Promesse de campagne en 2011 du chef conservateur espagnol Mariano Rajoy, le projet de loi limitant fortement l’avortement a été approuvé hier par le gouvernement.
Ce texte annule de fait la loi de 2010 qui autorisait l’avortement jusqu’à 14 semaines et jusqu’à 22 semaines en cas de malformation du fœtus. Avec le mariage homosexuel, cette loi était l’une des réformes phares de l’ex-gouvernement socialiste.
La réforme revient au système de 1985 et ne prévoit une autorisation d’avortement que dans deux cas très précis : que l’avortement soit nécessaire en raison d’un grave danger pour la santé de la femme, ou que « la grossesse soit une conséquence d’un délit contre la liberté ou l’intégrité sexuelle de la femme », a expliqué le ministre de la Justice, Alberto Ruiz-Gallardon. En cas de viol, il faudra que la femme ait précédemment déposé plainte. Et il faudra un rapport de deux médecins différents pour que la malformation du fœtus puisse être invoquée comme raison de l’IVG.
Les associations féministes et de gauche ont déjà sonné la mobilisation en dépit des fêtes de Noël. « Nous n’allons pas revenir en arrière de 30 ans », a réagi la numéro deux du parti socialiste espagnol Elena Valenciano.
Pour elle, Mariano Rajoy a finalement cédé « à l’aile dure de son parti et à la Conférence épiscopale ».
« Les lois restrictives ne réduisent en aucun cas le nombre d’avortements. Elles aboutissent à ce que les femmes qui ont le moins de moyens financiers interrompent leur grossesse dans des conditions peu sûres et qui peuvent mettre leur vie en danger », s’est alarmée l’association Médecins du monde.
Le projet de loi a toutes les chances d’être voté au parlement : le Parti populaire (droite au pouvoir) y dispose de la majorité absolue.