La Grèce a encore assuré le divertissement la semaine dernière, en Europe, parce qu’elle se trouve au bord du gouffre, et que les Diafoirus européens se disputent pour savoir s’il vaut mieux lui appliquer les ventouses ou lui pratiquer une saignée. L’Eurogroupe de ce lundi devrait continuer à rester sur le chemin de crête escarpé où l’Europe avance depuis l’élection de Tsipras.
La Grèce bénéficie de la version minimaliste du programme de Tsipras
Après avoir imprudemment annoncé monts et merveilles aux Grecs, Tsipras a abandonné l’essentiel de son programme sous la pression de l’Union. Il a notamment renoncé à son fameux relèvement du salaire minimum, qui avait fait frémir l’Europe. Du coup, il sert aux Grecs une potion beaucoup plus douce, avec quelques mesures sociales pour éviter le pire et donner le change à son électorat.
Il a donc soumis au Parlement une première loi destinée à éviter le pire, socialement (si tant est qu’il soit encore temps bien entendu). Grâce à ce dispositif, 300 000 Grecs dont l’électricité est coupée faute de pouvoir payer la facture devraient avoir à nouveau accès à ces grands luxes que sont le chauffage et l’éclairage au XXIè siècle.
Ce programme a semblé tellement inoffensif que même Jean-Claude Juncker l’a soutenu, en fin de semaine, en déclarant :
« Nous devons faire attention à ce que la situation ne continue pas à se détériorer en Grèce. Ce qui m’inquiète, c’est que tout le monde n’a pas encore compris, au sein de l’Union européenne, le sérieux de la situation en Grèce. »
Quand une réforme sociale est soutenue par Juncker, on peut se poser quelques questions.
La Grèce prise dans la nasse, Tsipras devient agressif
Si Tsipras prend le temps de donner le change à son électorat, c’est d’abord parce qu’il est prisonnier d’une nasse dont il pensait sans doute qu’elle se refermerait moins vite sur lui. Pour le Premier ministre grec, la surprise semble de taille. Elle se traduit par des mises en cause assez peu consensuelles.
« Les pressions sur la Grèce pendant ces négociations avaient eu tout du chantage. »
« On était sur un terrain miné, les forces conservatrices (en Europe) ont tenté de nous piéger pour nous conduire à une asphyxie financière », a-t-il estimé.
Il a estimé que « le plan de ces puissances était de conduire le gouvernement grec, qui prône la fin de la politique de l’austérité en Europe, à la capitulation ».
« Ces puissances ne souhaitaient pas que l’exemple grec ait une influence sur d’autres pays, surtout dans la perspective des élections en Espagne » prévues pour la fin de l’année comme au Portugal, a-t-il ajouté.