L’Anne de Paris vient d’inaugurer la passerelle Jim Morrison, qui est pourtant dans un état assez avancé, tiens, comme Jim avant la fin. Finalement, c’est raccord.
Hidalgo n a honte de rien ! Elle inaugure la passerelle Jim Morrison le 11 avril alors qu elle est ds un état de décrépitude avancée et la ferme immédiatement pour pourquoi ? Pour s offrir des occasions d être au devant de la scène avant de disparaître pour toujours ? pic.twitter.com/hqQjV0bfQ8
— RevienParis (@revienparis) April 24, 2025
« Donner le nom d'une personnalité à une passerelle, ça n'est pas anodin [ ] J'ai connu Jim Morrison ... pas personnellement, mais dans ses chansons [ ] Sa voix est une des deux marques les plus profondes de ce qu'est le rock'n roll pour moi » pic.twitter.com/NRCw28OmsK
— Enzo Morel (@mtwit75) April 12, 2025
Jim était un chanteur de rock fasciné par Rimbaud, qui a lancé, à son corps défendant, la figure du poète maudit. Par ricochet, en passant par la Californie, qui a remis les poètes à la mode avec le mouvement beatnik (initié par un « Français », Jean-Louis Lebris de Kerouac, un Marine quand même), les petits Français s’y sont mis.
Le beatnik est un refuznik, qui finit en général poète ou clochard, dit le vilain commentateur bourgeois.
On en arrive à notre point : Daniel Darc a été une figure morrisonienne dans les années 80 en France. La presse spécialisée, forcément de gauche, en a fait une idole, que les foules n’ont jamais suivie, uniquement un parterre de branchés et de journalistes semi-mondains.
Sauvé un temps de la dèche par son tube Cherchez le garçon, une petite ode gay millésimée 1980, Daniel pouvait compter sur trois points, comme les frères du même nom : juif, (un peu) gay et (très) drogué. Il fallait en finir à 27 ans, mais il est difficile de mourir, même avec le speed et l’héro. Il y a des organismes qui tiennent le coup. Alors on se défonce quand même, ça nourrit la posture romantique, surtout quand la presse fait de vous un modèle du genre, un ange noir qui fascine filles et garçons. Un modèle de déconstruction de tout ce qui est tradition, du woke avant l’heure.
Daniel, l’année de sa mort : « Je suis trop vieux ou trop jeune pour mourir... J’ai envie de vivre... Je suis amoureux, je tourne, je fais des disques et je prépare le prochain album... »
Ensuite, quand on se rend compte qu’on veut tout de même vivre (« I wanna live », chantera Iggy), vivre pour soi contre mourir pour les autres, il est parfois trop tard, on a été trop loin. Alors on finit vraiment maudit, sacrifié sur l’autel de l’église rock, ou mondialiste.
D’autres s’y essayeront, de moins grande envergure (Eudeline), mais faire coïncider la rue et le romantisme, c’est dur. Parmi les SDF qu’on a croisés, il n’y en avait qu’un qui était idéologue de la chose, un vrai glandeur assumé, pas du tout cramé mentalement, débrouillard, un peu voleur... Aujourd’hui, le SDF est schizo, psycho, défoncé, mais ne pousse pas la chansonnette, plutôt des cris d’angoisse.
Alors, où est passé le romantisme ? Il faut demander aux filles...