La disparition du Pacte de Varsovie, suite à l’effondrement de l’Union soviétique, pouvait laisser penser que l’Otan, devenue sans objet avec la perte de son « ennemi historique » allait s’effacer à son tour. Mais c’était sans compter sur les fragilités européennes et, surtout, la désintégration des Balkans… qui justifièrent le maintien de cette organisation étant donné qu’elle prit la tête des opérations en Bosnie-Herzégovine (SFOR) et au Kosovo (KFOR).
Puis vint le 11 septembre 2001 et l’intervention en Afghanistan, où l’Otan a déployé la Force internationale d’assistance à la sécurité (ISAF). Enfin, l’annexion de la Crimée par la Russie, en mars 2014, recentra l’Alliance sur ses fondamentaux.
Seulement, pour Donald Trump, désormais favori de la primaire du Parti républicain pour la prochaine élection présidentielle américaine, « l’Otan est obsolète » et « présente un coût disproportionné pour les États-Unis ».
Plus tôt, dans les colonnes du Washington Post, M. Trump avait eu l’occasion de préciser sa pensée. « L’Otan est une bonne chose, mais je regarde la situation en Ukraine et je vois que l’Ukraine nous affecte moins que d’autres pays de l’Otan, et pourtant on assure la plupart du boulot, ils ne font rien. Pourquoi est-ce que l’Allemagne ne s’occupe pas de l’Otan sur l’Ukraine ? », s’était-il insurgé. Et de répéter encore ces critiques à l’égard de l’Alliance dans un nouvel entretien publié ce 29 mars par le New York Times.
Mais l’Otan n’est pas le seul sujet de ses critiques : le Japon et la Corée du Sud en ont aussi fait les frais. Là, le problème est simple : soit ces deux pays payent davantage pour garder des troupes américaines sur leur sol, soit ces dernières retourneront aux États-Unis. L’Arabie Saoudite n’est pas mieux lotie : s’il est élu à la Maison Blanche, l’homme d’affaires pourrait décider de cesser de lui acheter du pétrole si elle ne s’engage pas davantage contre le terrorisme.
« On nous a manqué de respect, on s’est moqué de nous, on a été escroqués pendant de nombreuses années par des gens qui étaient plus intelligents, plus rusés, plus coriaces », a encore affirmé le promoteur de « l’Amérique d’Abord », qui signifie qu’il « faut être gentil avec tout le monde, mais ne laisser personne profiter de nous ».
[...]
Quoi qu’il en soit, Hillary Clinton, bien placée pour être la candidate du Parti démocrate en novembre prochain, n’a pas manqué de répondre au candidat républicain (qui, par ailleurs, ne fait l’unanimité au sein des élites de son parti, ce qui explique probablement ses succès).
« L’Otan, a-t-elle assuré, est l’un des meilleurs investissements que l’Amérique ait jamais fait ». Et, a-t-elle continué, « tourner le dos à nos alliances, ou transformer nos alliances en racket de protection, (…) enverrait un signal dangereux à nos amis et nos ennemis. Poutine espère déjà diviser l’Europe. Si M. Trump arrive à ses fins, ce sera Noël au Kremlin ».