L’ex-conseiller de François Hollande dresse le portrait d’un homme dépassé et qui a renoncé à toute idée de changement dès les premiers mois de son quinquennat, dans un livre au titre évocateur, L’abdication.
Dans L’abdication, dont le Journal du Dimanche (JDD) a publié des extraits, Aquilino Morelle, qui a été évincé de l’Élysée en avril 2014, décrit un François Hollande esseulé et triste, « conscient du gâchis qu’il avait causé ». Le titre du livre en soi annonce déjà la couleur : un chef de l’État résigné, qui ne maîtrise pas sa fonction, complètement dépassé par les événements qu’il doit gérer au quotidien et dont la vie privée semble être un échec.
Parmi les révélations que contient l’ouvrage, on trouve notamment la réaction du chef de l’État face à la divulgation en 2014 par le magazine Closer de sa relation avec l’actrice Julie Gayet qu’il aurait encaissé comme un véritable coup de massue.
Dans un extrait publié par le JDD, Aquilino Morelle écrit :
« Le coup était rude ; il l’encaissa presque sans sourciller, étonnamment calme, reculant son fauteuil vers la cheminée pour nous lancer un regard un peu triste, où se lisait une certaine résignation. Que faire ? Rien. Ou si peu. […] Le Président continuait à travailler, à écrire, à recevoir, à présider – le Conseil des ministres, des réunions avec ses collaborateurs. Il donnait parfaitement le change, en dépit de la rumeur qui enflait ; il se préparait intérieurement à ce "choc" qui ne serait pas que rhétorique cette fois – le "choc des photos" ».
L’ex-conseiller révèle ainsi les réactions intimes du président face la polémique et au scandale. Un François Hollande blessé, presque abattu et plongé dans un fatalisme muet et hagard : « [...] Quand le brouhaha de la conversation lui accorda un court instant de répit et qu’il releva les yeux sur moi, qui me tenais debout à son côté, la tristesse de son regard était insondable, celle d’un homme seul et conscient du gâchis qu’il avait causé comme de l’épreuve qui l’attendait », peut-on lire dans un autre extrait.
L’auteur évoque également l’isolement du Président à l’Élysée : « À la solitude du chef de l’État, François Hollande ajoutait la sienne propre, celle de l’homme, liée à ses choix de vie et aux actes posés par d’autres [...] Bien souvent, plus tard, c’est encore seul que je le verrais, attablé devant le journal télévisé d’une chaîne d’information en continue ou bien un match de football », écrit-il, avant de lancer une phrase dure qui sonne comme un proverbe populaire : « Celui-là, qui n’a personne avec qui partager son repas peut bien être président, il n’est que malheureux ».
L’Abdication a des accents de vengeance. En novembre dernier déjà, un ancien conseiller du gouvernement avait déclaré à Marianne que [Manuel] Valls avait lu le manuscrit et que ce livre pourrait être « le baiser de la mort pour Hollande ».
Car si Aquilino Morelle était proche du président et a rédigé pour lui le discours du Bourget en 2012, l’accompagnant dans ses moindres décisions, il a été remercié sans ménagement de son poste de conseiller en 2014, suite à la révélation par Mediapart de deux scandales à son propos (l’un au sujet d’un conflit d’intérêt, l’autre concernant son habitude de faire cirer ses chaussures dans le salon d’un hôtel proche de l’Élysée). Il avait alors comparé son éviction du pouvoir au génocide rwandais.
La sortie de ce livre aux éditions Grasset, prévue pour le 11 janvier, pourrait constituer un coup final pour le président sortant qui a déjà été ébranlé à deux reprises par des ouvrages dépeignant un quinquennat très peu convaincant ainsi qu’une vie privée compliquée.
En octobre 2016, les journalistes d’investigation Gérard Davet et Fabrice Lhomme ont publié Un président ne devrait pas dire ça, ouvrage à l’origine d’une importante polémique notamment au sein de la majorité, et considéré comme l’un des facteurs conduisant au renoncement de François Hollande à se présenter à l’élection présidentielle française de 2017.
En 2014, l’ex-compagne de François Hollande Valérie Trierweiler sortait Merci pour ce moment, un livre-révélation sur la campagne présidentielle de 2012 et le début du quinquennat du Président. Un détail particulier avait créé la polémique : le terme « sans-dents », par lequel selon l’auteur, François Hollande avait pour habitude de désigner les Français pauvres.