Le président Hollande s’était dit déterminé à intervenir militairement contre le régime de Bachar el-Assad, responsable d’avoir ordonné une attaque aux gaz neurotoxiques dans la banlieue de Damas le 21 août dernier.
Le 3 septembre dernier, alors qu’il était interrogé sur la possibilité d’un refus du Congrès américain d’autoriser le président Obama à user de la force militaire contre le régime syrien, le locataire de l’Élysée avait répondu que la France « prendrait ses responsabilités aussi en soutenant l’opposition en Syrie afin qu’une réponse soit apportée ».
Depuis, l’accord trouvé à Genève entre la Russie et les États-Unis portant sur le démantèlement de l’arsenal chimique syrien a mis entre parenthèses l’éventualité d’une opération « punitive » en Syrie. Pour autant, le chef de l’État n’a, semble-t-il, pas écarté d’apporter une aide militaire à une partie de la rébellion syrienne.
Évoquant la Syrie lors de son déplacement à Bamako, le 19 septembre, le président Hollande s’est dit prêt à une « livraison contrôlée » d’armes à l’Armée syrienne libre (ASL). « Les Russes livrent régulièrement (des armes au régime), mais nous, nous le ferons dans un cadre élargi, avec un ensemble de pays et dans un cadre qui peut être contrôlé car nous ne pouvons pas accepter que des armes puissent aller vers des jihadistes » et non à « l’ASL », a-t-il ainsi expliqué.
Selon l’AFP, l’entourage du chef de l’État a fait valoir que « quand il y a des peuples qui se font écraser, on est fondé à venir en soutien, en solidarité ». Et d’ajouter que « s’il n’y a pas d’issue politique, il faut renforcer la coalition nationale syrienne ». L’idée n’est pas nouvelle : elle avait déjà été mise sur le tapis en 2012 et, avec le Royaume-Uni, la France avait demandé, en mai, la levée de l’embargo sur les armes à destination de la Syrie, justement afin de pouvoir en envoyer à l’opposition au régime de Bachar el-Assad.
Seulement, il sera compliqué de s’assurer que ces armes ne tomberont pas entre de mauvaises mains. En outre, le poids de l’ASL tend à diminuer au fil du temps, au profit des groupes jihadistes et de différents mouvements armés ayant un « point de vue islamiste » sur le conflit syrien, pour reprendre les mots de Charles Lister, auteur d’un rapport d’IHS Jane’s sur la composition de la rébellion en Syrie. « L’idée que ce sont plutôt des groupes laïcs qui dirigent l’opposition n’est juste pas confirmée », a-t-il expliqué dans les colonnes du Daily Telegraph, le 16 septembre.
Et encore, le rapport d’IHS Jane’s semble plus optimiste que les Nations unies, lesquelles estiment que 58 % des factions armées actives en Syrie sont issues de la mouvance jihadiste ou salafiste. Quant à l’ASL, elle ne représenterait que 15 % de la rébellion. Autrement dit, pas grand-chose. Est-ce que la livraison d’armes promises par François Hollande, mais aussi par le président américain, Barack Obama, changera le cours des choses ? Pas sûr.