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Des banques européennes proches de la faillite

Deux jours avant la publication des « stress tests », qui visent à évaluer la solidité des banques européennes en cas de nouvelle dégradation de l’environnement économique, plusieurs informations circulent sur la nécessité urgente de recapitaliser des banques d’épargnes régionales allemandes et espagnoles.

Il y a quelques jours, Jean-Claude Trichet, le président de la Banque centrale européenne (BCE), expliquait au quotidien Libération qu’un événement très grave était intervenu le 6 mai après-midi et le 7 mai (1). Quarante-huit heures après, l’Europe mettait au jour ce fameux plan de sauvetage de l’ensemble des États européens de 750 milliards. Et le même week-end, dans une urgence absolue et de manière totalement inédite, la BCE décidait de reprendre à son compte directement de la dette vérolée et notamment de la dette grecque.

Défaut de paiement de l’Espagne

En réalité, comme le démontre le quotidien en ligne Libertad Digital (2), le 6 mai dernier, l’Espagne, incapable de refinancer sa dette, s’est retrouvée en défaut de paiement, entrainant dans son sillage les banques espagnoles puis le marché boursier national, qui a perdu 14% dans cette seule journée.

Les marchés financiers avaient donc bloqué le robinet de la dette publique et privée de l’Espagne, faisant ainsi courir le risque d’une faillite quasi immédiate des banques les plus fragilisées par la crise de l’immobilier qui sévit dans le pays, ce que confirme José Luis Feito, président de l’Institut Économique Espagnol (IEE) qui n’hésite pas à qualifier de « dramatique » la situation qui existait entre le 3 et le 7 mai. « Ce jour là, l’Espagne a été cassée, parce qu’il n’était plus possible d’emprunter, que ce soit pour le secteur privé ou public, et cela même en offrant des taux d’intérêt de 18 % », indique encore l’économiste à Libertad Digital.

Scénario à la « Lehman Brothers »

Ensuite, dans une réaction en chaine, l’incapacité de l’Espagne à refinancer sa dette aurait induit une probabilité importante de défauts deux grandes banques commerciales de la zone euro fortement impliquées dans la dette publique des États, faisant craindre à Bruxelles un scénario catastrophe à la Lehman Brothers. La panique gagnant les marchés jusqu’à Wall Street qui a perdu environ 10 % en 20 minutes – sa pire dégringolade depuis les années 80 –, la BCE la ensuite réagit en précipitant le plan de de sauvetage de 750 milliards d’euros, afin de sauver in extrémis l’Espagne et éviter de faire plonger ses créanciers allemands et français.

Gagner du temps

Les « stress tests » visent à évaluer la solidité des banques en cas de nouvelle dégradation de l’environnement économique, et à repérer les établissements insuffisamment capitalisés, donc susceptibles de faire faillite. Une note du Crédit Suisse qui circule depuis deux jours confirme que les Caisses d’épargne espagnoles et des banques régionales allemandes sont toujours en difficultés, et qu’il sera nécessaire de les refinancer à hauteur de 36 milliards d’euros pour les premières et de 34,5 milliards d’euros pour les secondes, et vraisemblablement encore 6 milliards pour des banques grecques. Soit à peu près 80 milliards d’euros au total. Les résultats seront publiés vendredi à 18h, de sorte à ne pas affoler les bourses et de laisser le temps aux institutions européennes d’appliquer les mesures nécessaires pendant le week-end.

Si le but de ces tests étaient de rassurer sur l’état des banques européennes et d’assouplir les relations interbancaires, il n’est pas sûr que l’effet escompté puisse être atteint. On peut sans doute gagner un peu de temps, mais, à ce rythme, il ne sera pas possible de continuer à refinancer les États de la zone euro et leurs banques très longtemps.

Spencer Delane, pour Mecanopolis

1. Article de Libération

2 Article de Libertad Digital