Egalité et Réconciliation
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Dialogue entre Égalité & Réconciliation et Les Identitaires

Suite à la polémique qui a récemment opposé les tenants d’une ligne nationale-républicaine - défendue entre autres par Alain Soral – aux Identitaires, sur la conception de la Nation et de l’identité, un débat a été proposé aux deux parties. Six questions ont été proposées par chacun des représentants de ces deux courants. Puis Égalité&Réconciliation et les Identitaires ont accepté d’y répondre et d’engager une discussion ferme mais courtoise. Voici le dialogue entre Égalité&Réconciliation et Les Identitaires.


ID - 1) Le FN a popularisé le slogan "La France et les Français d’abord", mais la question aujourd’hui n’est-elle pas "La France ou les Français d’abord ?" N’y a-t-il pas divorce entre la nation "France" et le peuple "français" ?

E&R : Voilà une question pertinente. Une question dont il nous semble qu’elle se pose davantage aux identitaires qu’aux nationaux républicains. Le peuple français, dans sa définition nationale, a en effet changé, du fait d’une immigration de masse, conséquence d’une décolonisation bâclée et de la logique marchande acceptée voire encouragée par nos dirigeants. Si, faisant fi de l’histoire – de France -(les Antilles sont françaises depuis près de quatre cents ans), on donne une définition ethnique (ou plutôt raciale puisque la France est originellement une somme artificielle d’ethnies, au contraire de l’Allemagne ou du Japon) du peuple français, on est logiquement amené à remettre en cause le cadre national, au profit d’une « Europe blanche », voire d’un « occident blanc ». Cette voie conduit inexorablement à l’atlantisme et au prétendu choc des civilisations voulu, ou plutôt inventé par Washington. Ceci constitue non seulement un renoncement à la France en tant qu’Etat Nation, libre et souverain mais également à notre sens à la civilisation française. Celle-ci – et nous ne parlons pas là bien sur de la prétendue civilisation des « droits de l’homme »- s’est en effet construite au fil des siècles en transcendant les clivages ethniques, puis raciaux, et n’a été rendue possible que par une inébranlable volonté d’édification et de grandeur, lesquelles ont permis cette « synthèse miraculeuse » qu’est ou que fut encore récemment la France. Le peuple français ramené à sa composante raciale blanche, dans une « Europe » dont il est illusoire de penser qu’elle puisse devenir autre chose qu’une entité marchande inféodée aux Etats-Unis, ne manquerait pas de s’en retourner à sa réalité primitive : une somme d’ethnies non françaises, voire anti-françaises. Voilà pourquoi le « projet blanc », qui se masque derrière différentes appellations plus ou moins efficacement marketées, conduira non seulement à la fin de la France mais à la fin du peuple français et de la civilisation française. Pour les patriotes que nous sommes, pour tous ceux qui se sentent français avant tout, et voient en l’auteur des trois mousquetaires un génie français et non un nègre, le choix est vite fait. En d’autres termes, la droite nationale racialiste a pour des raisons dialectiques aujourd’hui le choix entre la nation et le racialisme. De la même manière et parallèlement, les internationalistes progressistes ont aujourd’hui le choix entre l’internationalisme –au sens mondialiste-, et le progressisme. S’il y a aujourd’hui un divorce entre la nation française et son peuple, dans ses différentes composantes, c’est que celle-ci ne remplit plus son office, et ce principalement parce qu’elle a renoncé à la plupart de ses prérogatives et missions. Il faut donc les restaurer.

ID : Mais qu’est-ce que la France ? Une réalité charnelle et historique, un fait administratif et institutionnel ou un segment du marché mondial associé à une idéologie moralisatrice à vocation universelle ? Et qu’est-ce que le peuple français ? Le peuple qui se veut français ou le peuple que l’on dit français ?

Pour nous, la France ÉTAIT une réalité charnelle et historique, mais elle a été couronnée tout au long de la Troisième République par une idéologie moralisatrice et universaliste servie par un fait administratif et institutionnel (le centralisme jacobin). Le drame de 14-18, et nous rejoignons en cela les écrits de Jean de Viguerie et de Dominique Venner, a constitué un tournant décisif. Or, la seule France que nous aimons et que nous respectons, c’est la France charnelle et historique. Malheureusement, celle-ci a été fortement affaiblie à Verdun.

Le peuple français, mieux que le peuple qui se veut français, ce devrait être le peuple qui se SAIT français mais, comme on vient de le voir, dès lors que la France n’est plus qu’un mythe universaliste (le pays des droits de l’homme), comment entretenir un lien d’appartenance et d’identification avec une idée offerte à l’humanité entière ?

Il convient, tout de même, de faire un distinguo entre les élites (ou oligarchies) vouées au turbo-capitalisme et à son cosmopolitisme nomade (Attali) et des pans entiers de la population qui se refusent aux délocalisations et aux conséquences désastreuses du globalisme. Il ne s’agit évidemment pas d’un "pays réel" mais d’une large proportion de nos contemporains qui vivent dans une déréliction silencieuse leur dépossession tandis qu’aucun encadrement de type idéologique ne vient soutenir et renforcer leur résistance brouillonne afin de traduire en termes politiques des sentiments jusqu’à maintenant épars qu’un démagogue talentueux de style Sarkozy peut solliciter en se contentant de jeter dans la balance quelques mots clés (assimilés à des leurres) comme l’ont montré les dernières élections législatives et présidentielles.

Oui, une partie de la population se sait et se veut héritière de la France charnelle et historique, malheureusement elle est minoritaire face à tous ceux qui se veulent les enfants du pays des droits de l’homme et à tous ceux que le pays des droits de l’homme adopte à grands coups de naturalisations administratives sous les acclamations des people promus magistère collectif de la France qui bouge.

Oui, il y a divorce entre la France charnelle et historique, encore présente au cœur des patriotes, et la réalité ethnique et culturelle des Français d’aujourd’hui. De la même façon qu’il y a divorce entre la France institutionnelle contemporaine (laïque et républicaine) et le peuple qui se sent encore français de culture, de tradition et de souche. Malheureusement, il n’y a pas divorce entre la France institutionnelle et les Français de papier. C’est pourquoi les militants identitaires ne perdent pas leur temps à défendre une chimérique souveraineté « française » ou à tenter de franciser les immigrés de bonne volonté mais se battent pour préserver et renforcer les liens charnels sans lesquels tout destin commun n’a pas de sens.

ID - 2) Existe-t-il d’ailleurs encore, selon vous, un peuple français ?

ID : Comme je l’ai indiqué plus haut, il s’est creusé un véritable fossé entre une conception de la France républicaine et métissée et une vision de l’homme enraciné dans ses communautés naturelles et historiques (même si celles-ci ont été partiellement rabotées par la modernisation à l’oeuvre depuis deux-cents ans au moins).
Il faut donc se demander s’il existe encore vraiment un peuple français digne de ce nom.

Pour construire et se projeter dans l’avenir, un peuple doit vouloir partager un destin commun. Or, lorsque je fais la queue à la Poste, que je traverse certains quartiers ou que je suis amené à prendre le métro parisien, je n’ai pas le sentiment - et l’envie - de partager un destin commun avec toute la population bigarrée que j’y rencontre.

Néanmoins, je me refuse à adopter une attitude défaitiste. Je ne crois pas que nous en soyons déjà au stade de ces "derniers isolats" civilisationnels que Jean Raspail évoquait en 2004 dans Le Figaro.

Nous vivons dans une société atomisée et complètement rongée par l’individualisme. Notons d’ailleurs que cet individualisme est déjà à l’oeuvre au moment de la Révolution française (loi Le Chapelier) et qu’il est induit par le dressage libéral de la société.

Dans ce contexte, les Identitaires savent que les gens ont besoin de repères, de signes d’identification. C’est pourquoi nous œuvrons jour après jour à l’exaltation de nos identités locales, jadis constitutives de l’identité française ; et à celle de notre identité européenne, seule à même de nous permettre de nous situer dans le maelström mondial. Loin des discours de salon, cela se concrétise par des initiatives concrètes sur le terrain. Je pourrais citer les campagnes contre le racisme anti-blanc et le rap comme exemples d’actions destinées à rassembler ceux qui ont encore conscience de leur identité civilisationnelle européenne, mais aussi la Maioun (maison de quartier niçoise) et notre travail culturel comme illustrations de nos efforts pour développer le sentiment d’appartenance, en particulier chez les jeunes mais pas uniquement.

Ce sentiment doit donc être soutenu, épaulé, par des initiatives de type associatif qui sont autant d’obstacles et de pôles de résistance à "l’anonymat des foules solitaires" et autant de contre offensives concrètes face aux stratégies du Capital qui s’efforcent de bâtir des agrégats réunis seulement par les intérêts du marché.

Je pense qu’il faut aussi établir un distinguo clair entre identité organique et identité stato-nationale basée autour des valeurs républicaines. Au concept de « l’idée France », nous opposons celui de la terre et des morts de Barrès. À la nation, concept idéologique, nous préférons sans hésitation la patrie, réalité charnelle.

Par ailleurs, en tant qu’identitaires, nous nous appuyons sur trois niveaux d’identités : identité régionale (identité charnelle), française (identité historique) et européenne (identité civilisationnelle). Ainsi, je me sens à la fois Niçois, de France et Européen. En revanche, si Mohamed est considéré comme Français par la République, il ne pourra jamais être Occitan, Breton, Alsacien, Basque et encore moins Européen. Cette notion de triple identité peut constituer un élément de réponse pour celui qui cherche à savoir qui appartient ou non à son peuple.

E&R : Bien sur. Même si le peuple français a beaucoup changé, compte tenu de l’immigration mais plus encore par les ravages de la civilisation marchande, le fait national persiste. Les cultures régionales n’ont pas été éradiquées, la langue française est toujours une langue vivante, le sentiment national reste latent et se manifeste dès qu’il en a l’occasion, comme par exemple à l’occasion de cette coupe du monde de rugby. Le patriotisme ne demande qu’à se réveiller.


ER - 3) Pensez vous qu’il y ait une civilisation française propre ou que la culture française est une des composantes de la civilisation européenne ?

E&R : La particularité de l’Europe réside précisément dans le fait qu’elle s’est progressivement constituée en nations, lesquelles ont développé leurs propres civilisations. S’il y a une réalité « raciale » et géographique de l’Europe, celle-ci n’a jamais été homogène au plan culturel. Les mondes slaves, germaniques et latins sont trop différents pour que l’on puisse parler de « civilisation européenne ». S’il y a une « civilisation arabe », qui inclut d’ailleurs des chrétiens et des musulmans, c’est d’abord parce qu’il y a une langue arabe. Nous pensons que s’il existe un fond culturel européen, l’Europe a porté différentes civilisations, Grecque, Romaine, ou Française… Pour nous l’Europe a vocation à devenir une confédération de nations libres, autour d’un axe stratégique Paris Berlin Moscou. En aucun cas une entité qui se substituerait à la France, fût-ce avec de pseudo justifications ethnoculturelles.

ID : L’un n’empêche pas l’autre et je me refuse de séparer la culture de la civilisation. La culture correspond à un patrimoine social, éthique ou encore artistique qui fonde l’identité d’un groupe humain. Cette culture peut être considérée comme une des acceptations de la notion de civilisation.

C’est l’anthropologue britannique Edward Tylor qui écrivait : « La culture ou civilisation…est cette totalité complexe qui comprend les connaissances, les croyances, les arts, les lois, la morale, la coutume, et toute autre capacité ou habitude acquises par l’homme en tant que membre de la société ».

Ceci étant précisé, il est évident – pour moi – qu’il existe une civilisation française qui est une partie de la civilisation européenne.

ER - 4) Que représente à vos yeux la francophonie ? Cet espace peut-il selon vous représenter une alternative à l’UE ou à l’Europe pour le retour d’une France puissance ?

ID : Tout d’abord, il n’y a pas une mais des francophonies. La francophonie nord-américaine (Québec et communautés franco-canadiennes), curieusement souvent sinon oubliée en tout cas délaissée, peut difficilement être assimilée et donc traitée de la même façon que la francophonie africaine. La francophonie nord-américaine (tout comme la francophonie belge ou suisse), au-delà de la langue, partage avec la France une histoire pluri-centenaire, des racines humaines communes d’où découle une certaine homogénéité ethno-culturelle, des modes de vie communs, un imaginaire semblable, des visions du monde partagées... En cela, les liens qui nous unissent à elles sont évidemment profonds et doivent être entretenus dans l’optique d’une collaboration particulièrement étroite.

Le reste de la francophonie est beaucoup trop à la fois hétérogène en son sein et culturellement éloigné de la France dans sa globalité pour représenter un espace politique efficient et cohérent. Si la langue est indiscutablement l’une des composantes d’une identité commune, elle est bien loin d’en être la condition suffisante.

On voit assez mal quelle puissance pourrait tirer la France d’une association avec des pays qui connaissent généralement une grande instabilité politique ainsi qu’une endémique fragilité économique. On risquerait alors surtout de proroger l’actuel assistanat européen envers l’Afrique qui s’apparente bien souvent à un néo-colonialisme larvé ne profitant qu’à quelques grandes entreprises et quelques habiles financiers mais également à des bureaucraties corrompues, des tyranneaux sanguinaires et des cathédrales dans le désert. Il faudrait aussi que l’aide suppose un retour sur investissement qui a longtemps arrosé les partis "de gouvernement" hexagonaux.

Par ailleurs, on voit bien qu’aujourd’hui des pays sans espace linguistique mondial, comme l’Allemagne, le Japon ou la Russie sont parvenus à être, à un titre ou à un autre, des puissances supérieures ou égales à la France.
D’autre part, le concept de France puissance ne nous séduit pas forcément. Et nous ne considérons pas l’étendue des terres francophones comme un instrument de puissance aussi pertinent, en terme aussi bien d’héritage que de communauté de destin, que l’Europe. Ce que nous voulons, c’est plutôt une France pacifiée dans une Europe puissante.

Ceci étant dit, la francophonie reste bien évidemment un espace culturel qui n’est pas à négliger, notamment pour le rayonnement de nos arts.

Pour finir, il faut préciser que le refus de s’inscrire dans la même entité « politico-civilisationnelle » que l’ensemble de la francophonie ne signifie nullement refuser toute collaboration circonstancielle avec les pays qui la composent notamment sur les questions d’immigration et de développement économique. À ce sujet, plutôt que d’employer le terme de « co-développement » – véritable tarte à la crème du système (comme le « développement durable ») – je préfère parler d’initiatives destinées à encourager des projets « ethno-centrés » qui ne lient pas les pays en question à la logique du marché mondial et qui les préservent de l’ethnocide avec la détresse et la misère (plus que la pauvreté) que ces instances promeuvent.

Ne pas oublier, par exemple, que malgré une croissance phénoménale (de type capitaliste), la Chine continue d’être un pays émetteur en terme d’émigration. Les inégalités considérables que provoque son développement amplifient plus qu’elles ne freinent le désir de fuite de nombreux Chinois. Ce désir est renforcé par un imaginaire occidentalisé que beaucoup d’entre eux ont fait leur et qu’ils partagent désormais avec le reste de la planète et ceci malgré la relative fermeture voulue par un pouvoir dont l’autoritarisme ne fait pas de doute. L’univers de la marchandise est devenu le principal agent d’unification de l’humanité. Ceci doit obligatoirement être pris en compte notamment dans le cadre d’une collaboration circonstancielle avec la francophonie africaine.

E&R : Oui et non. L’espace francophone est assurément l’espace naturel d’influence de la France en tant que puissance, mais celui-ci n’est pas une alternative à l’UE pour un retour d’une « France puissance » dans la mesure où il n’y aura pas de France du tout dans l’UE. La France doit s’inspirer de la Russie, renouer avec l’ambition et la fierté d’elle-même, défendre ses intérêts, et ceux des francophones, dans son espace naturel d’influence. Évidemment, nous ne sommes plus à l’époque coloniale et notre regard sur les francophones, maghrébins et noirs notamment, doit être totalement revisité, en dehors de tout cliché. Comme doit être revisitée l’histoire de la décolonisation, truffée de mensonges et de clichés sur ceux qui ont défendu l’idée d’une grande nation francophone.



ER - 5) Quel regard portez-vous sur la colonisation française ? Considérez-vous qu’il existe un lien privilégié entre le peuple français et les peuples des anciennes colonies ?

E&R : Posons d’abord le fait que, quoi qu’on puisse en penser, la colonisation a été le moteur du monde depuis qu’existe l’humanité. Aucune grande civilisation n’y a échappé, pas même la Chine, contrairement aux idées reçues. La France est elle-même le produit de la colonisation de la Gaule par Rome, et il est clair que les droits des Gaulois n’étaient pas la priorité des Romains. Les Gaulois furent mis en esclavage et environ la moitié d’entre eux furent déportés ou décimés. Il ne fait guère de doute que, du point de vue des Gaulois de l’époque, les aspects positifs de la colonisation ne devaient pas sauter aux yeux. Il n’en reste pas moins qu’elle a eu lieu et quelle a produit la France, et partant, la plus grande nation du monde au plan du patrimoine culturel. La colonisation Française n’échappe pas à la règle, même s’il faut bien admettre qu’elle fut loin d’être la pire des expériences coloniales au plan humain. Les crimes de la colonisation française ne diffèrent pas par leur ampleur des crimes qui ont marqué l’histoire de la France et de son édification en métropole. La particularité de la colonisation française était son ambition affichée d’élever le niveau d’éducation et de développement des peuples colonisés. Elle aurait assurément pu faire mieux, mais aussi moins bien. Elle a considérablement élevé le niveau éducatif et économique des peuples d’Afrique qu’elle a colonisés, et ce dans tous les domaines même si elle aurait du et pu faire plus. Le regard actuel que beaucoup de français portent sur leur histoire coloniale est biaisé, notamment par la décolonisation Algérienne. L’histoire officielle de la colonisation française a été écrite par le FLN. Beaucoup de Français pensent ainsi que l’Algérie était une nation avant la colonisation et qu’elle était une nation Arabe. Peu savent, et tout particulièrement les français d’origine algérienne, que l’Algérie était une province arabo-berbère sous domination ottomane peu peuplée et peu sédentarisée. Qu’elle était donc déjà, une province colonisée et que les algériens ne sont pas, ou si peu, « arabes ». Ces bobards permettent de présenter les Algériens qui souhaitaient rester français comme des « collabos ». Ils ne savent pas non plus qu’une bonne partie de ceux qui ont défendu, coté métropole, « l’Algérie française » y compris au sein de l’OAS, étaient favorables à l’accès à la citoyenneté des musulmans, ce qui n’est pas exactement une position « raciste ». Cette position était d’ailleurs celle de Jean Marie le Pen, qui avait déposé un projet de loi en ce sens. Ils ignorent que c’est précisément par peur de la démographie des « arabes » et des « noirs » que de Gaulle a précipité la décolonisation, parfois même contre l’avis des intéressés, comme en Côte d’Ivoire avec Houphouët Boigny. Qui sait aujourd’hui que Boigny fut ministre d’Etat pendant plusieurs années et qu’il a co-écrit la constitution de 58 ? Qui sait que Monnerville fut le second personnage de l’Etat français pendant 10 ans ? L’histoire falsifiée de la colonisation algérienne et plus encore de sa décolonisation incarne aujourd’hui l’histoire de la colonisation française en général et ceci a des conséquences dramatiques au plan de l’assimilation, du rapport des français avec leur histoire, du patriotisme, de la repentance. Faire connaître la contre histoire, celle des « vaincus » (politiques et non militaires, pour ce qui est de l’Algérie), et engager un vrai débat pour en finir avec la propagande anti-française qui sévit en la matière est une nécessité, d’autant plus vitale que la France compte aujourd’hui près de dix millions de français d’origine extra-européenne, dont une grande partie est originaire de notre ancien empire. Etre français, même sujets, durant cent cinquante ans, cela n’est pas rien. Pour répondre à la seconde partie de votre question, oui, évidemment, il existe un lien privilégié entre les français et les peuples de notre ancien empire : la langue au moins, ce qui a notre connaissance n’est pas le cas avec les autres peuples européens…


ID : Il paraît utile de rappeler que la colonisation fut une entreprise de gauche, de caractère jacobin (exporter les Droits de l’Homme), de type moral (mettre fin à l’esclavage) et reposant sur une anthropologie de type universaliste (les hommes sont substantiellement semblables) et par conséquent négatrice des différences.

Ceci étant précisé, il n’existe, selon moi, peu de lien privilégié entre la France et ces anciennes colonies.

Soit l’on considère que nous avons mal agi et le seul lien qui pourrait exister serait la repentance de notre côté et la haine revancharde de l’autre. Soit l’on considère que nous avons bien agi et le seul lien qui pourrait exister serait la reconnaissance, par ces peuples, de notre apport dans différents domaines (culturel, sanitaire, économique, technologique, etc.).

On peut constater chaque jour que si des liens subsistent, ils révêtent généralement la première forme évoquée et peuvent donc être considérés comme néfastes.

D’ailleurs, il ne faut pas négliger les attaques incessantes contre la France formulées notamment par le pouvoir algérien qui demande régulièrement des excuses pour le « mal » infligé à son peuple. Sans oublier les conséquences pour notre peuple de la décolonisation qui apparaît finalement comme une colonisation à rebours sur le sol français.

Il semble malheureusement que ce qui devrait être un épisode historique définitivement clos soit devenu un viatique idéologique visant à culpabiliser les peuples européens et à leur faire accepter le déferlement migratoire comme un « juste retour des choses », quand bien même il annoncerait des tragédies plus grandes encore que celles que nous avons déjà connues.

La colonisation française a été à la fois moment de grandeur de la France mais aussi facteur de décadence et de menace pour notre identité. Sans ces colonies, nous n’aurions pas autant d’étrangers d’origine extra-européenne sur notre sol.

Pour moi, un Français est un Européen. Il est plus proche d’un Italien dont il ne parle pas la langue que d’un Malien qui parle le français.

Maintenant, il peut encore subsister des « liens privilégiés » avec certaines anciennes colonies. Ceux-ci doivent donc nous permettre de faire de ceux qui sont des « immigrés » chez nous des « émigrés » prêts à repartir développer leur pays d’origine. Cela notamment grâce au développement de projets « ethno-centrés » évoqués plus haut.


ER - 6) Pouvez-vous nous rappeler votre position sur la question des immigrés : intégration, assimilation ou retour au pays ?

ID : Retour au pays bien sûr !

En deux temps :

- expulsion immédiate des clandestins et des délinquants

- signatures de partenariats avec les pays d’origine pour des plans de retour au pays (établis par exemple sur 15 ans).

Nous voulons en effet que l’immigration redevienne un phénomène marginal. Ce qui passe par l’exaltation des vertus de l’enracinement. Comme l’a si bien expliqué la philosophe Simone Weil, le déracinement est une maladie mortelle. Or l’immigration, c’est d’abord une émigration, donc un déracinement. Il faut donc agir pour réduire au maximum les motifs d’émigration.

En cela, la mise en place de projets « ethno-centrés » est une piste en ce qu’ils doivent permettre la bonne santé économique et sociale des pays victimes d’émigration. Mais il faut aussi responsabiliser les émigrés candidats à l’immigration chez nous quant à leurs devoirs envers leur patrie d’origine. Il ne s’agit pas de fermer les frontières de la France ou de l’Europe mais de les rendre battantes : comme les portes d’un saloon. On y entre aussi facilement qu’on en ressort - voire avec un coup de pied aux fesses ! - parce qu’on sait qu’on n’y est que de passage. Bref, finissons-en avec "les immigrés" et restaurons "les étrangers" dans leurs droits (et notamment celui de jouir de notre hospitalité bienveillante) et leurs devoirs (celui de ne pas interférer dans notre mode de vie comme celui, demain, de rentrer dans leur pays d’origine pour y faire fructifier l’expérience acquise chez nous).

Récemment, au sein de la droite nationale, l’on a pu entendre un discours défendant l’idée selon laquelle les arabo-musulmans, présents sur notre sol, pouvaient devenir des Français à part entière et qu’au final, il convenait de défendre le « parti du peuple français dans sa diversité ethnique et religieuse ».

Selon moi, ce positionnement ressemble à une abdication en rase campagne face à l’invasion migratoire. En acceptant comme acquise la présence de populations étrangères sur notre sol, on se fait le complice des politiques de libéralisme économique favorisant l’immigration. Une situation étrange lorsque dans le même temps, on prétend être un adversaire acharné du libéralisme. En baissant les bras aujourd’hui, en considérant l’invasion comme secondaire, on accepte implicitement le suicide de l’identité européenne.

E&R : Nous sommes d’abord favorable à l’arrêt total et immédiat de l’immigration, qui passe au minimum par un moratoire sur le regroupement familial, avec ou sans tests ADN… Pour répondre à cette question, il faudrait préciser ce que l’on entend par « immigré ». Si l’on entend « pas blanc », cela n’est pas pour nous un critère. Nous sommes hostiles à toute nouvelle immigration, y compris blanche ! Nous sommes évidemment favorables à l’assimilation –laquelle peut passer par l’intégration- de l’ensemble de nos compatriotes dans leur propre nation. Objectif qui ne concerne d’ailleurs pas que les français d’origine extra-européenne, tant la situation sociale et culturelle des français en général se dégrade. Il va falloir aussi assimiler les petits Dupond illettrés avec casquettes et tenues de rappeurs, qui parlent un improbable sabir. Pour ce qui est des étrangers, il faut favoriser leur retour, par exemple en limitant les droits sociaux de ceux qui ne travaillent pas, ou encore en taxant la main d’œuvre étrangère. Exiger également des étrangers qu’ils soient en mesure de se loger correctement, en dehors du logement social, strictement réservé aux français. Il faut systématiquement expulser les étrangers délinquants. Mais le gros de l’immigration est potentiellement devant nous. Pour s’en préserver, il faut des mesures défensives, comme par exemple des délais de carence incompressibles au plan des prestations sociales : celles-ci ne devraient être ouvertes qu’après cinq ans travaillés minimum et être conditionnées par le travail ; le rétablissement des frontières et des contrôles. Mais il faut avoir conscience que ceci n’est envisageable qu’avec une France qui aurait retrouvé sa pleine souveraineté et qui déciderait de reprendre sa place en Afrique francophone, notamment par des investissements – et non des aides- massifs. Et qu’on ne nous parle pas d’endettement : notre dette n’est problématique que parce qu’elle n’est pas le fait d’investissements. Nous nous endettons pour mourir sans souffrir au lieu de nous endetter pour survivre. Il est probable que le destin de la France et celui de l’Afrique sont liés.


ER - 7) L’identité nationale vous paraît-elle davantage menacée par l’immigration ou par la world culture américaine ?

E&R : Par la world culture évidemment, puisque les français de souche eux même sont de plus en plus déracinés et acculturés. Ce qui ne veut pas dire que l’immigration de masse ne constituerait pas une menace.

ID : Les États-Unis mènent évidemment une véritable guerre de type culturel. Nos compatriotes se gavent de séries TV, de world music cosmopolite, de Mac Do et de talk-show à l’américaine. On peut penser que la world culture américaine, en fait mondialiste, participe à l’acceptation de l’immigration et du développement d’une société cosmopolite.

Cependant, l’immigration engendre à long terme la disparition biologique alors que la world culture ne change pas les génotypes.

Même si j’ai bien évidemment conscience que l’Occident demeure une « mégamachine » (selon l’expression de Serge Latouche) à tuer les peuples, je sais aussi que les hordes d’immigrés qui s’installent chaque jour sur mon sol menacent directement le substrat ethnique de l’Europe à très court terme.

Répondant aux critiques des Identitaires, un militant de droite nationale a récemment écrit : « Ne pourrait-on admettre une bonne fois pour toute que les gigantesques mutations de l’identité de la France, des français, ont pour principale origine et de très loin, le capitalisme international et les Etats-Unis ? Que la France a bien davantage été transformée par la culture US que par l’islam ? Ou même l’immigration, qui en est d’ailleurs aussi une conséquence ? ».

Nous pensons, pour notre part, que c’est l’idéologie égalitaire, le matérialisme d’une société sans Dieu qui a transformé la France et l’Europe, au point de les abandonner aujourd’hui, en proie à la world culture américaine. Or, c’est bien cette idéologie égalitaire que l’on retrouve au sein d’Egalité et Réconcilation…


ID - 8) Quelle place pour l’Islam en France ?

ID : Celle d’une religion non européenne : liberté de culte privé mais aucune liberté de culte public. Ni mosquées, ni voile, ni subventions, ni revendications, ni représentation institutionnelle.

Certains, au sein de la droite nationale, considèrent qu’il ne faut pas considérer l’Islam comme un danger et que d’ailleurs, – citant Gustave Le Bon et Bardèche – la lutte contre l’Islamisation de la France ne « serait pas un élément constitutif du nationalisme français ». Nous voulons bien admettre que la lutte contre l’islamisation n’a jamais fait partie des axes de combat du nationalisme français sous la IIIème République, mais il me semble que la situation a bien changé depuis et que le contexte est quelque peu différent. Qu’importe à l’Europe, mais aussi à Jean Dupont assiégé dans son lotissement ou cerné dans son appart, que le Soufisme soit une voie de sagesse ou que l’Islam soit « une religion de guerriers » ?

Le discours de certains – que j’ai qualifié de « nationaux-cosmopolites » – sur la légitimité de « L’Islam de France » ne semble pas très éloigné de celui défendu par Nicolas Sarkozy, personnage qu’ils prétendent aussi combattre avec force. C’est bien ce dernier qui a favorisé l’institutionnalisation de l’Islam en France à travers la mise en place du CFCM (Conseil Français du Culte Musulman). Sarkozy et les nationaux-républicains ont peut-être une vision divergente de « L’Islam de France » mais j’avoue ne pas en avoir encore saisi la nuance.

Je sais que certains nous accusent de rentrer dans une logique de conflit de civilisations. En combattant l’islamisation de l’Europe, nous ferions le jeu de Washington et des intérêts « américano-sionistes ». Critique trop simpliste surtout venant de personnes qui – obsédées par les USA et Israël – en viennent à considérer l’islam comme un allié et à rentrer finalement dans une logique de démission face à l’invasion qui menace l’identité européenne.

Refuser de combattre l’Islamisation de la France, c’est sans doute se payer une posture intellectuelle à peu de compte, mais ce n’est pas être aux côtés de son peuple. Pour notre part, nous avons fait le choix de défendre le vrai peuple de France et non pas le « parti du peuple français dans sa diversité ethnique et religieuse ». D’où la campagne de Nissa Rebela contre la mosquée de Nice ou encore l’action du Bloc Identitaire d’Ile de France avec la diffusion de l’appel du muezzin dans les rues de Montfermeil.

E&R : La place de l’Islam en France dépend d’abord de la politique d’immigration. C’est là qu’est le vrai problème. Pour le reste l’Islam doit être traité comme les autres religions, dans le cadre d’une laïcité-neutralité. Nous devons exiger de l’Islam comme du bouddhisme (l’immigration Chinoise est en hausse constante) qu’il respecte nos lois et nos traditions. Etant entendu que lorsque nous parlons de traditions, nous ne parlons pas du droit des gamines de douze ans d’aller à l’école habillée en pute ou des homosexuels à défiler à poil…

Les mosquées doivent être financées par les fidèles, comme les temples bouddhistes, et respecter nos traditions architecturales. Il est assez frappant de constater que lorsque l’on parle de l’islam, on a tendance à lui faire grief d’us et coutumes qui étaient en vigueur chez nous il n’y a pas si longtemps. Les espaces sexués, comme les piscines ou les écoles, la pudeur, le fait pour une femme de préférer un gynécologue ou médecin femme à un homme,la répartition des rôles au sein de la famille, tout cela existait en France encore récemment. De ce point de vue, il est assez étonnant de voir certains éléments droitiers de notre pays se faire les gardiens du temple moderniste…


ID - 9) Comment envisagez-vous la place de la France en Europe et, incidemment, la place de l’Europe en France ?

E&R :
Nous supposons que vous voulez parler de l’UE et non de l’Europe. Nous voyons la France hors de l’UE, à tout le moins dans sa forme actuelle. Comme nous l’avons évoqué plus haut, nous voyons l’Europe, incluant la Russie, comme une confédération de nations libres autour d’un axe Paris Berlin Moscou. Excluant les anglais, tant qu’ils seront un état américain déguisé.

ID : Nous sommes donc bien évidemment opposés à toute forme de jacobinisme, que celui-ci se développe au niveau du cadre national ou bien continental. Mais nous pensons qu’il est impératif de passer de « la France seule » à « l’Europe de la subsidiarité ». Une position qui nous éloigne des atermoiements souverainistes tout en nous confortant dans l’idée qu’il faut aujourd’hui se concentrer à la fois sur les régions et l’attachement à l’Europe en tant que sphère civilisationnelle.

Nous défendons ainsi l’idée d’une France des régions dans une Europe des nations en mettant en avant le principe de subsidiarité et la défense des libertés locales. Selon nous, il n’y a, en effet, pas de contradiction entre l’attachement à sa région et à sa patrie, libérées des énarchies républicaines, et à l’espérance d’une Europe de la puissance, affranchie des scléroses bruxelloises.

Nous appelons donc aussi de nos vœux la constitution d’une Europe politique, seule capable d’apporter à un monde déboussolé la stabilité et la paix qui lui font défaut. Cette autonomie de l’Europe est nécessaire pour peser face aux autres sphères civilisationnelles, y compris nord-américaine.

Dans les faits, nous développons des convergences au niveau européen avec des mouvements comme la Lega Nord et le Vlaams Belang. Nous avons aussi inspiré la création de structures identitaires dans plusieurs pays (Belgique, Suisse, Espagne, Portugal, Suède…) et nous développons également des structures de solidarité européenne, comme Solidarité Kosovo qui vient en aide depuis trois ans à nos frères serbes de Mitrovica, assiégés par les musulmans.

ER - 10) Êtes vous favorable à un État français fédéral ? L’évolution institutionnelle proposée par de Gaulle en 69 vous paraît-elle de ce point de vue intéressante ?

ID : Comme précisé plus haut, nous sommes favorables à l’idée d’une France des régions dans une Europe des nations en mettant en avant le principe de subsidiarité et la défense des libertés locales.

L’évolution institutionnelle proposée par de Gaulle en 1969 est intéressante mais ne va pas assez loin.

Les régions sont les éléments constitutifs et incontournables de la France et, par là, de l’Europe. Le fait régional est né, au fil des siècles, d’une confrontation entre un environnement géographique donné, d’une part, et la culture et l’histoire spécifiques d’une population, d’autre part. La région peut donc être perçue comme une composante organique de la France. C’est elle qui lui donne sa force, sa richesse et sa vitalité. Aujourd’hui, malgré la volonté uniformisatrice de l’État-Nation jacobin, on voit resurgir un véritable attachement pour les patries charnelles. Il suffit de regarder du côté de la Catalogne, de l’Alsace ou encore du Pays Niçois pour se rendre compte à quel point le fait régional est toujours autant d’actualité.

C’est Alain de Benoist qui écrivait : « La richesse de l’humanité, c’est la personnalisation des individus à l’intérieur de leur communauté. La richesse de l’Europe, c’est la personnalisation des régions à l’intérieur de la culture et de la civilisation dont elles sont issues. »

Aujourd’hui, il n’y a pas de grand État européen qui ne possède son plan de régionalisation ou de décentralisation. Dans le même temps, les Länders allemands et les cantons de la Fédération helvétique sont là pour prouver que le système fédéral est pertinent. Décentraliser au-dedans, fédérer au-dehors, tels pourraient être les axes d’une Europe respectueuse des identités et des libertés locales.

E&R :
L’évolution institutionnelle proposée par De Gaulle en 69 ne visait pas à l’instauration d’un état fédéral mais à corriger un centralisme ou jacobinisme excessif. Ainsi qu’il l’avait expliqué lui-même, la nation française lui paraissait suffisamment consolidée pour que la régionalisation ne conduise pas à l’irrédentisme. Dans le cadre d’une France pleinement souveraine, nous y serions assez favorable, car nous pensons que la diversité culturelle de la France, nation artificielle agrégée par l’histoire, constitue un atout. Nous sommes favorables à l’enracinement et notre vision de la nation ne se limite pas à un républicanisme abstrait. Un redécoupage régional plus en phase avec la réalité culturelle serait d’ailleurs souhaitable. Mais nous ne donnons pas dans l’essentialisme et ce qui vaut dans un contexte ne vaut pas forcément dans un autre. Il est clair que les zélotes bruxellois s’appuient aujourd’hui sur les régions pour saper ce qui reste de souveraineté nationale, et les exemples belges, espagnols ou italiens doivent nous inciter à la prudence. Bien que peu soupçonnables de giscardisme, nous serions donc tentés de répondre « oui, mais… »


ID - 11) Égalité d’un côté, identité de l’autre : ces deux valeurs sont-elles compatibles ?

E&R : L’égalité n’est pas une notion absolue mais relative. Nous ne sommes pas « égaux » au milieu de nulle part mais nous devons l’être devant le droit, devant la justice, l’insécurité… Nous opposons l’égalité notamment au communautarisme qui crée une inégalité entre les citoyens en droit : il est interdit d’être « homophobe », mais pas d’être « hétérophobe ». Il est interdit d’être judéophobe, ou pire « antisémite », mais pas d’être cathophobe ou islamophobe… L’état n’a pas à faire de distinction communautaire entre les citoyens français. En quoi cela serait-il incompatible avec la notion d’identité ? Le fait pour les bretons et les basques d’être égaux en droits ne leur interdit pas d’être bretons ou basques. En lien avec la question précédente, nous sommes également attachés à l’égalité des droits sociaux, laquelle peut être remise en cause par une décentralisation mal pensée : actuellement, la formation professionnelle étant financée par les régions, sans péréquation, les droits à la formation des franciliens sont infiniment supérieurs aux français de la région « Centre » par exemple. C’est inacceptable.

ID : Non. L’identité, c’est la reconnaissance de la diversité. Des individus, des peuples, des civilisations.
L’égalité, c’est le germe du totalitarisme, de l’uniformité. L’opposé même de la diversité.

À l’égalité, nous préférons la justice, l’équité. Le respect de l’identité, c’est la condition de la justice. Quand l’égalité impose de condamner tous les voleurs de pomme à une peine identique, l’équité veut que la mère de famille démunie soit seulement réprimandée (et orientée vers les organismes d’aide sociale) et le fils de cadre moyen condamnée à une amende sévère ou à des travaux d’intérêt général.

Par ailleurs, l’identité c’est à la fois ce qui fait que des hommes se ressemblent (et donc selon la loi naturelle indéniable se rassemblent) et ce qui différencie un homme d’un autre, un peuple d’un autre.
Les Identitaires sont ceux qui considèrent que la préservation des identités face au rouleau compresseur mondial est une mission historique. Nous voulons ainsi lever l’étendard de l’identité face à l’uniformité, conséquence obligatoire de toutes les idéologies égalitaires.

Ce refus de l’égalité explique aussi notre démarche tournée vers le concret et le réel. Nous nous voulons pragmatiques car non dogmatiques. Nous sommes une génération lasse des grands discours et des belles promesses, des Tables de la Loi et des « petits livres » quelque soit soit la couleur de ceux-ci.
Défendre son identité, être identitaire, n’est pas un dogme ni une idéologie, mais tout au contraire un principe se fondant sur le réel, sur ce qu’on est.


ER - 12) Enfin, il ne vous a pas échappé que les bruits de bottes se font plus intenses dans le Golfe. Quelle doit être selon vous la position française par rapport à l’Iran ? Le rapprochement en cours entre la France et l’Otan vous inquiète-t-il à cet égard ou à d’autres ?

ID : La prolifération de l’arme atomique n’est pas une bonne chose. L’idéal aurait été qu’elle reste entre les mains de quelques puissances.

Selon moi, il n’y a pas à avoir d’avis « moral » sur la question. Ce n’est pas parce que telle pays – comme Israël – dispose de l’arme atomique, que tous les pays de la planète peuvent réclamer le droit à disposer de la bombe. Cela me paraît quelque peu réducteur.

Ceci étant dit, je considère que la France n’a pas à faire la guerre en Iran et qu’elle doit refuser de s’aligner sur l’Otan. L’Otan reste une tête de pont incontournable des États-Unis en Europe. Le dernier conflit dans l’ex-Yougoslavie nous a rappelé cette vérité avec force. Cette guerre menée contre un pays européen .par d’autres pays européens sous la direction des États-Unis montre l’étendue du travail qu’il reste à accomplir pour réaliser l’unité de l’Europe. Le maintien d’une véritable sujétion militaire — par l’intermédiaire de l’Otan -, la multiplication des diktats sur notre économie traditionnelle, le soutien apporté à l’islam kosovar, alors que l’Europe souffre de l’immigration arabo-musulmane. Tout cela prouve une réelle volonté de diviser pour mieux régner et d’affaiblir ce qui cherche difficilement à se construire.

Enfin, pour finir sur l’Iran, si certains s’extasient à chaque apparition de Mahmoud Ahmadinejad, j’ai tendance à penser que les nombreuses provocations du président iranien servent finalement les intérêts américains.

Les Etats-Unis ont trouvé leur nouvel épouvantail qu’ils peuvent agiter aux yeux du « monde libre ». Si Mahmoud Ahmadinejad n’existait pas, il faudrait l’inventer. Il est le « vilain parfait » selon l’expression du sociologue Todd Gitlin, professeur à l’école de journalisme de Columbia.

E&R :
La politique américaine n’a qu’un seul objectif : tenter de préserver leur suprématie mondiale coûte que coûte, édifier un empire pour mille ans… Les dirigeants américains aux mains des trusts et des lobbies sont prêts pour cela aux pires crimes et aux pires mensonges, peu leur importe d’ailleurs que les victimes soient américaines ou non puisqu’ils défendent les intérêts d’une classe. Notons au passage que l’un de ces mensonges porte le nom d’Al Quaida, prétendue organisation dirigée par une sorte de Docteur No barbu et qui leur sert tant bien que mal à justifier leur politique criminelle. La France doit se tenir à l’écart de cette folle politique en Afghanistan, au Soudan, en Irak et ailleurs, et à fortiori en Iran si les USA décidaient d’intervenir. Si la France n’a pas les moyens de s’opposer à cette politique criminelle et contraire à ses intérêts, elle peut en revanche leur refuser toute caution internationale par son droit de veto au Conseil de sécurité de l’ONU, et peut l’affaiblir en en dénonçant publiquement les vrais objectifs et les mensonges. Le fait que notre pays soit dirigé par un petit gauleiter US, qui n’en fait d’ailleurs pas mystère, n’augure hélas rien de bon de ce point de vue. Le rapprochement de la France et de l’OTAN, en attendant une réintégration, est voulu par Sarkozy et sa clique atlantiste. Mais il n’est pas sur que l’opinion publique le suive longtemps sur cette voie, surtout si les USA attaquent dans le Golfe.