E&R Haute-Savoie : Pouvez-vous vous présenter ?
Alimuddin Usmani : Je suis journaliste indépendant, basé à Genève, et je publie des articles aussi bien dans la presse locale genevoise que sur Internet. Je suis spécialisé dans les entretiens de personnalités très diverses. Parmi les personnes que j’ai interviewées figurent notamment Jean-Marie Le Pen, Alain Soral, Bruno Gollnisch, l’ancien président tchèque Vaclav Klaus, Gilad Atzmon avec lequel je publie un livre d’entretiens chez Kontre Kulture, ou Vojtech Filip le président du Parti communiste tchèque. Avec mon collègue, Joseph Navratil, j’ai lancé cette année un nouveau média, lapravda.ch, qui a le privilège d’être souvent relayé par Égalité & Réconciliation.
Vous venez de publier aux éditions Kontre Kulture un livre intitulé Du Tribalisme à l’universel, co-écrit avec Gilad Atzmon. Pouvez-vous nous parler de son contenu et de la façon dont il a été élaboré ?
Ce livre est basé sur des entretiens effectués avec Gilad Atzmon sur une période d’un peu plus d’une année. Nous avons choisi de publier une partie de ces entretiens sur E&R et d’en garder une autre partie uniquement pour le livre. Nous avons ensuite retravaillé l’ensemble de ces entretiens et avons décidé de les regrouper de façon thématique. Gilad Atzmon poursuit notamment sa réflexion sur la notion de judéité, qu’il avait élaborée dans son précédent livre, réagit sur l’actualité française et internationale et s’exprime sur la dissidence menée par Alain Soral et Dieudonné. La terrible guerre menée par Israël contre Gaza en juillet-août 2014 représente un des points les plus marquants de l’ouvrage.
Vous contribuez régulièrement à la diffusion des analyses d’Alain Soral. Inspirent-elles d’autres personnes en Suisse ?
Je pense que je fais partie des personnes en Suisse romande qui se nourrissent des idées d’E&R mais qui apportent également leur contribution en publiant des articles ou des entretiens sur un site Internet qui a une importance majeure en France. Il ne faut pas oublier que la Suisse romande, et Genève en particulier, sont irradiées par le rayonnement culturel français. Le mouvement créé par Alain Soral ne fait pas exception et il existe des Romands qui s’intéressent et valident bon nombre d’idées produites par celui-ci. Les médias institutionnels en Suisse romande ne connaissent pas bien E&R et possèdent des informations qui ne sont pas mises à jour.
Il existe un certain nombre de personnalités qui ont de la sympathie pour les idées d’Alain Soral mais qui ne souhaitent pas afficher leur opinion en public. Je me contenterai de citer deux personnalités qui possèdent une véritable virilité intellectuelle : Pascal Mancini, sportif d’élite qui a toujours assumé ses positions, et Joseph Navratil, politicien suisse et journaliste indépendant que vous avez le plaisir de retrouver depuis quelques temps sur E&R.
Que pensez-vous du système politique suisse ? Un changement concret et révolutionnaire peut-il se produire par les urnes ?
La démocratie directe, telle qu’elle est pratiquée en Suisse, peut paraître séduisante et donner l’illusion que le peuple possède un réel pouvoir. Nous nous exprimons quatre fois par an dans les urnes sur des questions très diverses. Cependant, lorsque la volonté populaire n’est pas respectée par le pouvoir ou que celui-ci tarde à l’appliquer, comme c’est le cas pour l’initiative du 9 février pour limiter l’immigration de masse, on peut avoir quelques doutes sur le concept même de démocratie directe. L’exercice du pouvoir est également très différent de la France, il n’y a pas de personnification du pouvoir. Une persécution telle que la subit Alain Soral par Manuel Valls serait impensable en Suisse. Pour répondre à votre seconde question, il n’y a aucun parti en Suisse qui propose de changement concret et révolutionnaire ; tous les grands partis sont représentés au gouvernement et travaillent ensemble.
Un récent article de la Tribune de Genève nous révèle entre autre que « Patrick Drahi gère son empire depuis Genève », qu’il « fait de la Suisse sa base arrière » et « possède en toute discrétion Green Datacenter, le plus grand centre de calcul et d’hébergement de données de Suisse », où il aurait investi « 100 millions de francs ». Avez-vous un commentaire à faire ?
Genève est une place financière internationale plutôt importante, située au coeur de l’Europe. Il n’est par conséquent guère étonnant qu’il l’ait choisie comme lieu pour gérer ses affaires. Concernant la mainmise des médias par Patrick Drahi, il est évidemment légitime de s’en inquiéter et de la questionner.
Que pensez-vous du Mouvement citoyen genevois (MCG) et de ses propositions politiques ? Quel est votre point de vue sur les travailleurs frontaliers français qui viennent massivement à Genève tous les jours ?
Chaque pays a le droit de contrôler ses frontières et le devoir de combattre le dumping salarial. Il est nécessaire qu’un pays favorise ses propres résidents sur le marché du travail pour assurer une bonne cohésion sociale. Les frontaliers français ne font que saisir les opportunités qui leur sont offertes, difficile de les blâmer pour ça, c’est la politique fédérale et cantonale qui doit être revue.
Le MCG possède une personnalité intelligente et formée à la haute politique : Mauro Poggia, qui est Conseiller d’État genevois. D’autres personnalités du MCG sont beaucoup moins reluisantes. Le parti avait exclu un de ses membres, Denis Menoud, parce qu’il avait osé faire un jeu de mots sur Israël lors d’une discussion sur Facebook qui portait sur le nucléaire iranien. Cet épisode montre que le MCG n’est pas insensible aux pressions de certains lobbies communautaires.