Avec un mélange subtil d’hypocrisie et de désinformation, les médias français mainstream qui sont tous, on le rappelle, européistes et immigrationnistes, commentent la défaite des partis dits démocrates du centre ou de la gauche et la victoire des partis globalement populistes en insistant sur le fait que les chambres italiennes (sénateurs et députés) ne seront pas facilement « gouvernables », qu’« aucune majorité claire n’émerge » ou « se dessine », insistant sur « l’incertitude » politique qui domine désormais en Italie.
Oui mais c’est le choix du peuple, enfin des 73% de votants (RFI nous avait expliqué le 21 février 2018 que ces élections verraient un record d’abstention). Quant à l’incertitude, cela a toujours été le cas chez nos cousins italiens, qui fonctionnent à la manière de notre IVe République !
Sièges à la chambre des députés italienne selon sondages sortie des urnes (majorité 316 sièges) :
Centre droit (Forza italia, Ligue du Nord, Fratelli d'Italia) 225-265
Centre gauche (PD et alliés) 115-155
Mouvement 5 étoiles 195-235
Liberi e Uguali (gauche) 12-20
Autres 6-8— Guillaume Duval (@gduval_altereco) 4 mars 2018
La question se pose désormais de l’authenticité de l’euroscepticisme du Mouvement 5 Étoiles :
Lemonde.fr du 5 mars 2018 explique comment la nouvelle loi électorale a été trafiquée pour freiner la montée au pouvoir du M5S :
« Alors qu’avant si un parti arrivé en tête du premier tour réussissait à rassembler plus de 40 % des voix, alors il recevait automatiquement un minimum de 340 sièges, ce qui représente 54 % des sièges à la Chambre des députés, soit la majorité absolue. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Ces nouvelles règles ont notamment été mis en place pour favoriser les coalitions et ainsi gêner le Mouvement 5 étoiles, qui a toujours refusé de faire des accords politiques avec d’autres partis.
Résultat aujourd’hui, le parti fondé par Beppe Grillo est arrivé en tête avec près de 32 % des voix et se retrouve obligé de former une coalition avec un autre parti s’il souhaite gouvernement. Ce qu’il s’est toujours refusé à faire jusqu’ici. »
Le journal des Marchés s’est félicité, dans une interview datée du 15 février 2018, de ce que Luigi Di Maio, le jeune leader de M5S (31 ans), soit « pro-européen » :
« Nous voulons rester dans l’UE. Mais – et nous ne sommes pas les seuls – nous sommes conscients que certaines choses doivent changer, il faut par exemple autoriser certains investissements qui provoqueront des déficits. Nos priorités seront tout de même de contenir nos dépenses, de réorienter nos efforts vers les énergies renouvelables, et, par-dessus tout, d’aider les familles, parce que l’indice de croissance le plus important pour l’Italie aujourd’hui, c’est celui de la démographie. Sur ce point-là, nous sommes très intéressés par ce qui se passe en France. »
Di Maio, qui a pris la suite de Beppe Grillo et de son mouvement antisystème, est décrit comme « modéré » et « pragmatique » par la presse... Curieusement, sur le tremblement de terre politique italien, c’est pour l’instant BFM TV qui dit le moins d’âneries, ou qui fait le moins de propagande.
Une percée historique des forces antisytème, eurosceptiques et d’extrême droite, majoritaires en voix et en sièges après les législatives dimanche en Italie, bouleverse la donne et plonge le pays dans l’incertitude politique.
« Pour la première fois en Europe, les forces antisystème l’emportent », a résumé l’éditorialiste du quotidien La Stampa.
[...]
Percée de l’extrême droite
La coalition formée par Forza Italia de Silvio Berlusconi, la Ligue et le petit parti Fratelli d’Italia (Frères d’Italie), obtient certes quelque 37% des voix, selon des résultats partiels portant sur 2/3 des bureaux de vote.
Mais à l’intérieur de cette coalition, c’est la Ligue de Matteo Salvini, formation eurosceptique et anti-immigration, alliée de Marine Le Pen en Europe, qui est en tête. Et si cette alliance devait l’emporter en termes de sièges, ce qui semblait hors de portée au vu des résultats partiels, Matteo Salvini, qui a promis d’expulser des centaines de milliers d’immigrés « clandestins », serait en droit de réclamer le poste de Premier ministre.
La mia prima parola : GRAZIE ! pic.twitter.com/DRXiWVAHQp
— Matteo Salvini (@matteosalvinimi) 4 mars 2018
La Ligue a martelé de son côté tout au long d’une campagne émaillé d’incidents violents, un discours anti-immigration et méfiant à l’égard de « Bruxelles », qui semble avoir porté, dans un pays en proie à l’euroscepticisme et où quelque 690.000 migrants ont été accueillis depuis 2013.
[...]
Le M5S, nouveau poids lourd
Les antisystème du Mouvement 5 Etoiles (M5S) réalisent de leur côté une percée historique, devenant le premier parti en Italie avec un score frôlant les 32%, quelques mois après la victoire du Brexit en Grande-Bretagne et de Donald Trump aux États-Unis.
[...]
Ce mouvement, fondé par le comique Beppe Grillo en 2009, avait déjà créé la surprise en raflant 25% des voix aux dernières législatives de 2013, et s’assure une position centrale dans le futur parlement si son score est confirmé.
[...]
Une alliance des populistes du M5S et de l’extrême-droite de la Ligue, est la seule possible pour obtenir une majorité parlementaire, au vu des résultats partiels. Or, les dirigeants de ces deux formations ont jusqu’à présent catégoriquement rejeté cette éventualité.
Lire l’article entier sur bfmtv.com
Les médias traditionnels : "Nous ne comprenons pas, pourquoi les Italiens votent-ils les partis de droite... ?" pic.twitter.com/tyfrpuvTmo
— LEDOUAISIEN (@LEDOUAISIEN) 3 mars 2018
Les réactions de l’eurosphère française
Élections législatives en Italie : qui va gouverner le pays ? pic.twitter.com/GoJlwh6d3a
— BFMTV (@BFMTV) 5 mars 2018
Résultats tristement prévisibles en Italie. Sondage sortie des urnes de la Rai : progression de 5 Etoiles (31,5%) et de la Ligue (16%, autant que Forza Italia de Berlusconi). Recul du Parti démocrate de Renzi (21%). Libre et Egal (gauche) à 4%.
— Pascal Riché (@pascalriche) 4 mars 2018
La gauche laminée. L’extrême droite en tête. Le populisme cartonne. Ce sont les grands gagnants de ces élections. Un besoin urgent de construire une autre Europe. Une Europe qui offre des perspectives. Une Europe qui crée de l’espoir. Une Europe qui rassemble #ElectionsItaliennes
— Thomas Portes (@Portes_Thomas) 4 mars 2018
En Italie, les projections au Sénat (électeurs +25 ans) sont éloquentes : disparition de la gauche, succès des partis populistes (ou nouveaux partis populaires).
Surtout, la colaition de droite serait menée par la Lega, et non Berlusconi. Exit hypothèse Tajani (apprécié Bruxelles) pic.twitter.com/MI5lhqJMkb— Louis-Alex. Alciator ⚜ (@AlciatorLA) 4 mars 2018
Mais la palme de la fake news de la collabosphère revient sans aucun doute au site L’important qui centralise et dispatche toute la bien-pensance des médias dominants :
Web-activisme : les pirates russes ont poussé la droite dure en Italie https://t.co/SWlvcdf204 #Monde pic.twitter.com/fccuqPbFoj
— L'important (@Limportant_fr) 4 mars 2018