et 
!
Le renouveau identitaire qui secoue, aujourd’hui, notre société, n’est pas nécessairement une bonne nouvelle pour ceux qui souhaitent celui de notre singularité nationale. Loin d’être révélateur de la puissante aspiration unanime d’un corps national qui, sortant du marigot mondialiste, pointerait enfin le bout de son nez, il est, à certains égards, symptomatique des dernières évolutions du capitalisme actuel.
Autrement dit, ce qui peut d’un côté apparaître comme le prodrome d’un relèvement national n’en est pas moins, d’un autre côté, un symptôme de l’avancée de la décomposition de la société française. Il convient donc de peser le poids respectif de ces deux mouvements contraires, souvent confondus dans la pensée et dans l’action de ceux qui, à leur insu, sont les agents de l’un et de l’autre à la fois.
Faisons court et tapons fort : le dernier avatar du néo-libéralisme triomphant serait, non pas uniquement le gentil bobo, mais aussi son alter ego à poils courts (avec ou sans casquette) prêt à défourailler pour son équipe de foot, sa couleur de peau, son numéro de plaque numéralogique ou sa cage d’escalier voire, pour un simple logo car, partout l’Empire divise ; partout, l’Empire balkanise ; partout, il investit les micro-différences et les mini-terroirs, et même il les crée quand il ne les trouve pas tout faits (1).
Révélatrices ces guerres des boutons sanglantes et pathétiques ? Certes, mais révélatrices de l’infantilisation de masse qui s’installe dans notre société consécutivement au culte de la pulsion consumériste. Car s’il y a quelque chose de régressif à se définir uniquement par ses racines, bien plus inquiétante encore, sur le plan de l’acculturation, est la tendance à se forger une identité cristallisée sur des signes de reconnaissance sans épaisseur culturelle et historique… C’est l’enracinement dérisoire et illusoire dans le déracinement, la superficialité sans profondeur, le scoutisme folklorique en guise de nationalisme traditionnel… L’Empire n’est durable que parce qu’il repose, paradoxalement, sur des identités fragiles et éphémères.
Comme l’écrit très justement Bernard Stiegler dans son dernier ouvrage (2) : « la consommation, lorsqu’elle fonctionne pour et par elle-même, (…) est conduite par la pulsion, qui, à la différence du désir, recherche sa satisfaction immédiate. [Elle est] ce qui détruit le désir qui s’attache au contraire à ses objets, et qui est toujours en cela, un investissement. » Misère du pulsionnel plutôt que du désir donc. Et c’est toute la politique actuelle qui tend à avoir cette pulsion consumériste et désocialisante, à la fois comme principe et finalité. Lorsque le capitalisme devient l’instance de production des différences identitaires foisonnantes (et de facto égalitaristes), il détruit, de facto, aussi bien l’enracinement traditionnel que le nationalisme comme projet.
Or, une certaine vision nationaliste semble vouloir se construire sur cette vague pulsionnelle instituée par et pour la sauvegarde des structures mentales nécessaires au développement du capitalisme. Autrement dit, les catégories mentales des « identitaires » ne seraient pas aussi éloignées de celles des bobos à pédales qu’on veut bien le croire ; à savoir : celles de l’infantilisme pulsionnel, de la nostalgie vécue comme régression.
Que dire en effet, des différents blogs fleurissant sur le Web qui, sous couvert de « réinformation », attisent les sentiments les plus vils et les pulsions les plus basses et font du stade anal, l’alpha et l’oméga de la pensée nationaliste ? Ils sont au renouveau national ce que la pornographie est au désir amoureux … Car, lorsque l’on parle de renouveau national c’est bien de désir dont il est avant tout question.
« Le désir est [en effet] ce qui s’élabore socialement comme circuits de transindividuation à travers les générations (…) et qui relie les générations comme culture et comme esprit » (3).
Quant à la pulsion, elle n’a pas de projet ; comme l’enfant, elle se vautre dans le présent et tourne à vide dans le morcellement perpétuel des stimuli. Seul le désir (en tant qu’il est aussi attente) est une narration, un projet, une édification de soi tout autant que de l’objet qu’il désire…
Et qu’est-ce que doit être notre projet pour la France si ce n’est la restauration de ce désir ?
C’est donc en nationalistes majeurs, libres et responsables que nous devons prendre en main le réel et non en consommateurs passifs attendant le prochain sketch de ce tragique vidéo-gag que le web ne cesse de dégueuler sur nos consciences (4).
N’en déplaise aux identitaires et autres communautaristes, le nationalisme, issu de l’optimisme des Lumières ; celui qui se déploie dans l’Histoire de France de Michelet ou dans certains discours de de Gaulle n’est pas le nationalisme rance et craintif dont, in fine, ils se réclament.
N’en déplaise aussi à nos véritables ennemis, il importe de trouver les voies d’une conversion, d’un retournement de ce processus de décomposition en mouvement de recomposition organique de la Nation.
A nous donc d’inventer une grammaire au nationalisme faisant de celui-ci un « identitarisme durable » ! A nous donc de ne pas céder aux sirènes du nihilisme ambiant ! A nous donc de restaurer les valeurs de responsabilité, d’honneur et de travail qui ont fait de notre pays une grande nation.
En ces temps de morcellements communautaires, la question de l’identité nationale occulte finalement (en occupant les idiots utiles de droite tout comme le métissage et le sans-papiérisme occupent ceux de gauche) la véritable question qui devrait être celle de l’unité nationale. Il y a urgence.
Sortir de la pulsion consumériste (telle qu’elle se décline sur le Web et au sein du système médiatique de masse) c’est entrer dans la patrie du réel ; patrie qui préfigure le retour de la France, d’une certaine idée de la France…
Georges pour E&R
Notes
(1) (voir l’exemple des gangs américains, exemple-type d’identités creuses et factices, mais fort efficaces en termes de morcellement et de démembrement de communautés réelles fondées sur des identités historiques…).
(2) Bernard Stiegler – Prendre soin de la jeunesse et des générations, p.96
(3) Ibid : p. 30
(4) Allez donc faire un tour sur le site F.Desouche pour voir comment certains « natios » ont intégré tous les processus médiatico-pulsionnels du capitalisme néo-libéral ; processus qui transforment nos singularités de citoyens en pulsions identitaires régressives et de ce fait destructrices…
Autrement dit, ce qui peut d’un côté apparaître comme le prodrome d’un relèvement national n’en est pas moins, d’un autre côté, un symptôme de l’avancée de la décomposition de la société française. Il convient donc de peser le poids respectif de ces deux mouvements contraires, souvent confondus dans la pensée et dans l’action de ceux qui, à leur insu, sont les agents de l’un et de l’autre à la fois.
Faisons court et tapons fort : le dernier avatar du néo-libéralisme triomphant serait, non pas uniquement le gentil bobo, mais aussi son alter ego à poils courts (avec ou sans casquette) prêt à défourailler pour son équipe de foot, sa couleur de peau, son numéro de plaque numéralogique ou sa cage d’escalier voire, pour un simple logo car, partout l’Empire divise ; partout, l’Empire balkanise ; partout, il investit les micro-différences et les mini-terroirs, et même il les crée quand il ne les trouve pas tout faits (1).
Révélatrices ces guerres des boutons sanglantes et pathétiques ? Certes, mais révélatrices de l’infantilisation de masse qui s’installe dans notre société consécutivement au culte de la pulsion consumériste. Car s’il y a quelque chose de régressif à se définir uniquement par ses racines, bien plus inquiétante encore, sur le plan de l’acculturation, est la tendance à se forger une identité cristallisée sur des signes de reconnaissance sans épaisseur culturelle et historique… C’est l’enracinement dérisoire et illusoire dans le déracinement, la superficialité sans profondeur, le scoutisme folklorique en guise de nationalisme traditionnel… L’Empire n’est durable que parce qu’il repose, paradoxalement, sur des identités fragiles et éphémères.
Comme l’écrit très justement Bernard Stiegler dans son dernier ouvrage (2) : « la consommation, lorsqu’elle fonctionne pour et par elle-même, (…) est conduite par la pulsion, qui, à la différence du désir, recherche sa satisfaction immédiate. [Elle est] ce qui détruit le désir qui s’attache au contraire à ses objets, et qui est toujours en cela, un investissement. » Misère du pulsionnel plutôt que du désir donc. Et c’est toute la politique actuelle qui tend à avoir cette pulsion consumériste et désocialisante, à la fois comme principe et finalité. Lorsque le capitalisme devient l’instance de production des différences identitaires foisonnantes (et de facto égalitaristes), il détruit, de facto, aussi bien l’enracinement traditionnel que le nationalisme comme projet.
Or, une certaine vision nationaliste semble vouloir se construire sur cette vague pulsionnelle instituée par et pour la sauvegarde des structures mentales nécessaires au développement du capitalisme. Autrement dit, les catégories mentales des « identitaires » ne seraient pas aussi éloignées de celles des bobos à pédales qu’on veut bien le croire ; à savoir : celles de l’infantilisme pulsionnel, de la nostalgie vécue comme régression.
Que dire en effet, des différents blogs fleurissant sur le Web qui, sous couvert de « réinformation », attisent les sentiments les plus vils et les pulsions les plus basses et font du stade anal, l’alpha et l’oméga de la pensée nationaliste ? Ils sont au renouveau national ce que la pornographie est au désir amoureux … Car, lorsque l’on parle de renouveau national c’est bien de désir dont il est avant tout question.
« Le désir est [en effet] ce qui s’élabore socialement comme circuits de transindividuation à travers les générations (…) et qui relie les générations comme culture et comme esprit » (3).
Quant à la pulsion, elle n’a pas de projet ; comme l’enfant, elle se vautre dans le présent et tourne à vide dans le morcellement perpétuel des stimuli. Seul le désir (en tant qu’il est aussi attente) est une narration, un projet, une édification de soi tout autant que de l’objet qu’il désire…
Et qu’est-ce que doit être notre projet pour la France si ce n’est la restauration de ce désir ?
C’est donc en nationalistes majeurs, libres et responsables que nous devons prendre en main le réel et non en consommateurs passifs attendant le prochain sketch de ce tragique vidéo-gag que le web ne cesse de dégueuler sur nos consciences (4).
N’en déplaise aux identitaires et autres communautaristes, le nationalisme, issu de l’optimisme des Lumières ; celui qui se déploie dans l’Histoire de France de Michelet ou dans certains discours de de Gaulle n’est pas le nationalisme rance et craintif dont, in fine, ils se réclament.
N’en déplaise aussi à nos véritables ennemis, il importe de trouver les voies d’une conversion, d’un retournement de ce processus de décomposition en mouvement de recomposition organique de la Nation.
A nous donc d’inventer une grammaire au nationalisme faisant de celui-ci un « identitarisme durable » ! A nous donc de ne pas céder aux sirènes du nihilisme ambiant ! A nous donc de restaurer les valeurs de responsabilité, d’honneur et de travail qui ont fait de notre pays une grande nation.
En ces temps de morcellements communautaires, la question de l’identité nationale occulte finalement (en occupant les idiots utiles de droite tout comme le métissage et le sans-papiérisme occupent ceux de gauche) la véritable question qui devrait être celle de l’unité nationale. Il y a urgence.
Sortir de la pulsion consumériste (telle qu’elle se décline sur le Web et au sein du système médiatique de masse) c’est entrer dans la patrie du réel ; patrie qui préfigure le retour de la France, d’une certaine idée de la France…
Georges pour E&R
Notes
(1) (voir l’exemple des gangs américains, exemple-type d’identités creuses et factices, mais fort efficaces en termes de morcellement et de démembrement de communautés réelles fondées sur des identités historiques…).
(2) Bernard Stiegler – Prendre soin de la jeunesse et des générations, p.96
(3) Ibid : p. 30
(4) Allez donc faire un tour sur le site F.Desouche pour voir comment certains « natios » ont intégré tous les processus médiatico-pulsionnels du capitalisme néo-libéral ; processus qui transforment nos singularités de citoyens en pulsions identitaires régressives et de ce fait destructrices…
