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Gilles Lanneau : "L’affaire Sakineh est sortie tout droit du chapeau occidental"

« J’ai écrit ce livre dans l’urgence. Quelques minutes avant l’irréparable. En ce temps où notre monde bascule à toute allure dans un gouffre de non-sens, d’absurdité, où le mal se prend pour le bien et fait porter à celui-ci ses propres tares, j’ose élever une petite voix à contresens. Au tribunal de ce monde aux valeurs inversées, je plaide la cause de l’Axe du Mal, et accuse l’Axe du Bien. »

C’est en ces termes que Gilles Lanneau décrit son ambition et sa volonté de faire triompher la Vérité après la sortie de son ouvrage Iran, le mensonge (Diffusion International Edition).

Ce paysagiste de profession, qui a voyagé en Iran, en Inde et au Pakistan dans le cadre de recherches sur la naissance des grands mythes fondateurs de la culture indo-européenne et sur la survivance dans des régions reculées de traditions s’y rapportant, essaie de briser la propagande mensongère et criminelle qui s’abat sur l’Iran.

Qui fut le vainqueur de l’élection présidentielle en Iran ?

Sans équivoque le président sortant, Mahmoud Ahmadinejad. J’ai détaillé dans mon ouvrage Iran, le mensonge le déroulement démocratique des élections, élections supervisées par des "scrutateurs" représentant les quatre candidats ; et ensuite la manière dont furent traitées les plaintes déposées par les perdants, des plaintes avant tout destinées à une utilisation par les média étrangers.

Qui est réellement Mir Hossein Moussavi ? Qui le soutient ?

Le candidat réformateur Mir Hossein Moussavi, ancien premier ministre de la République Islamique d’Iran, a vraisemblablement servi de pion dans la stratégie américano-britannique visant à déstabiliser l’Iran.

J’en profite pour souligner que lesdits réformateurs sont avant tout des partisans du libéralisme économique soutenu par les classes aisées du pays alors que les supposés populistes ou ultra-conservateurs du parti présidentiel prônent et s’efforcent d’appliquer une répartition équitable des revenus du pays.

Que faut-il penser de Rafsandjani ?

Rafsandjani, ancien Président de la République et candidat malheureux contre Ahmadinejad à l’avant-dernière présidentielle, mais aussi l’un des hommes les plus riches du pays, vieux renard de la politique, pesant de tout son poids en tant que Président du Conseil du Discernement sur les affaires du pays, est le moteur réel du mouvement réformateur dont Moussavi n’est que la vitrine « présentable ».

Qui étaient les véritables organisateurs et les soutiens des manifestants ?

Les Etats-Unis bien sûr. Madame Clinton l’a même affirmé publiquement.

L’Angleterre, de façon plus insidieuse mais non moins efficace (je vous renvoie à mon chapitre L’affaire Neda Agha Soltan). La sale besogne revient aux Moudjahidin du Peuple et autres reliquats malsains de l’après-Révolution.

Quels sont les succès économiques et sociaux de Mahmoud Ahmadinejad ?

D’abord, à mon sens, la loi-phare instaurée sous son premier mandat, mal perçue par l’élite cultivée du pays et complètement occultée par les média occidentaux, déclarant chaque citoyen actionnaire de la principale ressource iranienne, le pétrole. D’où la distribution de dividendes chaque année en fonction des bénéfices réalisés.

Viennent ensuite, dans la continuité de ses prédécesseurs : l’autosuffisance nationale en produits alimentaires de base, ce qui n’est pas une mince affaire compte tenu du climat à dominante semi-désertique ; un système de sécurité sociale performant, un salaire minimum garanti, et la retraite après 30 ans d’activité professionnelle (25 ans pour les femmes) garantissant 95% du revenu salarial, plus une prime de départ.

Où en est le programme nucléaire iranien ?

Le programme nucléaire iranien, civil précisons-le, découle du constat de l’augmentation croissante des besoins énergétiques du pays, due à l’augmentation de la population et à celle du niveau de vie, ainsi que de la perspective d’un épuisement des ressources en hydrocarbures estimé à dans dix ans si le rythme de la consommation actuelle se poursuit.

Le nucléaire allié à l’hydroélectrique, à l’éolien et au solaire, fait donc partie des alternatives au « tout hydrocarbure ».

Quant à l’hypothèse du nucléaire militaire, les Iraniens sont parfaitement conscients que l’envoi d’une seule bombe A sur un pays tiers signerait l’anéantissement de leur propre pays.

Que dévoile l’affaire Sakineh ?

Cette affaire Sakineh est sortie tout droit du chapeau occidental au moment même où l’Iran procédait à la mise en service de la centrale nucléaire de Boushehr. Une manière d’occulter l’échec des nombreuses tentatives pour faire « capoter » cette réalisation. De retour d’un voyage en Iran, je peux affirmer que l’application de la peine de mort par lapidation dans ce pays n’est qu’un mensonge supplémentaire à ajouter au dossier volumineux de la désinformation.

La peine capitale (par pendaison), que je désapprouve personnellement, n’est appliquée qu’aux meurtriers sans circonstances atténuantes ainsi qu’aux « gros bonnets » du trafic de la drogue.

Les querelles entre Ahmadinejad, Larijani et le guide suprême Khameney sont-elles aussi fortes qu’on le prétend en Occident ?

Le fait que le pouvoir du pays soit partagé à des degrés divers entre différentes composantes induit forcément quelques tiraillements. Rappelons que la Constitution iranienne a souhaité ces différentes composantes dans le but d’éviter toute tentation autoritariste. Ceci étant dit, la vision politique des trois hommes reste la même sur l’essentiel.

Quelle est l’influence de l’Iran dans les Territoires occupés et au sud-Liban ?

L’Iran aide les Palestiniens et le Hezbollah libanais, c’est indéniable. Une aide financière et matérielle laissant libre les parties de l’utiliser à leur convenance, semble-t-il.

Ainsi que l’Occident vis-à-vis d’Israël ou des régimes africains qui leur conviennent. Mais pourquoi ne parle-t-on pas de même de l’aide similaire que procura l’Iran au commandant Massoud en Afghanistan, ou à l’Arménie chrétienne lors du conflit du Haut-Karabakh ?

Quelles sont les factions qui poussent à la guerre ?

Des factions iraniennes ? Aucune à ma connaissance. Seul l’Occident saurait retirer des bénéfices à un conflit qui ne peut - au minimum - que rabaisser une puissance émergente et relancer par là même sa propre machine économique.

Que faut-il craindre pour l’Iran dans les semaines ou les mois qui viennent ?

Le pire... ou rien du tout. Les Iraniens dans leur ensemble sont convaincus que ces bruits de bottes ne sont qu’un bluff d’intimidation, et rien de plus, j’ai pu le mesurer lors de mon dernier voyage.

Ont-ils raison ? Saddam Hussein a cru la même chose... et s’en est mordu les doigts. Je pense que la plus grande vigilance est de rigueur, ce "pire" pouvant très bien arriver au moment où l’on s’y attend le moins.

L’Iran aura-t-il les moyens en cas d’attaque de riposter et d’infliger de lourdes pertes à ses agresseurs ?

Je n’en sais rien... tout en espérant que l’Iran -si cette malheureuse hypothèse se réalise - nous surprenne agréablement.

Quel est le sort des minorités religieuses en Iran ?

J’ai consacré un sous-chapitre à ce sujet. L’Iran, à la suite de la Perse, a une longue tradition de tolérance religieuse.

La première déclaration des droits de l’homme a été dictée au VIème siècle avant notre ère par Cyrus le Grand et aucun tribunal de l’Inquisition n’a jamais sévi dans ce pays. Concrètement, à ce jour, les minorités chrétienne, juive et zoroastrienne sont représentées par cinq députés au Parlement, la liberté de culte est totale, leurs droits civiques sont ceux de tout citoyen du pays et l’éducation peut être reçue aussi bien à l’école publique que dans une école confessionnelle de leur choix.