À Lausanne, dans la matinée du 21 juillet, le Tribunal arbitral du sport (TAS) a déclaré avoir rejeté l’appel collectif des athlètes russes qui souhaitaient participer aux Jeux de Rio malgré la sanction de la Fédération internationale d’athlétisme.
Lors de sa conférence de presse, le ministre des Sports russe s’est excusé devant les athlètes russes et leurs supporters. « J’ai honte de ce qui se passe dans le monde de l’athlétisme », a-t-il affirmé.
Il a aussi mis en avant que le comité olympique russe lutterait « jusqu’à la fin » pour les droits de tous les athlètes russes « propres ».
« L’IAAF [Fédération internationale d’athlétisme] est complètement corrompue, c’est là que le scandale du dopage a débuté », a-t-il poursuivi.
« Je ne peux qu’exprimer ma déception. Nous allons réfléchir aux prochaines étapes. À mon avis, c’est une décision subjective, assez politisée et sans fondement juridique », a-t-il conclu.
Le porte-parole du président russe, Dmitri Peskov, a aussi critiqué la décision du TAS, estimant qu’il s’agissait d’une sanction politique qui n’avait rien à voir avec le dopage.
« La décision du TAS de suspendre les athlètes russes est l’enterrement de l’athlétisme », a estimé quant à elle la double championne olympique de saut à la perche, Elena Isinbyaeva. Elle a aussi annoncé son intention de porter plainte devant la cour européenne des droits de l’homme et appelé les autres athlètes à suivre son exemple.
« Mais on n’aura pas assez de temps avant les JO », a-t-elle déploré, car la grand-messe quadriennale du sport débutera le 5 août prochain.
Derniers espoirs des athlètes russes
Pour autant, la Russie a 30 jours pour faire appel de cette décision devant la cour de Lausanne. Mais il ne reste que deux semaines avant le début des Jeux de Rio, soit un laps de temps très court pour infléchir la décision du tribunal.
La Russie dispose encore d’une maigre chance de participer aux Jeux d’été 2016 qui est dans les mains du Comité international olympique (CIO). Ce dernier doit en effet se prononcer d’ici deux ou trois jours sur la participation de l’ensemble des sportifs russe au Jeux de Rio 2016, après la publication par l’Agence mondiale antidopage (AMA) d’un rapport révélant l’existence d’un système de dopage étatique extrêmement bien organisé.
Mais au vu de la décision prise aujourd’hui par le TAS, qui confirme une suspension collective d’athlètes touchant même ceux qui n’ont jamais été contrôlé positifs, les chances de voir le CIO choisir une ligne différente sont extrêmement ténues.
Le scandale de dopage a fait surface en novembre dernier quand l’AMA a publié les résultats de son enquête sur les activités de la Fédération russe d’athlétisme, de l’agence russe antidopage (RUSADA) et du ministère russe des Sports. L’AMA est parvenue à la conclusion que certains responsables et athlètes russes étaient liés à un système de dopage quasi-institutionnalisé ayant cours dans le milieu de l’athlétisme en Russie.
L’ex-responsable du laboratoire russe d’analyse des échantillons de dopage Moscou, Grigori Rodtchenkov, a déclaré au journal américain New York Times que « des dizaines d’athlètes russes lors des jeux Olympiques d’hiver de 2014 à Sotchi, y compris 15 médaillés, faisaient partie d’un programme gouvernemental de dopage ».
Revoir l’analyse d’Alain Soral sur l’affaire de dopage des athlètes russes (extrait de l’émission Soral répond ! du 22 novembre 2015) :