Bonsoir M.Soral,
Étudiant à l’Essec, je tiens à vous informer de l’offensive du gouvernement contre les classes préparatoires, dernier bastion de l’Éducation nationale à fonctionner correctement et à faire marcher ce qui reste d’ascenseur social après les destructions du collège et du lycée. Le décret Peillon vise à amputer les professeurs des classes préparatoires, des personnes de haut niveau, souvent normaliens (mon professeur de mathématiques avait refusé Polytechnique pour l’enseignement), de 20 à 30 % de leur salaire, le tout en prétendant redistribuer ces fonds aux sacro-saintes ZEP, ces tonneaux des Danaïdes (je le sais puisque j’en viens). M. Peillon ne cachait d’ailleurs pas dès 2010 sa haine pour ce système qui « crée de l’inégalité » et « favorise la reproduction sociale » (en nous ressortant tout l’enfumage bourdieusien), voulant purement et simplement le supprimer au profit de l’université, lieu de toutes les magouilles et sous contrôle socialiste [1]
Vous avez parfois dans vos vidéos dénoncé la « fabrique du crétin », projet minutieux de destruction de l’école républicaine par des élites qui ont depuis longtemps trahi la cause de l’intérêt général ; il me semble que cette offensive par des dirigeants qui ne sont plus issus de Polytechnique ou des Mines comme sous De Gaulle, mais de Sciences-Po et de l’ENA, ces fausses grandes écoles, s’inscrit pleinement dans une déstabilisation perverse du dernier système scolaire méritocratique de France. En dénonçant les professeurs de classe préparatoire comme des nantis, M. Peillon sait qu’il jouit du soutien de la majorité des enseignants de France, agents socialistes extrêmement rancuniers envers un système qui les a souvent refusés à l’entrée. Les classes préparatoires, composées de gens qui chaque année « font le boulot », dignement et avec humilité, sont donc dans un état de faiblesse inquiétant, à une époque où il faut être dans la revendication permanente pour exister.
Je compte donc sur vous pour dissiper les malentendus et mobiliser un public populaire : la France a besoin d’une élite dotée d’un esprit critique, qui en a bavé pendant au moins deux ou trois ans et qui a gagné sa légitimité à travers le système méritocratique du concours. Vouloir substituer à ce système notre université sorbonagre ou encore Sciences-Po Pipo est révélateur de l’intérêt des fils de la bourgeoisie, qui se font de plus en plus étaler aux concours d’entrée de Polytechnique ou de Centrale.
Soyez profondément assuré de mon respect pour les combats que vous menez,
A. B.
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