Chaud Asticot a raison : ce sont bien 237 personnes qui ont été massacrées par les Natchez et non 700. Je me fiais aux témoignages extrapolés des premières semaines suivant le m, qui ne tenaient pas compte des personnes qui avaient pu réchapper du drame. On a la liste complète des gens et de leur fonction, dans le livre évoqué plus haut, qu’il faut lire aussi pour comprendre le processus d’acculturation en marche pendant 20 ans, jusqu’à la révolte, qui avait failli éclater en 1722 et 1723.
Les maladies nouvelles ont été apportées par tous les Européens en Amérique, dès l’arrivée des Espagnols aux Antilles. Les Natchez ne pouvaient les attribuer qu’aux blancs qui s’installaient chez eux : les Français.
Je n’ai jamais parlé de doctrine coloniale. J’ai juste évoqué un processus de domination qui arrive fatalement quand des gens plus forts s’installent massivement chez vous, ce qui n’était habituellement pas le cas dans l’Amérique française :
sur les rives du Saint Laurent, au Canada, les Français n’avaient piétiné les plate-bandes de personne : la vallée avait été désertée par les indigènes quelques décennies auparavant.
dans les Pays d’en Haut (région des Grands Lacs : Michigan, Huron, Erié, etc) et au Pays des Illinois (Haute Vallée du Mississipi), les Français vivaient dans des forts et aux alentours, sans empiéter sur le territoire des indigènes, tout en assurant protection à ces derniers. Ou alors, ils "s’ensauvageaient", en s’établissant individuellement dans un village amérindien où ils se mariaient souvent.
Autour de Fort Rosalie, il en allait tout autrement : plus de 700 personnes vivaient disséminées près de dizaines de villages autochtones, et même si ce n’était pas le fait de la majorité, il y eut des faits d’humiliation, des processus de mise en dépendance, et des tentatives de spoliation. C’est humain.
On sait aussi, cependant, que Français et Natchez vivaient de manière très "imbriquée", avec des liens de confiance, et que beaucoup de Français sont morts parce qu’ils avaient l’habitude de recevoir des indigènes chez eux, et ne se méfiaient pas lorsque leurs voisins sont venus pour les tuer. Bref, l’affaire n’est pas simple et j’invite une fois encore à lire le bouquin.
Les Natchez étaient des êtres fiers, aux hiérarchies sociales et aux usages complexes, et qui accordaient plus de valeur à l’honneur qu’à la vie humaine. Ils étaient divisés en partis rivaux, notamment sur la question franco-anglaise. Cela a suffi.