Alors que les errements du secteur financier sont de retour sur le devant de la scène européenne, la Finance réclame sans vergogne à nos dirigeants politiques l’application immédiate de plans d’austérité à l’endroit des contribuables pour juguler des dettes souveraines qu’ils jugent excessives alors que ces mêmes dettes n’ont gonflé qu’en raison de l’insouciante prodigalité du secteur privé et non du public.
Pourquoi nos "responsables" politiques sont-ils prêts à tout mettre en œuvre pour exécuter cette requête en privilégiant moins d’Etat et une rigueur budgétaire accrue ? Pourquoi ont-ils étrangement oublié les causes premières de la crise, soit la déréglementation financière, l’excès de dettes du privé et la perte de substance des économies induite par la dérégulation du capital ?
Pour 2011, ils décident de ne plus faire de discours sur les politiques de relance budgétaires (créer de la demande par des investissements de l’Etat dans les infrastructures) car elles nécessitent de pouvoir accroître le déficit. Mais, au contraire, la promesse pour après les élections présidentielles (rappelons que « les promesses des hommes politiques n’engagent que ceux qui les reçoivent. » Charles Pasqua) de réduire drastiquement le déficit…alors que dans le même temps les banques continueront à contourner les règles prudentielles en titrisant à tout va et en fermant les yeux sur le risque.
Pour faire face à la crise, le gouvernement français prévoit de soutenir la Grèce pour sauver l’Euro et de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2014.
Le Parti Socialiste a lui aussi décidé de soutenir la Grèce pour sauver l’Euro, il reproche même au Président Nicolas Sarkozy de ne pas faire de déclaration solennelle.
Par ailleurs, le Parti Socialiste a choisi de ramener le déficit budgétaire à 3% du PIB en 2013. Aussitôt, le Ministre des Finances, M. François Baroin, a accusé le Parti Socialiste de démagogie en assurant qu’il n’est pas possible de ramener le déficit budgétaire à 3% avant 2014.
En résumé, une année de différence et la nécessité d’une grande déclaration présidentielle sépareraient donc les programmes budgétaires et monétaires du Président de la République et du Parti Socialiste !
Pour réduire le déficit budgétaire, le Parti Socialiste a prévu d’annuler les "cadeaux" du Président Nicolas Sarkozy aux riches et aux restaurateurs…mais déjà le Président a enfin abandonné le bouclier fiscal. En réalité, les "cadeaux" restent inférieurs à 8 Milliards € par an, soit 0,3% du PIB, or il faut réduire le déficit de 7 à 3% du PIB !
Sans le dire, nos Partis "traditionnels" se dirigent vers des propositions qui tendront à l’accroissement des impôts et la réduction des dépenses budgétaires, soit « Clysterium donare, postea seignare, ensuita purgare. », « Le clystère, puis la saignée, ensuite la purge. » (Bachelierus, Le Malade imaginaire de Molière)
Deux impôts seulement apportent de véritables rentrées fiscales : la C.S.G. et la T.V.A. (mais il n’est guère possible d’accroître la T.V.A. au-delà de 25%, soit de 5,4 points). La réduction des dépenses budgétaires risque d’être difficile puisque le Président Nicolas Sarkozy s’y est attelé depuis cinq ans. Il va donc falloir tondre des œufs…
Les réductions les plus faciles portent toujours sur les investissements. L’ennui, c’est que les investissements publics sont déjà l’objet d’économie depuis plusieurs années : le réseau EDF est déficient et frôle la panne, le grand programme nucléaire se réduit à une Centrale en chantier. Quant au réseau SNCF, il est au bout de l’usure y compris le réseau transilien de la banlieue. Il n’y aura évidemment pas d’argent pour financer les transports du Grand Paris mais tout cela sera bien sûr oublié après l’été 2012…n’en parlons plus…promesses de politique !
En fait, le souhait de nos leaders politiques de passer de 7 à 3% du PIB nécessite une austérité aux conséquences économiques graves. Il s’agit en réalité de rétablir les équilibres économiques vers la baisse, c’est-à-dire en dessous de l’optimum économique.
La baisse du déficit budgétaire provoquera la baisse de la demande qui procure les économies et entraînera la baisse des importations (donc du déficit commercial) et de la production.
Or, il faut tout de même accroître la productivité donc il faudra réduire le nombre de salariés. (Ce n’est pas grave puisque les 300 000 emplois jeunes promis résoudront le problème du chômage…mais où va-t-on trouver les fonds ?)
La réalité est bien plus grave : à partir du moment où le consensus politique s’oriente vers la baisse des dépenses en dessous de l’optimum économique, il faudra réduire les revenus et accroître le chômage, cela s’appelle les réformes de structures…mais tout ceci bien entendu sera dit qu’après les élections !