Emmanuel Todd avait caressé un temps l’espoir d’un « hollandisme révolutionnaire », relayé en un sens depuis quelques semaines par les soutiens à la nomination de Jean-Pierre Chevènement à Matignon. Mais l’allocution du président de la République hier douche une nouvelle fois ces espoirs.
Toujours plus de politique de l’offre
L’agenda de François Hollande est clair. Certes, il habille son choix de la politique de l’offre sous quelques oripeaux sociaux en mettant en avant le dialogue des partenaires sociaux, mais la direction est là. Si on peut se réjouir qu’il souhaite réduire les contraintes et les charges des entreprises, contre plus d’embauches, il est bien évident que le gouvernement ne pourra que faire la première partie du travail en espérant que la conjoncture permette des créations d’emplois. Il n’y aura pas de créations d’emplois directement liées à ces mesures, même si la bataille pour l’emploi est annoncée comme prioritaire.
Il faut noter que deux des trois priorités de l’année de François Hollande pourraient être qualifiées de droite : la baisse de la dépense publique et la simplification administrative. Le président choisit d’occuper le centre politique, alors que l’UMP ne cesse de se droitiser. Il est assez incroyable de constater à quel point il a insisté sur la baisse de la dépense publique, dans un langage qu’Alain Juppé ou François Bayrou pourraient parfaitement tenir aujourd’hui. Il a stigmatisé les abus de la Sécurité sociale et également affirmé que l’on pouvait faire mieux, tant au niveau de l’État ou des collectivités locales.
Un président ballotté par les évènements
Il n’est pas inintéressant de constater que François Hollande n’a pas mis la construction européenne dans ses trois priorités, contrairement à l’an dernier. Certes, il a évoqué une nouvelle initiative avec Angela Merkel au printemps, mais cela semblait plutôt être un exercice de style plutôt qu’autre chose. Son incapacité à infléchir la position allemande l’a sans doute poussé à plus de modestie dans ce domaine. Il faut dire que l’union bancaire s’est conclue aux conditions allemandes, tant dans le périmètre, qui exclut les banques régionales allemandes, que dans le non accès aux fonds européens.
N’ayant pas réussi à inverser la courbe du chômage, François Hollande a concédé que la crise a été « plus longue et profonde que prévu », moyen de se dédouaner. On peut parier que dans un an, si, comme il est probable, le chômage n’a pas vraiment baissé, il pourra dire que la croissance a été trop faible et affirmer que l’on fera mieux en 2015… Au final, on constate avec cette allocation que les « socialistes » français laissent faire le libre-échange, la libre-circulation des capitaux et l’anarchie économique qui prévaut depuis les années 1970. Jamais ils ne les remettront en question.
À ceux qui espèrent encore une inflexion politique, cette intervention devrait faire réaliser qu’il n’y a aucun espoir à avoir avec un tel président. Encore une fois, ils oublient qu’il est le fils politique de Jacques Delors et Lionel Jospin, qui ont montré être plus euro-libéraux que socialistes au sens jaurésien du terme.