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Il y a un an : l’interdiction du spectacle de Dieudonné à Nantes

En ce mois de janvier 2015, la liberté d’expression est redevenue « la première des libertés ». Pourtant, il y a un an exactement, le Conseil d’État interdisait la représentation du spectacle Le Mur de Dieudonné. « Un jour de deuil pour la liberté », écrira Serge Sur, professeur émérite de droit public à l’université Panthéon-Assas.

Ce 9 janvier 2014 au soir, Dieudonné doit se produire à Nantes dans un climat délétère entretenu par le pouvoir et les médias. Quelques semaines auparavant, plusieurs chaînes de télévision ont fait fuiter des images du spectacle et le CRIF a demandé au pouvoir politique que « des mesures efficaces soient prises ». Le 6 janvier, Manuel Valls, alors ministre de l’Intérieur, s’exécute et promulgue une circulaire visant à l’interdiction du spectacle en vertu de la « protection de la dignité humaine », se référant à un arrêt relatif au lancé de nain. Le lendemain même, le préfet de Loire-Atlantique signe une ordonnance qui interdit la tenue du spectacle de Dieudonné à Nantes.

Dans ce contexte, la journée du 9 janvier 2014 sera en tout point unique : à 13h, le tribunal administratif de Nantes annule la décision du préfet et autorise la tenue du spectacle. À 15h, Manuel Valls saisit en urgence le Conseil d’État qui, une heure avant le début de la représentation, annule la décision du tribunal administratif de Nantes sous les yeux médusés des Français. Devant le Zénith de Nantes, malgré l’ambiance électrique (les caméras de télévision et 140 gendarmes ont été dépêchés sur place), les spectateurs restent dignes et entonnent La Marseillaise.

Une procédure d’urgence accélérée, une décision prise par un juge unique en une heure : l’affaire a tout d’une mesure d’exception. L’ancien professeur de droit Jack Lang, pourtant peu suspect de sympathie envers Dieudonné, expliquera dans Le Monde (13 janvier 2014) :

« Sous prétexte que les autorités judiciaires n’étaient pas parvenues à faire rendre gorge à Dieudonné, on a voulu donner à la police administrative un pouvoir de répression morale et pénale qu’elle ne détient pas. Honnêtement, je ne crois pas que l’ordre public était menacé par le spectacle de Dieudonné (…) Plus grave encore, en évoquant l’atteinte à la dignité humaine, [le Conseil d’État] a fragilisé sa décision en mettant en balance la liberté d’expression avec un autre principe, le respect de la dignité de la personne humaine, qui peut faire penser que, désormais, un ordre public moral s’ajoute à l’ordre public matériel. L’atteinte à l’ordre public, c’est quelque chose de matériel, on est sur un terrain balisé. L’atteinte à la dignité humaine, c’est une notion beaucoup plus floue. On navigue ici dans des eaux plus incertaines où s’entremêlent des considé-rations philosophiques et politiques beaucoup plus que juridiques. »

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