Le ministre de l’Économie juge indispensable de développer des nouveaux sas pour permettre aux jeunes de s’insérer dans le monde du travail.
Poursuivant la négociation autour de la future loi sur « les nouvelles opportunités économiques », Emmanuel Macron a invité les artisans à moderniser leur système de qualifications. Il suggère de développer une qualification par type de métiers plutôt que par branche professionnelle.
Évoquer le développement des « mini jobs » en France dans un entre-deux tours compliqué pour la majorité aux élections régionales a quelque chose d’éminemment risqué. C’est pourtant ce qu’a osé Emmanuel Macron, sans jamais prononcer directement ce mot tabou, régulièrement brocardé dans des polémiques stériles. Les résultats du premier tour de dimanche soir qui ont vu une spectaculaire poussée du FN, en particulier chez les jeunes, conforte l’analyse faite depuis longtemps par le plus libéral des ministres du gouvernement Valls : si la jeunesse est aussi désespérée, « c’est parce qu’elle a le sentiment de se heurter à des barrières, à un plafond de verre : beaucoup de jeunes n’arrivent parfois même pas à décrocher un entretien d’embauche dans les grands groupes ».
Ceci s’explique à la fois par des critères de discrimination sociale mais aussi, tout simplement, parce que leur qualification professionnelle se révèle inadaptée. Etre libéral, pour Emmanuel Macron, c’est donc faire en sorte que chacun ait une chance de s’intégrer dans le monde économique, ce qui passe – pourquoi pas – par un renforcement du travail peu qualifié.
Le ministre de l’Économie est allé expliquer sa démarche aux artisans, réunis en convention annuelle des chambres de métiers régionales. Ce n’est pas un hasard. La prochaine loi Macron sur « les nouvelles opportunités économiques » (Noé) les concernera très directement. Elle fait actuellement l’objet de discussions franches entre les services de Bercy et les dirigeants de l’Assemblée permanente des chambres des métiers et d’artisans (APCMA). Le calendrier électoral a quelque peu perturbé les plans d’Emmanuel Macron. À l’origine, il prévoyait de dévoiler les grandes lignes de Noé mi-décembre. Présentation finalement reportée en début d’année prochaine, au plus tôt. En attendant, le jeune ministre poursuit sa tournée des professionnels en leur dévoilant, par bribes, les grandes têtes de chapitre de cette loi.
Qualifications
Les artisans seront visés par la partie « qualification ». Pour le locataire de Bercy, il existe en effet deux manières d’aider les jeunes à mieux intégrer le monde économique. La première consiste à favoriser le développement du travail indépendant, qui est parfois une étape indispensable pour s’intégrer. « On ne peut pas continuer à dire que dans notre économie, il y aurait une forme de dualisme intangible avec d’un côté l’entrée dans la vie réelle qui serait le CDI ou la fonction publique et de l’autre les minima sociaux et le chômage », estime Emmanuel Macron.