En marge de sa réaction à la validation du permis de construire de sa maison à Trouville, l’acteur se lâche et règle quelques comptes. Du Depardieu dans le texte...
Gérard Depardieu, dans quel état d’esprit êtes-vous aujourd’hui ?
Je suis un peu comme 88 % des Français, car le reste est pour Monsieur Hollande. Ils sont un peu abasourdis par cet homme. Je ne sais pas ce que va devenir l’Europe, les paysans et les gens qui vivent dans des situations précaires. Déjà, sous d’autres gouvernements, ils avaient enlevé les pommiers de Normandie. Maintenant, les Verts se mobilisent. Autant vous dire tout de suite que je n’aime pas Daniel Cohn Bendit. Je trouve qu’il est un peu abruti. Il est exactement comme en 1968. Il n’a pas bougé.
Vous n’appréciez pas les écologistes ?
Ce n’est pas ça. Je n’aime pas les écologistes car ils ont fait de l’écologie un mouvement politique alors que ça devrait être une culture. Si on enseignait ces choses-là dans les écoles, ça serait beaucoup plus simple. Comment voulez-vous être écologiste quand il va y avoir bientôt 9 milliards d’habitants sur la planète dans 50 ans ? Ce n’est certainement pas avec des gens comme José Bové et son père qui fait des OGM. Tout ça est ridicule et fait partie de la politique. Aujourd’hui, il y a des gens qui crèvent la faim. Des paysans à qui ont dit d’enlever les pommiers et de travailler le tournesol et le blé. Il faut tout réintégrer. Tout ça est lamentable et ce n’est pas récent. C’est depuis les années De Gaulle. Les pommiers de Normandie ont été enlevés depuis très longtemps.
Pour en revenir à Trouville, vous attendiez-vous à cette décision du tribunal ?
On ne sait pas à quoi s’attendre dans le gouvernement. Ni dans cette justice. Je ne sais pas quoi dire car je ne connais pas la justice. J’ai confiance en elle même si la justice française, de Versailles, a tué mon fils. On l’a mis dans les mains d’un juge d’application des peines pour 2g de drogue à 14 ans. La justice a envoyé mon fils en prison pour trois ans. Je l’ai dit dans mon livre. Pour le reste, j’espère que les Français auront encore de la force. En 1789, ils étaient privés de nourriture. Faut-il attendre la même situation pour réagir ? Les Bretons ont donné un élan positif (ndlr : les bonnets rouges) à ce qu’était le caractère de la France. Ce n’est plus la France dont il s’agit maintenant. C’est le monde. A travers le monde, il y a des états : l’Europe qui ne va pas tenir si ça continue parce que l’Amérique est en train de bousiller l’Euro, la Russie, le Brésil, l’Inde, la Chine et l’Afrique bientôt. Le dollar sera à parité avec l’Euro. Les Français sont fatigués de trop de choses. Mais il n’y a pas qu’eux. Les Italiens, les Espagnols et les Portugais sont cuits. Comment voulez-vous que l’Europe puisse intégrer l’Ukraine, alors que Monsieur Obama fait tout pour arrêter ce putain d’Euro qui l’emmerde.
Viendrez-vous bientôt à Trouville ?
Je viendrai, bien sûr. Je viendrai dès que j’aurai deux euros. La France est un pays magnifique et ce n’est pas la monnaie qui va m’empêcher de venir où je veux. Je vis en Russie, en Italie, en Algérie, je vis bien partout mais j’évite la France. Ce n’est pas tellement le pays mais les Français qui n’ont plus rien à faire de la France. Je vois beaucoup de gens désespérés devant ce qui leur appartient. Ils ne savent pas si ça leur appartient et à qui le donner. Même quand il donnent, l’État leur prend 70 % ou 60 % des choses. Ça ne donne pas tellement envie. Surtout dirigé par un bonhomme qui se fout de la gueule du monde. En tout cas, c’est quand même lamentable.