Deux définitions à “conter fleurette” : chercher à séduire quelqu’un, et raconter des balivernes. Dans les deux cas, c’est la démocratie qui est mise à mal.
C’était il y a longtemps, le 22 avril, au soir du premier tour des élections présidentielles : au terme d’une campagne plutôt calamiteuse, Madame Eva Joly obtenait le score de 2,31 % des suffrages. Les urnes avaient parlé, les électeurs avaient tranché : la verte et ses lunettes Pif Gadget pouvaient aller se rhabiller.
Deux semaines et trois jours se sont écoulés depuis. Le socialiste Hollande a remporté la mise. Et qu’apprend-on ce mercredi matin ? Que Madame Cécile Duflot, commandante en chef du parti EELV (Europe Ecologie les Verts) se verrait bien entrer au nouveau gouvernement, ou, à défaut, « présider un éventuel groupe des Verts à l’Assemblée. » (sic)
Parce que groupe il y aura. Forcément, puisqu’un deal a été passé en ce sens avec Martine Aubry, alors Premier secrétaire du PS, en novembre 2011. Un accord en or qui pourrait permettre aux Verts (2,31 % dans les urnes, rappelons-le), d’obtenir entre 18 et 24 députés contre 4 sortants. Alors, elle est pas belle, la vie ?
Pendant ce temps, le Front national – en troisième position avec 18 % des suffrages exprimés au premier tour – continue de se heurter à un mur. Encore une fois, si le changement est pour maintenant, rien n’a vraiment changé au sein d’une démocratie plus sélective que participative.
Le plus choquant au fond, dans cette histoire, c’est que personne n’a l’air de s’en inquiéter. Qu’on retienne pour crédible l’hypothèse d’offrir un ministère et un groupe parlementaire à un mouvement qui a fait 2,3 % dans les urnes, en assurant dans le même temps tout faire pour priver de représentation à l’Assemblée 6,5 millions d’électeurs, ça ne choque personne…
Mieux, c’est salué par la plupart des médias comme une preuve de la maturité démocratique de ce pays ! Les mêmes d’ailleurs s’indignent d’une “liste noire” au FN, laquelle recenserait les candidats UMP aux législatives à faire battre dans une triangulaire. La raison : ces personnalités sont celles qui ont « déclaré explicitement qu’elles préféraient un candidat socialo-communiste au Front national en cas de duel ».
Vingt ans que dure cette mascarade inepte : « On veut nos voix mais pas nos gueules », comme disent ces électeurs ostracisés. A l’école, au collège, on apprend aux enfants à se défendre contre le racket, le mépris, les coups, l’injustice. Et dans la vie réelle, comment fait-on ?