Pour l’entourage d’Eric Woerth, il ne s’agit que d’une "énième provocation sans fondement, utilisant toujours les ressorts de la calomnie". Pour Mediapart, c’est un nouveau "conflit d’intérêts" avec le ministre du travail et ancien trésorier de l’UMP au centre de la polémique.
Le site révèle que M. Woerth a attribué en 2008 la Légion d’honneur à Bernard Godet, un comptable qui a certifié ses comptes de campagne pour les élection municipales et ceux de son micro-parti, l’Association de soutien à l’action d’Eric Woerth.
Dans un décret publié le 11 juillet 2008, M. Godet, "expert-comptable, commissaire aux comptes, directeur général d’un cabinet d’expertise comptable" est nommé chevalier de la Légion d’honneur sur le contingent de M. Woerth, alors ministre du budget.
"Deux mois plus tôt, Bernard Godet avait surtout visé les comptes de campagne du ministre, candidat victorieux aux municipales de Chantilly dans l’Oise", souligne Mediapart.
"Plus gênant", Bernard Godet a, l’année suivante, certifié les comptes 2008 du micro-parti local du ministre.
"A-t-il pu, en 2009, quelques mois après avoir reçu la Légion d’honneur, se plonger dans les comptes 2008 du parti de poche du ministre et les certifier en toute indépendance ?
Avait-il l’absolue liberté de dénoncer d’éventuelles tricheries ?" s’interroge le site.
Selon les chiffres de la Commission nationale des comptes de campagne et des financements politiques (CNCCFP), certifiés par M. Godet, le micro-parti d’Eric Woerth comptait un budget de 86 044 euros, dont 66 250 euros alloués par l’UMP.
La Légion d’honneur accordée au comptable "exhale le conflit d’intérêts", écrit le site, invoquant notamment le code de déontologie des commissaires aux comptes, selon lequel ces derniers doivent "éviter de se placer dans une situation qui compromettrait leur indépendance à l’égard de la personne ou de l’entité dont ils sont appelés à certifier les comptes".
M. Woerth a déjà été mis en cause dans un conflit d’intérêts similaire pour avoir remis, le 23 janvier 2008, la Légion d’honneur à Patrice de Maistre, gestionnaire de la fortune de Liliane Bettencourt, alors que ce dernier était l’employeur de son épouse.
Le parquet de Nanterre a ouvert une enquête préliminaire qui concerne notamment les conditions d’attribution de cette insigne.