Les grandes banques britanniques viennent d’annoncer une série de résultats décevants, traînant toujours comme un boulet les suites de la crise financière qui les obligent à poursuivre leur restructuration.
Alors que les résultats 2010 des établissements de la City avaient montré un rétablissement global du secteur, et rassuré les investisseurs sur ses perspectives, les comptes du premier trimestre dévoilés ces jours-ci les ont fait déchanter.
La première banque de détail du pays, Lloyds Banking Group, détenue à plus de 40% par l’Etat, a replongé brutalement dans le rouge, avec une perte nette de 2,43 milliards de livres (2,7 milliards d’euros). Toujours engluée dans les actifs risqués, elle pourrait par ailleurs être forcée de vendre d’autres actifs en plus des 600 succursales qu’elle s’est déjà engagée à céder auprès de Bruxelles.
Royal Bank of Scotland, également partiellement nationalisée durant la crise (l’Etat détient plus de 80% du capital), a quant à elle plus que doublé sa perte nette sur la même période, à 528 millions de livres, la faute là encore à ses actifs toxiques accumulés durant la crise du crédit.
Barclays, de son côté, a vu ses bénéfices reculer de 5% sur le trimestre, du fait d’une chute des revenus de sa filiale de banque de financement et d’investissement, Barclays Capital.
Même HSBC, qui est l’une des banques les plus puissantes de la planète, et qui avait traversé la crise sans trop de dégâts, a déçu. Elle a enregistré un énorme bond de son bénéfice net (+60% à 4,15 milliards de dollars), mais cette performance a été complètement gâchée par une envolée inquiétante de ses dépenses, qui ont gonflé de 17% par rapport à l’an dernier.
Cela a contraint son nouveau patron Stuart Gulliver à annoncer ce mercredi un ambitieux plan d’économies (2,5 à 3,5 milliards de dollars d’ici 2013). Il a par ailleurs indiqué que HSBC pourrait réduire à nouveau la voilure aux Etats-Unis, où ses comptes ont été laminés par la crise des "subprime" -prêts hypothécaires risqués-, en y vendant son activité de cartes de crédit.
Même tableau pour Standard Chartered, banque focalisée sur les pays émergents, qui s’est vantée d’un "excellent début d’année" mais a tout de même déçu les investisseurs en raison d’une flambée de ses dépenses.
Par ailleurs, plusieurs de ces établissements ont passé des charges pour couvrir de nouvelles pertes en Irlande (1,1 milliard de livres pour LBG, et 1,3 milliard pour RBS).
Enfin, pour ne rien arranger, les grandes banques britanniques ont dû admettre la semaine dernière leur défaite dans un litige concernant les assurances-crédit, qui pourrait leur coûter plus de 10 milliards d’euros.
Elles ont dû provisionner les unes après les autres d’énormes sommes pour rembourser les centaines de milliers, voire les millions de clients floués. Lloyds Banking a mis de côté à elle seule 3,2 milliards de livres, Barclays un milliard, HSBC près de 300 millions et RBS 850 millions.
Il se murmure même dans la City que certains patrons de banques auraient réclamé la tête d’Angela Knight, la dirigeante de la fédération du secteur (British Bankers Association, BBA), qui avait organisé la défense des groupes bancaires.
La City pourrait ainsi se retrouver en pleine crise interne, alors même que le secteur est en prise avec un projet gouvernemental qui vise à les obliger à isoler leurs activités risquées de leurs activités de détail.