Janet Yellen, économiste, vient d’être nommée par Barack Obama à la tête de la Réserve fédérale américaine (Fed) ce mercredi 9 octobre 2013. Elle succédera à Ben Bernanke à la fin du mandat de celui-ci, le 31 janvier 2014.
Janet Yellen, fille d’Anna Blumenthal et de Julius Yellen, est née à Brooklyn, New York, le 13 août 1946. Après des études brillantes, elle obtient une thèse de doctorat en économie à Yale en 1971. Elle est mariée au prix Nobel d’économie George Akerlof.
Son implication dans l’appareil bancaire et monétaire des États-Unis remonte à plusieurs décennies. Elle exerce comme économiste auprès du Conseil des gouverneurs de la Réserve fédérale dès 1977-78, dont elle est membre de 1994 à 1997. Elle siège également au Council of Economic Advisers de Bill Clinton de 1997 à 1999. De 2004 à 2010, Janet Yellen est P-DG de la Banque de réserve fédérale de San Francisco. Pour rappel, le système de la Fed est composé de douze « banques de réserve fédérale régionales », qui se partagent le territoire des États-Unis. Celle de San Francisco couvre les sept États de l’Ouest, ainsi qu’Hawaï et l’Alaska. Le 28 avril 2010, Yellen succède à Donald Kohn à la vice-présidence de la Fed.
Parallèlement, Yellen exerce comme professeur à l’université de Berkeley, Californie, depuis 1980. Elle a également enseigné à Harvard et à la London School of Economics.
Janet Yellen a longtemps fait la course pour la direction de la Fed en seconde position. C’est seulement après l’éviction du préféré d’Obama, Larry Summers, laminé par une campagne médiatique qui a mis en lumière sa personnalité de « requin », que Yellen est apparue en position de favorite.
Quelle sera la politique monétaire de Janet Yellen à la tête de la Fed ?
« Le choix de Janet Yellen va entraîner peu de changement (...). Elle soutiendra peut-être davantage l’emploi et l’économie réelle que Bernanke, mais les différences de politique ne sont pas grandes », estime Robert Wood, économiste à la banque Berenberg.
Nommé par George Bush puis confirmé par Obama, Ben Bernanke a appliqué une politique d’« assouplissement quantitatif » massif en injectant régulièrement des sommes astronomiques (85 milliards de dollars par mois...) dans l’économie – ou plutôt dans les caisses des banques, ce qui ne revient pas du tout au même –, abaissant ainsi de manière constante la valeur réelle du dollar jusqu’à la rapprocher de zéro. Dans ce cas, dira-t-on, pourquoi l’économie américaine n’est-elle pas dévastée par une inflation incontrôlable ? Rappelons-le : le taux d’inflation n’est pas seulement dépendant de la quantité de monnaie en circulation ; il est également affecté par la vitesse de circulation de cette monnaie. La quantité d’argent impliquée dans l’économie américaine est bien aujourd’hui démesurée par rapport à la richesse réelle produite par cette économie ; néanmoins, l’argent ne circule pas dans l’économie réelle car les banques l’utilisent sur les marchés financiers, et les prix à la consommation ne sont donc que faiblement impactés.
De l’avis des économistes, Janet Yellen entend changer la politique « généreuse » de Bernanke, mais tout doucement. Elle est réputée pour être « plus préoccupée par le chômage que par l’inflation ». Concrètement, dans l’immédiat, la planche à billets devrait continuer de tourner, pour ralentir ensuite progressivement jusqu’à un prétendu retour à une situation plus normale.
Proclamée « femme la plus puissante du monde » par des médias en mal de simplisme, Janet Yellen a surtout devant elle, à l’horizon, un obstacle de taille, que peu de journaux et d’experts évoquent sans sourire, mais qui plonge pourtant déjà des dizaines de millions d’Américains dans la plus grande misère : l’effondrement économique.
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