Au nom des lois antiracistes (« hate crime laws »), le gouvernement du Premier ministre conservateur canadien, Stephen Harper, a réaffirmé le 11 mai dernier sa détermination et sa « tolérance zéro » à l’encontre des associations, ONG, syndicats et églises appelant au boycott d’Israël.
Une annonce qui fait suite aux demandes récentes d’éclaircissement de CBS News au ministère de la Sécurité publique du Canada sur le traitement du Boycott, Désinvestissement et Sanctions (BDS) dans le pays. En janvier, le ministre des Affaires étrangères canadien John Baird avait effectivement promis de lutter contre le BDS, décrit comme « le nouveau visage de l’antisémitisme » en signant avec les autorités israéliennes un « mémorandum d’accord » lors d’une visite à Jérusalem.
Dans la foulée, le 22 janvier, à l’ONU, le ministre canadien de la Sécurité publique, Steven Blaney, indiquait lors d’un discours portant sur les attentats de Paris :
« Le Canada a adopté une approche de tolérance zéro à l’antisémitisme et toutes les formes de discrimination, y compris la rhétorique envers Israël, et les tentatives de délégitimer Israël comme le mouvement Boycott, Désinvestissement et Sanctions. »
La prochaine interdiction du BDS entraîne une vague d’indignation au Canada, d’autant plus que le mouvement est soutenu par un large éventail d’organisations de la société civile, allant de l’Église unie du Canada aux Quakers canadiens en passant par les syndicats estudiantins ou de travailleurs.
Le 8 janvier dernier, réagissant à l’attaque de Charlie Hebdo, Stephen Harper [à gauche sur la photo] avait pourtant rappelé les « principes démocratiques les plus chers, la liberté d’expression, la liberté de la presse […] les valeurs de liberté, d’ouverture et de tolérance ». C’est au nom de ces valeurs que les militants du BDS, qui dénoncent une colonisation illégale, seront, comme en France, désormais persécutés au Canada.