Comment 81 millions de dollars (71,5 millions d’euros) ont-ils pu être dérobés sur un compte de la Réserve fédérale américaine appartenant à la banque centrale du Bangladesh ? C’est la question étonnante posée depuis que ce « casse » d’un nouveau genre a été découvert en mars.
Au début de février, la banque sri-lankaise Pan Asia reçoit via la Deutsche Bank un ordre de virement de 20 millions de dollars en provenance d’un compte domicilié dans la filiale new-yorkaise de la Réserve fédérale américaine et appartenant à la banque centrale bangladaise. Selon un cadre de la banque sri-lankaise, le montant, inhabituellement élevé, incite Pan Asia à demander de plus amples vérifications à la banque allemande.
Cette dernière note que le virement est adressé à la Fondation Shalika, une organisation non gouvernementale qui semble être domiciliée au Sri Lanka. Or, le mot anglais « foundation » est mal orthographié sur l’ordre de virement, ce qui sème le doute à la Deutsche Bank. Renseignement pris, la banque centrale bangladaise est totalement étrangère à cette demande de virement, pourtant passée en son nom.
L’argent perdu de vue aux Philippines
Des dizaines d’ordres de virement, pour un montant cumulé d’environ 800 millions de dollars (706,2 millions d’euros), passés au nom de la banque centrale bangladaise entre le 4 et le 5 février ont pu être bloqués à la suite de cette découverte. Mais quatre autres, pour un total de 81 millions de dollars, ont été honorés. La trace de l’argent ainsi détourné se perd dans des casinos philippins.
Il a fallu attendre un mois pour que des détails sur le mode opératoire de ce vol à grande échelle apparaissent. Lundi 25 avril, des chercheurs de la division cybersécurité du géant britannique de la défense BAE Systems ont révélé avoir retrouvé et étudié des outils qu’ils pensent avoir été utilisés pour commettre le forfait.
Piratage d’un accès au système Swift
Pour ces chercheurs, les virements frauduleux ont été passés grâce à un piratage informatique sophistiqué du réseau bancaire Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), qui relie entre elles des milliers de banques dans le monde entier. Des pirates sont parvenus à pénétrer dans le logiciel Swift Alliance Access, qui fait l’interface entre les banques – comme la banque centrale du Bangladesh – et le réseau Swift. Il est utilisé par des institutions financières du monde entier pour passer, notamment, des ordres de virement.