La guerre menée par Israël contre la population de Gaza dure depuis le 8 juillet dernier. C’est l’occasion de faire le point sur la situation avec Gilad Atzmon mais aussi de lui demander son avis sur la Gaza Firm.
Alimuddin Usmani : À l’heure où je vous écris, le cessez-le-feu vient une fois de plus de s’effondrer. Dans une énième tentative d’assassinat du leader militaire du Hamas, Mohammed Deif, Israël a notamment tué sa femme et deux de ses enfants âgés de 3 ans et de 7 mois [1]. Il paraît de plus en plus limpide qu’Israël est embourbé dans ce conflit et ne sait pas comment y mettre fin. Vous étiez le premier à dire qu’Israël cherchait désespérément à mettre fin aux combats [2]. Comment êtes-vous parvenu à prédire cette issue alors que la plupart des analystes ont échoué à le faire ?
Gilad Atzmon : Contrairement aux commentateurs « progressistes » juifs qui ont dominé le discours de solidarité palestinienne depuis à peu près 20 ans, je suis un essentialiste réactionnaire. Je crois que les événements dans l’histoire et dans la politique ne deviennent significatifs que lorsqu’ils sont analysés au sein d’un contexte essentialiste rigoureux. Les moralisateurs progressistes juifs asphyxient le discours avec des tonnes de détails anecdotiques dans le but de dissimuler l’idéologie juive qui est au cœur des crimes commis par l’État juif et par le Lobby. Je crois fermement que chaque activité politique collective juive et israélienne, qui va de l’AIPAC à Mondoweiss [3], peut être comprise au sein de la structure culturelle, idéologique et d’héritage, juive.
Actuellement, je ne suis plus une voix isolée. De nombreux intellectuels et commentateurs détectent le baratin évident au cœur du discours progressiste juif. L’État juif proclame ouvertement son engagement en faveur de la judéité, des valeurs juives et de l’héritage juif, rendant presque amusants la tentative progressiste juive pour empêcher la compréhension des crimes israéliens et le lobbying juif au sein d’un contexte de culture, d’idéologie et d’héritage juifs. En tant qu’essentialiste, il est clair que la barbarie israélienne, la Nakba, le Holodomor, le mouvement néoconservateur piloté par le sionisme, et même les crimes commis par la brigade internationale de langue yiddish au temps de la guerre civile espagnole, doivent être examinés sous l’angle de la haine du goy, du suprémacisme juif et de cet unique sens de la vertu juive entremêlé de manière inextricable avec l’amour-propre juif.
Une fois que la politique israélienne est vue dans le cadre de la judéité, chaque crime de guerre israélien et chaque décision ministérielle est prévisible. En outre, si l’autodestruction et la Shoah sont incrustées au sein de l’ADN culturel juif, il est impossible d’éviter la conclusion dévastatrice selon laquelle Israël, qui vise de manière publique une population sans défense, ne fait que répéter la manière dont les juifs ont réussi à apporter à eux-mêmes des désastres totaux.
Il y a deux mois, le théologien juif Marc Ellis a publié un livre sur les prophéties juives. Voici ce qu’il écrit :
« À l’instar des anciens prophètes, Atzmon dévoile les juifs. En même temps, Atzmon croit que la Bible, source des prophètes, est factice… Atzmon n’envisage aucun refuge pour les juifs où que ce soit. » (Future of the Prophetic, Marc H. Ellis, p. 332).
J’étais évidemment flatté qu’Ellis m’assimile à Moïse ou à Ézéchiel et me présente comme le prophète juif contemporain. Mais il m’a semblé nécessaire de corriger Ellis – c’est mon essentialisme et mon approche philosophique qui m’aident à comprendre et à prédire le comportement et la conduite politique d’Israël. Malheureusement je n’ai pas d’aptitudes prophétiques surnaturelles.
Le message à retenir est clair. Si Israël se définit comme un État juif, nous devons accepter sa propre définition. Une fois que nous l’avons fait, l’entièreté de l’action de la machinerie collective juive apparaît au grand jour. Israël et son lobby juif sont transparents, prévisibles, et en accord avec le Livre d’Esther. De manière moins évidente mais tout aussi fiable, la gauche juive, y compris George Soros et les gens de son acabit, se révèle être intentionnellement trompeuse mais également une forme transparente d’opposition contrôlée.
Tout récemment les USA ont reporté la livraison de missiles Hellfire à Israël [4]. Est-ce que la puissance américaine est en train de repenser sa relation avec Israël et comprend que l’État juif n’est plus un atout stratégique à sa disposition ?
L’Amérique a réalisé depuis longtemps qu’Israël n’est plus un atout stratégique. La dépendance envers le pétrole du Moyen-Orient est en train de décliner et le Pentagone est parfaitement conscient que les chances pour que l’Amérique utilise Israël comme piste de décollage pour sa force aérienne sont inexistantes. Pourtant le lobby juif est encore le pouvoir politique le plus influent à Washington et, d’une certaine manière, domine toujours la politique étrangère américaine. Depuis au moins quarante ans, Israël et le lobby juif ont investi des efforts énormes dans le but de dominer la politique américaine. Jusqu’à présent, ils ont réussi leur domination tout en découvrant qu’une fois de plus ils ont gagné une bataille mais perdu la guerre. Au moment même où Washington est devenu une colonie israélienne, l’Amérique a perdu sa position privilégiée visant à faciliter la paix. Une fois de plus la perspective essentialiste permet d’apporter un éclairage sur le rôle de l’élite juive et de son entreprise.
L’Amérique n’est pas la première ou la deuxième puissance à avoir été renversée par le pouvoir juif. C’est juste la dernière d’une longue série. L’Amérique aimerait s’émanciper mais pour faire cela, elle doit tout d’abord boucher le trou dans son système qui permet à un lobby étranger de s’infiltrer et de dominer sa politique.
Durant les manifestations à Paris contre la guerre israélienne à Gaza, nous avons assisté à l’émergence d’un nouveau collectif : la Gaza Firm [5]. Certains pensent qu’il s’agit d’une forme de « Ligue de défense goy ». Quel est votre analyse sur ce nouveau phénomène ?
Je crois que la « Ligue de défense goy » représente un développement nécessaire. J’en suis arrivé à croire que la résistance à la politique juive et à son pouvoir est la seule chose qui peut sauver autant la paix mondiale que les juifs. La répression des sentiments antijuifs par les moyens du politiquement correct a mené d’une part à l’impunité juive et d’autre part à un ressentiment violent et explosif à l’encontre des juifs. L’opposition naturelle à l’égard de la politique juive et des attitudes suprémacistes n’aurait jamais dû être étouffée. L’opposition doit être adressée de manière ouverte afin que les juifs et leur État comprennent que leurs libertés ne sont pas sans limites.