« Après Israël, c’était bon de retrouver la civilisation. »
Pendant un demi-siècle, Gérard a énervé la caste médiatique avec ses deux cents romans de gare géopolitisés réunissant tout ce que les journalistes de Libé détestent : ventes indécentes, popularité, populisme, machisme, sexisme, réalpolitikisme, infos de première bourre, dédain aristocratique, goût des armes et des plaisirs de la chair (féminine). Mais le plus grave, c’est que Gérard n’était pas vraiment un amoureux d’Israël. Rassurez-vous, il n’a pas été empoisonné, comme Arafat ou Boumédiène. Les kidonim n’auraient pas attendu quarante-cinq ans et la sortie du tome 2 de Renegade en 2010. Quoique…
« Il avait applaudi des deux mains et, sans s’en rendre compte, était devenu un sayann, volontaire juif non-rétribué du Mossad. » (p.16)
« S’il y a la moindre fuite sur nos soupçons, les Israéliens vont se déchaîner. Leur service de désinformation, le LAP, est très fort. Et, ils ne respectent rien, ni personne. » (p. 21)
« Il avait déjà eu pas mal d’assassins à ses trousses, mais être traqué par les tueurs du Mossad, les kidonim, faisait froid dans le dos. À de très rares exceptions près, ils liquidaient toujours leur cible. Pour la protection d’Israël. » (p.21)
« Comme on le répétait aux kidonim en formation dans leur base secrète du Néguev : “Lorsque vous tuez, vous n’enfreignez pas la Loi, vous exécutez la sentence prononcée par le Premier ministre.” » (p. 22)
« Les sayanim n’étaient jamais rétribués ; à la rigueur, on leur remboursait leurs frais. Parcimonieusement. » (p. 23)
« Ils savent très bien camoufler un meurtre en accident. Ils sont formés pour cela. Si c’est le cas, ils sont déjà au chaud à Jérusalem. Ces assassins “gouvernementaux” ne se sont fait prendre que deux fois. » (p. 29)
« Ne soyez pas trop romantiques, ce sont simplement des assassins. » (p. 30)
« Les Israéliens utilisent des femmes comme appâts, des bat levyha, ce que nous appelons des « honeytrap ». » (p.31)
« Israël est le seul pays qui entretienne officiellement une brigade d’assassins. » (p. 32)
« Deux ans plus tard, les agents du Mossad installés en Grande-Bretagne avaient de nouveau dérapé, exerçant des activités illégales sur le sol anglais. Cette fois, le gouvernement de Margaret Thatcher avait carrément ordonné la fermeture du bureau londonien du Mossad. » (p. 34)
« Les “schlomos” peuvent devenir très méchants. » (p. 35)
« Il [Meir Dagan] ne s’attendait pas à être reconduit, après la démission de Tzipi Livni, car ses rapports avec le nouveau Premier ministre, Benjamin Netanyahu, étaient exécrables. Il considérait le chef du Likoud comme un menteur patenté et un illuminé et, à 65 ans, serait volontiers passé dans le privé. » (p. 37)
« Sir George, vous êtes bien placé pour savoir que le problème n°1 d’Israël, c’est l’Iran. Il ne se passe pas une semaine sans qu’ils montent à l’assaut du gouvernement américain, réclamant plus de fermeté et même une action préventive militaire… Le Pentagone a été obligé de faire plusieurs simulations d’une telle attaque, qui se terminent toutes par des catastrophes. Eux, ont intérêt à pousser les États-Unis au crime… Quoi de mieux qu’un attentat contre le président des États-Unis, revendiqué par un groupe lié de près aux Iraniens ? » (p. 45)
« On les soupçonne, quand même, d’avoir empoisonné Abu Amar, Yasser Arafat, rétorqua Malko et je suis bien placé pour savoir qu’ils ont essayé d’en faire autant avec Hassan Nasrallah. » (p. 46)
« Vous n’ignorez pas que les États-Unis sont le meilleur allié d’Israël. Chaque année, ce pays bénéficie d’une aide de 3 milliards de dollars, payables en une seule fois, ce qui permet à Israël de placer cet argent. » (p. 46)
« La CIA sait de façon certaine que le Mossad connaissait l’existence et le lieu où se dissimulait le camion piégé qui, à Beyrouth, en 1983, a fait sauter le QG du 8e Bataillon de Marines, faisant 241 morts… Il n’a rien dit aux Américains. » (p. 47)
« De leur propre aveu, les Israéliens déploient plus d’efforts pour piller les secrets militaires des États-Unis que n’importe quel autre pays, y compris les Russes. » (p. 47)
« Surtout dans la base militaire de l’armée israélienne n°23. En plus d’une unité de garde-frontières, celle-ci abritait l’unité la plus secrète du Mossad : le centre de formation des kidonim. Là où on leur apprenait à tuer de toutes les façons. Les méthodes allaient de la balle dans la nuque, tirée par l’arme « standard » des kidonim, le Beretta calibre 22, à l’empoisonnement, en passant par l’étranglement avec un fil à couper le beurre. » (p. 52)
« Ceux qui étaient recrutés dans les kidonim étaient avertis qu’ils ne devaient jamais laisser leurs sentiments personnels interférer avec leur mission. Et, pour les femmes, qu’elles seraient amenées éventuellement à faire l’amour avec leur cible… Esther était passée maître dans cet art. Sa précédente victime – un jeune Arabe sûr de lui, financier du terrorisme – avait eu le temps de profiter d’elle avant d’être aspergé d’un spray mortel contenu dans une bouteille de parfum. » (p. 53)
« Moshe était le katsa qui allait lui fournir toutes les informations sur l’homme qu’ils étaient venus assassiner au nom de l’État d’Israël. » (p. 66)
« Le Mossad avait perfectionné la méthode dans son centre de recherches de Nesziona, spécialisé dans les armes biologiques et chimiques, en utilisant le poison sous forme d’aérosol : il suffisait de le vaporiser sur la peau pour que la victime meure quelques jours ou quelques mois plus tard. » (p. 84)
« William Wolseley, le directeur de cabinet de la “5” [MI5], accouru à l’hôpital, hocha la tête.
– J’appelle ces salopards d’Israéliens. Le type a avoué. Il était en mission pour le Mossad. » (p. 89)
« Vous avez sûrement à Londres une dose d’antidote, au cas où il y aurait un accident avec un de vos assassins. Je veux cet antidote dans une heure ici, à l’hôpital Westminster.
– Je fais le nécessaire, fit l’Israélien d’une voix blanche.
C’était le pire jour de sa vie. » (p. 90)
« Le Premier ministre israélien prétend qu’il y a eu erreur sur la personne. Il avoue avoir envoyé une équipe de tueurs à Londres pour liquider un homme impliqué dans la fourniture de matériel nucléaire à l’Iran. » (p. 92)
« D’ailleurs, je me demande si les Israéliens ne nous ont pas livré cet antidote aussi rapidement, pour la sauver, elle. » (p. 93)
« Imaginez la réaction du président Obama s’il apprend que ce sont ses alliés israéliens qui ont tenté de l’assassiner…
– Votre président ne va pas bombarder Israël, quand même… » (p. 94)
« Vous ne connaissez pas les Israéliens. Ils sont capables de m’inoculer le cancer.
– Le cancer n’est pas transmissible.
– Ils le rendront transmissible… » (p. 98)
« Le Premier ministre vient d’autoriser la construction de 15 000 logements juifs à Jérusalem Est… Pour les nationalistes religieux, la Judée-Samarie fait partie intégrante du Grand Israël – Eretz Israël – et tout avancée vers ce but est une source de joie. » (p. 101)
« Lorsque Barack Obama, dans son discours du Caire, a demandé aux Israéliens d’arrêter la colonisation, certains médias israéliens l’ont traité d’antisémite primaire. Un rabbin a même prié publiquement pour que le feu du ciel le réduise en poussière… » (p. 102)
« Quiconque ne pensait pas qu’un bon Arabe est un Arabe mort, devait être lapidé. » (p. 102)
« À force de vivre en état de siège, les Israéliens étaient devenus paranos, regardant tous les étrangers non-juifs comme des ennemis. Et, particulièrement ceux qui osaient prétendre que les Palestiniens étaient des êtres humains comme les autres. » (p. 103)
« Tout le monde sait qu’ils demandent leurs papiers même aux chiens errants… Évidemment, ce ne sont pas des terroristes, mais de pauvres types qui cherchent juste à nourrir leurs familles. Et ils acceptent même, comme maçons, de construire des maisons destinées aux Israéliens sur des terrains “confisqués” à leurs “frères” palestiniens. » (p. 105)
« Et le schmock [connard, en argot yiddish] ? » (p. 108)
« Isser Serfaty, le plus proche conseiller du Premier ministre. Faucon parmi les faucons. Quand Benyamin Netanyahu avait pris le pouvoir, il lui avait conseillé d’attaquer l’Iran et la Syrie en même temps, tout en bombardant le Liban pour détourner l’attention… » (p. 109)
« Ceux-ci pouvaient brandir tous les titres de propriété donnés par feu l’Empire ottoman, Isser Serfaty considérait que Dieu avait donné cette terre aux juifs, 2000 ans plus tôt, et que seul Dieu pouvait la reprendre. Or, Dieu n’était pas arabe… » (p. 110)
« Cela fait parti de la mouvance du rabbin Naor Dov… C’est lui qui avait lancé un “Psak Halakha” contre Yitzhak Rabin. Juste avant qu’il ne soit assassiné, justement par un jeune juif ultra-orthodoxe, Ygal Amir… Une sorte de fatwa. Un ordre soi-disant communiqué par Dieu en personne. Naor Dov est un des rabbins les plus extrémistes du pays. Il officie à Hébron, en plein cœur des territoires occupés et reçoit dans sa synagogue les plus extrémistes des religieux. » (p. 117)
« Aux yeux des gens comme le rabbin Naor Dov, tuer un Arabe, c’est moins grave que d’écraser un chien. » (p. 118)
« Shimon Perez, le Premier ministre après l’assassinat de son prédécesseur Yitzhak, a fait clore l’enquête qui commençait. Pour ne pas semer la zizanie parmi les juifs, a-t-il prétendu. En réalité, parce qu’il ne fallait pas qu’on découvre les complicités que les extrémistes religieux avaient dans l’État, la police et les Services. » (p. 119)
« Avigdor Lieberman était le ministre des Affaires étrangères de Netanyahu, persona non grata dans la plupart des pays, en raison de ses opinions extrémistes. C’est lui qui avait suggéré de déporter tous les Palestiniens des territoires occupés dans la Jordanie voisine, en y ajoutant les Palestiniens détenteurs de passeports israéliens afin de se retrouver dans un État ethniquement pur, ne comportant que des juifs. » (p. 120)
« Avigdor Bilum ressemblait à un rat qui aurait été atteint d’une grave maladie de peau provoquant des pustules réparties inégalement sur ce qui lui servait de visage. Petit, mal habillé, le menton fuyant, une vieille kippa de travers sur ses cheveux frisés, il attendant Malko dans le hall de l’American Colony en lisant un livre en hébreu. » (p. 124)
« Malko évita la viande, toujours sans goût. Le “cacherout” exigeait de tuer les animaux en les égorgeant, de façon à ce que tout le sang s’évacue. Dans la tradition juive, le sang était censé représenter l’âme de l’animal. Il choisit un poisson. » (p. 125)
« Pratiquement au sommet de chaque colline se trouvait une “colonie” israélienne, arborant un immense drapeau israélien de plusieurs mètres carrés. Des blocs d’habitations toutes semblables, neuves, propres. L’ensemble était entouré de murailles de pierre, de barbelés renforcés de miradors et de projecteurs… Chaque colonie était un ghetto sévèrement défendu, isolé totalement du monde extérieur. » (p. 130)
« Ils approchaient d’Hébron, la ville “sanglante”. Là où vivaient 500 colons “religieux” ultra-nationalistes au milieu de 35 000 Arabes, dans un océan de haine... Sans l’armée israélienne, il y a longtemps que les 500 colons auraient été exterminés. » (p. 135)
« Les quelques femmes… avec leur bonnet de laine multicolore enfoncé sur la tête jusqu’aux yeux, leur absence de maquillage, leurs amples jupes jusqu’aux chevilles et leurs pieds chaussés de croquenots, modèle infanterie 1914, n’avaient vraiment rien à voir avec la vendeuse sexy en escarpins de Washington. » (p. 137)
« S’ils ont fait assassiner Yitzhak Rabin, un Premier ministre juif, cela ne devrait pas les gêner de faire tuer un président américain, qui plus est peut-être un peu musulman… » (p. 160)
« Après Israël, c’était bon de retrouver la civilisation. » (p. 244)