Français ne voteraient pas pour elle. C’est comme ça, quand ça veut pas, ça veut pas.
"Il y a des gens que ça choque de discuter d’un SMIC à 1800 euros, ou de salaires décents pour des millions de gens, mais par contre, que des gens puisse avoir des dizaines de milliards d’euros, ça ne les choque pas."#Poutou #Poutou2022 #OEED pic.twitter.com/jZZed8pZKH
— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) January 23, 2022
Léa Salamé : "Vous savez combien ça coûte cette proposition ?"
Philippe Poutou : "Et vous savez combien ça coûte le capitalisme ?" #Poutou #Poutou2022 #OEED pic.twitter.com/d3zpe0tEnH— Philippe Poutou (@PhilippePoutou) January 23, 2022
Même son de cloche côté Poutou, qui peut lui aussi proposer un Smic à 1 800 balles, ça ne mange pas la moindre miette de pain : il ne sera pas élu. Nous, chez E&R, on propose juste une petite baisse des charges patronales, à la Trump, histoire que l’État ne taxe pas trop l’activité, tout en faisant gaffe à ce qu’il ne rogne pas, en douce, sur les services publics. Et surtout, qu’il arrête de payer la dette à la Banque, qui tient le vrai pouvoir. Quand Hidalgo s’attaquera à la Banque, comme Hollande à la Finance, alors elle aura notre voix.
On finira cette chronique de campagne sur Gérard Filoche, le gauchiste retraité de l’inspection du travail, qui a juste oublié une chose dans sa condamnation de Mélenchon : le même Mélenchon a appelé à voter pour la Banque – c’est-à-dire Macron – en 2017. Comme Filoche, d’ailleurs !
melenchon a refuse toute unite dans une reunion de toute la gauche des les 21 janvier 2016
il s'est présente seul sur TF1
il a refuse une grande primaire qu'il aurait gagne
il s'est felicite d'avoir su resister a l'unite en avril 17
et il nous a ainsi livre a Macron— Gerard Filoche (@gerardfiloche) January 23, 2022
Après ça, va donner des leçons de révolution...