Le soutien à Hollande de Fadela Amara et d’Azouz Begag à quelques jours de la présidentielle est consternant pour l’image des maghrébins de France. Preuve que le carriérisme en politique n’est pas une question de race ou d’origine.
Fadela Amara et Azouz Begag ont été les premiers avec Martin Hirsch cette semaine à annoncer publiquement leur distance vis à vis du camp politique qui leur avait offert l’hospitalité ces dernières années L’un ministre délégué sous le gouvernement De Villpin et l’autre Secrétaire d’Etat sous Fillon, ils incarnaient la promotion et la réussite des français musulmans en politique. Pourtant, à regarder de plus près, leurs parcours ne sont pas des exemples de fidélité.
Pour le premier, Azouz Begag, ses ambitions politiques sont sans limites. A en croire sa fiche sur Wikipédia, il a frappé aux portes de tous les grands partis politiques du parti communiste au RPR en passant par le Modem et le mouvement République Solidaire. Il leur a proposé sa candidature aux élections qui a été parfois refusée. Quand il n’a pas été placé en position éligible, il a rechigné à se présenter.
Fadela Amara ne bénéficie pas de la même reconnaissance académique. Elle n’a pas fait d’études supérieures et n’en complexe pas en public. Ancienne militante du parti socialiste et fondatrice de l’association Ni pute, ni soumise, elle est le pur produit de la mouvance SOS racisme des années 80. Elle tournera en 2007 le dos sans scrupules au parti socialiste en acceptant un poste sous un gouvernement de droite au nom de l’ouverture à gauche.
Conscients du rôle « d’arabe de service » qu’on leur faisait jouer, ils n’ont pas pour autant refusé leurs missions gouvernementales. Cantonnés à des portefeuilles secondaires sans moyens, leur plus-value a été quasi-nulle. La sortie de Fadela Amara contre les tests ADN en matière de politique d’immigration n’avait aucun lien avec sa mission. Une façon pour elle de ne pas se faire oublier par les médias Incontrôlable et inexpérimenté, Azouz Begag s’est mis à dos ses collègues en reprochant à Nicolas Sarkozy, ministre de l’intérieur de l’époque, sa fermeté face aux « racailles ». La loyauté au sein d’une équipe gouvernementale en exercice est une règle de base à ne pas enfreindre. Pas étonnant de l’avoir vu par la suite isolé, criant à qui veut l’entendre, à l’acharnement raciste contre sa personne et ce, jusqu’à sa démission.
Leur soutien à Hollande est le reflet du rapport qu’ont les dernières générations de politiques avec le pouvoir. Elles sont décomplexées, moins respectueuses des institutions et des traditions. Le système médiatique a fabriqué des candidats nomades, éphémères sans enracinement. Traditionnellement, un membre du gouvernement devait avant tout faire ses preuves aux élections locales et avoir un mandat de parlementaire. La mode, est depuis une vingtaine d’année à l’ouverture des responsabilités gouvernementales aux représentants de la société civile. Cette évolution est en phase avec le politiquement correct d’aujourd’hui. La promotion discrétionnaire de personnes issues de l’immigration nord-africaine à des hautes responsabilités participe de cet état d’esprit. Une façon de faire croire à la France que le fait d’être un enfant d’immigrés est une compétence en soi.
Au regard de leurs origines sociales, leur attitude n’est pas surprenante. Déçus par les promesses du parti socialiste, ces enfants de prolétaires sont aussi attirés par le discours libéral et entrepreneurial de la droite. Aujourd’hui, certains franco-maghrébins qui ont des ambitions politiques locales peuvent comme des consommateurs opter pour un camp ou pour un autre, sur le mode : « Si la gauche me propose un poste, je mange et si c’est la droite, je mange aussi » La trahison par la gauche à plus à voir avec leurs conditions socio-économiques que leurs appartenances ethniques ou religieuse.
Le ralliement à François Hollande de ces deux représentants de la diversité comme on les appelle pudiquement à gauche est une impasse. Cet aller-retour est le signe d’un manque de maturité et d’indépendance pour se choisir un vrai destin politique autre que l’alternative PS-UMP.