La tension restait vive vendredi à Hong Kong, où des militants prodémocratie se sont heurtés à la police et à des habitants exaspérés par près d’une semaine de manifestations, malgré l’accord conclu entre les autorités et les étudiants pour ouvrir un dialogue.
Environ 200 manifestants ont fait face à un groupe plus important de contre-manifestants sur l’un des sites secondaires de la mobilisation qui a vu depuis dimanche des dizaines de milliers de personnes descendre dans la rue.
À Mong Kok, quartier très commerçant et très densément peuplé de Kowloon, face à l’île de Hong Kong, des contre-manifestants ont tenté de démanteler des barricades. « Rendez-nous Mong Kok ! Nous les Hongkongais, on a besoin de manger », s’est écrié l’un d’entre eux.
La police a dû intervenir pour séparer les deux groupes en déployant un cordon.
À Causeway Bay, autre temple du magasinage et autre centre secondaire de la mobilisation, des escarmouches ont également opposé environ 25 manifestants à une cinquantaine de personnes.
« Ce n’est pas ça la démocratie, on doit nourrir nos enfants », a hurlé l’une d’elles. Des passants ont applaudi au démantèlement de certaines barricades.
Le mouvement prodémocratie réclame l’instauration d’un suffrage universel plein et entier ainsi que la démission du chef de l’exécutif local, Leung Chun-ying, qu’il considère comme la marionnette de Pékin.
Les étudiants, fer de lance du mouvement, lui avaient donné jusqu’à jeudi à minuit pour démissionner. Peu avant l’expiration de l’ultimatum, C.Y a refusé sans surprise d’accéder à cette exigence tout en proposant aux étudiants l’ouverture d’un dialogue avec la secrétaire en chef de son gouvernement.
Même si ce geste apparaît comme une concession significative, le gouvernement refusant toute discussion jusqu’alors, nombre de protestataires sont méfiants, Pékin ayant assuré qu’il ne bougerait pas d’un pouce.
« À partir de maintenant, je vais rester la nuit », a dit à l’AFP Abigail Hon, 19 ans. « Nous espérons que Leung prendra la mesure du problème et répondra à nos demandes immédiatement ».
Tensions avec la police
La date du début des discussions n’était pas connue dans l’immédiat.
Hong Kong, ancienne colonie britannique, traverse sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997. Dans des scènes de rue chaotiques, les policiers ont tenté vendredi de se frayer un passage au milieu de la centaine de manifestants qui bloquaient une sortie devant les bâtiments officiels, expliquant qu’ils devaient en extraire un officier malade.
Mais aux cris de « menteurs, menteurs », les manifestants très remontés ont refusé de bouger avant que les policiers ne réussissent à forcer un passage et permettre à une ambulance de passer.
Les relations entre policiers et manifestants se sont dégradées depuis que les premiers ont fait usage dimanche de gaz au poivre et de gaz lacrymogène contre des protestataires souvent très jeunes, munis seulement de parapluies pour se défendre. Et la vision de policiers en train de décharger des caisses de balles de caoutchouc jeudi soir n’était pas de nature à apaiser les angoisses.
La « révolution des parapluies », comme elle a été baptisée sur les réseaux sociaux, connaît un fort retentissement à l’étranger et des rassemblements de soutien se sont déroulés dans plusieurs pays.
Mais soumise à de fortes pressions médiatiques et diplomatiques, la Chine a prévenu Washington qu’il ne fallait pas se mêler de cette crise politique, tandis que l’Union européenne a fait part de sa « préoccupation ».
Trahissant sa nervosité face aux manifestants qui occupent la rue à Hong Kong, le Parti communiste chinois a durci sa censure contre les réseaux sociaux. Une dizaine de personnes ont été arrêtées pour avoir apporté leur soutien aux manifestants hongkongais, selon des associations de défense des droits de l’homme.
Les demandes des manifestants « ne sont ni légales ni raisonnables », a averti le Quotidien du peuple, organe du Parti communiste au pouvoir, dans un éditorial sévère. Leurs manifestations vont à « l’encontre des principes légaux et sont vouées à l’échec » et Pékin ne fera aucune concession, a souligné le Quotidien du peuple.