Des bouleversements politiques majeurs ont eu lieu dans le monde musulman et ces derniers semblent être synonymes d’opportunités pour Israël.
La guerre entre Israël et les États arabes tire ses origines de l’adoption, par les Nations unies, de la résolution créant l’État hébreu. Au début, ce fut une guerre civile avec les Arabes de Palestine qui s’est élargie aux États arabes voisins, après 1948. Mais avec le temps, les relations se sont stabilisées avec ces États. Certains ont même signé des traités de paix avec Israël. Seul, le conflit avec les Palestiniens a continué et s’est amplifié, malgré l’accord de reconnaissance de l’autonomie partielle de la Palestine en 1993. Ce conflit se serait sans doute estompé politiquement, si les Palestiniens n’avaient pas obtenu le soutien politico-religieux de la totalité du monde musulman, y compris des Iraniens et de leurs alliés chiites du Hezbollah. Ils n’auraient certainement pas pu résister seuls, comme ils l’ont fait, à la puissance de Tsahal, l’armée israélienne, et de manière plus générale, à tout l’appareil de sécurité israélien.
Par ailleurs, depuis quelques années déjà, Israël perd peu à peu le soutien du monde occidental. Les ripostes massives de l’armée israélienne contre les attaques des terroristes islamistes du Hamas, ont provoqué un certain mouvement de sympathie à l’égard des Palestiniens. Jusqu’il y a peu, on aurait même pu penser que l’État hébreu allait à terme se retrouver sans grand soutien de l’Occident, face à un monde musulman unifié derrière la cause palestinienne. Mais des bouleversements politiques majeurs ont eu lieu dans ce monde musulman et ces derniers semblent être synonymes d’une nouvelle étoile pour Israël.
La montée en puissance de l’Iran ou avoir un ennemi comme l’Iran ne nécessite plus d’amis
Un élément politique essentiel de ces dernières années dans le monde musulman est incontestablement la montée en puissance de l’Iran. Depuis l’effondrement du régime de Saddam Hussein, l’influence grandissante de l’Iran en Irak est déjà très manifeste. Et, cette influence de l’Iran dans le Proche-Orient devrait encore s’accentuer dans les années à venir avec l’accord sur le nucléaire iranien signé entre l’Iran, d’une part, les cinq membres permanents du Conseil de Sécurité, plus l’Allemagne, d’autre part. Cet accord est synonyme pour l’Iran de la fin des sanctions économiques qui étouffaient son économie. Il y a fort à parier qu’un Iran bien intégré dans le commerce mondial pourrait rapidement devenir la puissance économique dominante du monde musulman : il a non seulement beaucoup de pétrole mais également une population extrêmement bien éduquée, et ce contrairement à la majorité des pays arabes.
Cet accord a provoqué la colère d’Israël contre les États-Unis. L’État hébreu considère, à juste titre sans doute, que l’Iran est son pire ennemi, dans une région globalement hostile à Tel-Aviv. Par conséquent, le Premier ministre Netanyahu a qualifié cet accord d’un coup de poignard dans le dos d’Israël, de la part des États-Unis. Mais en y réfléchissant bien, cet accord est plutôt bénéfique pour Israël.
Premièrement, parce qu’il garantit à Israël que l’Iran ne disposera pas d’armes nucléaires à court terme. Et, un Iran non nucléaire ne représente pas vraiment une menace de destruction significative pour l’État d’Israël qui dispose d’une armée très efficace et de 80 à 200 ogives nucléaires.
Deuxièmement, l’Iran n’a pas que des amis dans le monde musulman. Il représente le courant chiite de l’Islam qui est en conflit avec le bloc sunnite depuis la scission de ces deux courants musulmans à la mort du prophète Mahommed, en 632. Et l’Arabie saoudite qui se positionne comme la puissance dominante du bloc sunnite est très inquiète face à l’influence grandissante de l’Iran dans la région. Elle mène déjà une guerre par procuration avec cette Nation, au Yémen, et il y a fort à parier, que celle-ci risquera prochainement de s’étendre sur sa frontière nord, majoritairement chiite. Cette guerre pourrait également enflammer les communautés chiites de l’Arabie saoudite situées au nord-est du pays, là où sont présents les plus grands champs de pétrole saoudiens. Il est probable que cette montée en puissance de l’Iran ne fasse encore qu’accentuer ces conflits entre chiites et sunnites avec, pour conséquence, un affaiblissement du support du monde musulman, trop préoccupé par ces guerres intestines, pour la cause palestinienne. Il est encore très difficile de déterminer quelle sera l’implication d’Israël dans ces nouveaux conflits chiites-sunnites. Elle sera sans doute, très discrète et visera à soutenir l’Arabie saoudite. Le ministre israélien de la Sécurité, Moshe Ya’alon, l’a d’ailleurs récemment confirmé par un sous-entendu, en déclarant que le clan sunnite et Israël ont un ennemi commun : l’Iran.
L’État islamique, un autre grand soutien d’Israël
Un autre grand changement majeur du paysage géopolitique du Moyen et du Proche-Orient est l’apparition de l’État islamique. L’État islamique est un pays qui veut la destruction d’Israël, comme l’a encore mentionné récemment son chef Al-Baghadi dans un enregistrement audio. Et, au vu des techniques militaires employées par l’État islamique et du traitement réservé aux minorités religieuses des territoires occupés, il est probable que s’il était en position de force pour détruire Israël, on assisterait à un génocide comparable à la Shoah, cette extermination systématique par l’Allemagne nazie de six millions de Juifs.
Mais l’État islamique n’est pas seulement l’ennemi d’Israël. Il est également l’ennemi de tous les chiites et en particulier, du régime chiite alaouite de Bachar el-Assad en Syrie. Vu la guerre livrée à l’armée de Bachar el-Assad et à son allié du Hezbollah, deux ennemis d’Israël depuis longtemps, on peut affirmer sans ambiguïté que la guerre menée en Syrie et, à quelques reprises au Liban, a pour l’instant bénéficié à Israël.