Officiellement consacrée au terrorisme, la visite du président turc Recep Tayyip Erdogan à Strasbourg ce dimanche, accueillie par 12 000 à 15 000 sympathisants, avait tout du meeting électoral. Explications.
Plusieurs milliers de personnes ont accueilli le président turc Recep Tayyip Erdogan à Strasbourg, ce dimanche. Ils étaient entre 12 000 et 15 000 au Zénith où se tenait le meeting. Les organisateurs avaient tablé sur 30 000 personnes, rapporte le site des Dernières Nouvelles d’Alsace, venus par cars entiers de toute l’Europe, notamment de Belgique, de Suisse et d’Allemagne, ainsi que du reste de la France.
Meeting électoral
Ce rassemblement, officiellement contre le terrorisme, "était un véritable meeting électoral, qui ne n’adressait pas qu’à la diaspora, mais à tous les Turcs", explique à L’Express le politologue Samim Akgönül, qui réside à Strasbourg. Cette visite intervient en effet à moins d’un mois des élections législatives anticipées en Turquie. Toutes les chaines de télévision turques couvrent l’événement. "La présence d’Erdogan, qui tient un meeting en tant que chef d’État en faveur d’un parti dont il n’est plus à la tête est plus que problématique", ajoute le chercheur qui relève que le président turc n’a été reçu par aucune personnalité officielle. "Qui a payé la facture de la location de la salle, de service d’ordre ?", interroge Samim Akgönül.
Le choix de Strasbourg était un choix par défaut pour le président turc qui aurait préféré tenir ce rassemblement à Bruxelles ou en Allemagne selon certaines sources. Mais "la capitale alsacienne abrite le bureau vote du grand Est qui compte 130 000 ressortissants de Turquie dont 74 000 électeurs", souligne Samim Akgönül. Aux dernières élections, seuls 39% d’entre eux se sont rendus aux urnes. Reste que "la région est un fief du Milli Görüs, le mouvement d’islam politique dont est issu l’AKP, le parti au pouvoir", complète le politologue.
Hommes et femmes séparés, selon des témoins
Dans la grande salle du Zénith, hommes et femmes ont été séparés, rapportent des témoins sur Twitter. "Une pratique courante dans les meetings de l’AKP, constate Samim Akgönül. Quelques fois, les femmes sont placées devant. Parfois, seul une partie de la salle est mélangée".