Depuis trente ans, Noël Pons enquête sur les systèmes utilisés dans ces mouvements de joueurs pour frauder et blanchir de l’argent. Mode d’emploi.
Chaque été, la période de transferts tient en haleine des millions de supporters, friands de rumeurs et montants dignes des cagnottes l’EuroMillions. Chaque été, donc, les clubs vendent et achètent des joueurs dans un joyeux marché. Il y en a toujours plus. Ils viennent de toujours plus loin. Selon les chiffres publiés par la FIFA, 11 ?500 transferts ont été réalisé par 5000 clubs en 2011. Le tout pour un chiffre d’affaires de près de 3 milliards de francs.
Ce beau « business » présente cependant des transhumances parfois étranges. « Vous avez remarqué ? Même s’il y a des transferts corrects, tous ne sont pas logiques », lance Noël Pons. Son ironie est accentuée par son accent méridional. « Cela fait trois décennies que j’observe le monde du foot, ses codes et ses comptes, pas le jeu. Ce qui m’intéresse, ce sont les montages. Ceux qui permettent aux fraudeurs de profiter des failles sous couvert de l’image lisse et idéalisée du sport. »
Noël Pons est un spécialiste de la fraude. Ancien inspecteur des impôts et du service central français de lutte contre la corruption, il décortique depuis trente ans les comptes des clubs, mais aussi le milieu bancaire. « Les deux mondes sont très proches quand il s’agit de blanchir de l’argent ou de frauder. Les techniques comptables sont les mêmes. On y travaille avec des surfacturations. »