Progressivement, toutes les annonces faites au début de cette année par Jean-Yves Le Drian, le ministre de la Défense, au sujet du dispositif militaire français pour la bande sahélo-saharienne se concrétisent.
Ainsi, après la confirmation des implantations des forces françaises au Mali, au Niger, au Burkina Faso et au Tchad, afin d’élargir le champ d’action des missions antiterroristes, regroupées au sein d’une seule et même opération, M. Le Drian a annoncé, le 10 mai, à l’occasion d’un déplacement en Côte d’Ivoire qu’Abidjan allait accueillir, à compter du 1er janvier prochain, une base opérationnelle avancée, conformément à ce qu’il avait annoncé il y a quelques mois. Et cela suppose quelques changements.
« Licorne était une opération d’intervention menée depuis 12 ans maintenant dont les objectifs touchent à leurs fins. Donc, nous avons estimé qu’il fallait changer le statut de la présence des forces françaises en Côte d’Ivoire », a déclaré le ministre de la Défense.
« Nous allons transformer Licorne en forces françaises en Côte d’Ivoire afin que sa présence, ici à Abidjan, puisse aider à des interventions éventuelles sur d’autres théâtres à partir de la Côte d’Ivoire, et éventuellement de soutenir aussi les opérations qui peuvent se développer dans le cadre du contre-terrorisme que nous menons dans la bande sahélo saharienne », a-t-il expliqué. Et la conséquence sera une hausse des effectifs militaires français, ces derniers devant passer de 500 à 800 hommes.
Cette décision répond à une question posée dans un rapport par les sénateurs Gérard Larcher et Jean-Pierre Chevènement. « La véritable épopée logistique des troupes et des matériels français de l’opération Serval, depuis Dakar où ils ont été débarqués par le BPC Dixmude jusqu’au Nord Mali, a montré l’importance des ports, pendant que l’Afghanistan nous rappelait les coûts importants d’un désengagement logistique par voie aérienne. Faut-il rééquilibrer en conséquence nos effectifs, par exemple entre Libreville et Dakar ou Abidjan (qui cumule les avantages d’accès simultanés à un port en eaux profondes et à un aéroport) ? », avaient-ils demandé.
Par ailleurs, l’accord de défense liant la France et la Côte d’Ivoire, revu en 2012, fixe, selon un autre rapport du Sénat, des « facilités pour les activités des forces françaises stationnées ainsi que le régime des installations mises à disposition. Ainsi, l’entrée du matériel est autorisée, sans frais de douanes. Un inventaire de ces matériels doit toutefois être remis aux autorités ivoiriennes. Leur entreposage se fait sous leur propre responsabilité. La circulation des forces est autorisée sur tout le territoire, tout comme les manœuvres et exercices nécessaires à l’entraînement et conduite des activités, après autorisation préalable ».
Et le texte d’ajouter : « S’agissant des installations mises à disposition, il s’agit du camp de Port-Bouët et d’une installation à Abidjan. Ces installations peuvent être reprises par la partie ivoirienne sous réserve de mettre à disposition une installation équivalente. La partie française peut procéder aux aménagements qu’elle jugera nécessaires pour ses besoins opérationnels à condition d’avoir eu l’accord préalable de la partie ivoirienne. La partie ivoirienne se réserve le droit de demander le retrait des forces françaises stationnées sur son territoire par notification avec un délai d’exécution de 6 mois minimum ».
Pour rappel, les décisions prises au lendemain de la publication du Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale (LBDSN) de 2008 condamnèrent à moyen-terme l’engagement des forces françaises en Côte d’Ivoire, l’idée générale étant qu’il ne fallait plus garder que deux bases permanentes en Afrique, à savoir un au Gabon et une autre à Djibouti.
Du coup, le 43e Bataillon d’Infanterie de Marine (BIMa) de Port-Boüet avait été dissous en 2009. Et, en 2011, après la crise électorale, il n’était plus question que de conserver dans le pays un détachement de 300 militaires pour assurer des missions de formation au profit de l’armée ivoirienne.
Voir aussi, sur E&R :