Quand on a vu le titre de cet article – Un ancien investisseur de Facebook alerte sur
le « côté sombre » du réseau social – on s’est dit tiens, un haut cadre de Facebook balance sur l’influence nocive de cette multinationale sur la liberté d’expression, car elle formate de fait la pensée et évacue tout ce qui ne pense pas droit, c’est-à-dire dans la ligne mondialiste.
Déception : ce cadre nous la joue encore plus bien-pensant que Zuckerberg lui-même, comme quoi « on trouve toujours plus con que soi », disait le Pr Choron. On diffuse quand même l’interview et les propos médiocres de l’ultramondialiste qui va nous faire croire que Facebook a joué contre la démocratie (démocrate) et a empêché l’élection de la gentille Hillary Clinton à la tête des États-Unis en novembre 2016.
On n’a donc laissé de l’entretien que les parties non grotesques. Il en reste un peu. Mais quand McNamee dit qu’Instagram « est très vulnérable aux ingérences électorales » c’est vraiment du pipeau, car tout réseau social est influent par définition, et toute opinion est électoralement influente ! Les élections, c’est le domaine de l’influence, et il est inutile d’y distinguer les bonnes des mauvaises influences, c’est idiot. Moraliser la vie politique n’a aucun sens, c’est le lieu même de la lutte des pouvoirs, des rapports de force, de la volonté de puissance nietzschéenne !
La volonté de puissance, puisque l’interview est insignifiante, a été ensuite, au XXe siècle, traduite en termes scientifiques par les biologistes : c’est l’instinct de conservation croisé avec l’instinct de domination, un instinct d’un niveau antérieur, relatif à la prédation reptilienne. Cet instinct, qui correspond chez l’homme à un surcroît d’hormones, la testostérone, dite « hormone des héros, des brutes et des amants ».
« Chez l’animal, qu’il s’agisse de poules, de rats ou de singes, l’injection de testostérone augmente la fréquence des conduites de dominance et d’agression. À l’inverse, la suppression des organes produisant la testostérone fait généralement décliner ces conduites. » (cerveauetpsycho.fr)
On sait tous que la société est un ring où les hommes s’affrontent principalement pour les femmes, mais la massue préhistorique (chez les animaux, dans un clan, un seul mâle, le vainqueur, ensemence toutes les femelles, jusqu’à ce qu’il soit déchu et remplacé par un mâle plus jeune et plus vigoureux) a été remplacée par le rang social. La force brute a laissé place à l’abstraction : celui qui soulève 150 kilos en salle ne pèse rien face à celui qui sort major de polytechnique.
La place dans la hiérarchie, et cela a été assez démontré, est corrélée à l’instinct de domination plus ou moins prégnant chez l’homme. Plus on est agressif, plus on monte dans l’échelle de dominance, jusqu’à un certain point, puisque l’agressivité ne suffit pas : il faut quand même un (autre) cerveau, disons celui spécifiquement humain (le néocortex). Un adjudant qui a fait l’Indochine et qui terrorise tout le monde dans une caserne restera adjudant toute sa vie, adjudant-chef à la rigueur, mais ça ne fera pas un bon général. Le général, lui, allie agressivité et intelligence, c’est-à-dire qu’il adapte son agressivité aux situations, mais la base biologique est la même. Il est juste moins primaire que l’adjupette.
Lanceur d’alerte de pacotille
On va quand même parler de McNamee et de son avertissement : il enfonce des portes ouvertes mais ne parle pas du renseignement américain et du big data (des partis politiques ou d’autres organisations moins visibles), qui puisent allègrement (en les achetant au besoin) dans les profils et les réseaux d’« amis » de Facebook. Même si les terroristes n’utilisent pas forcément Facebook, la multinationale est devenue une énorme machine de contrôle social.
Un ancien investisseur de Facebook alerte sur
le « côté sombre » du réseau social
L’investisseur américain Roger McNamee, ancien mentor et soutien financier du fondateur de Facebook Mark Zuckerberg, met en garde contre le « côté sombre » du réseau social, déclare-t-il dans un entretien accordé à l’AFP.
Selon Roger McNamee, qui publie cette semaine Facebook, la catastrophe annoncée en français aux éditions Quanto, le groupe ne s’attaque « pas assez » franchement à la désinformation ou aux discours de haine sur tous ses réseaux sociaux.
Comment votre perception de Facebook a t-elle évolué depuis votre rencontre avec Mark Zuckerberg en 2006 ?
(...) En janvier 2016, durant la primaire démocrate, j’ai observé des comportements qui semblaient peu authentiques au sein de groupes Facebook. Il s’agissait de discours haineux, notamment dans des groupes se faisant passer pour des soutiens de Bernie Sanders. (...) Puis en juin 2016, le Brexit. Pour la première fois, j’ai réalisé que les outils publicitaires, qui rendent Facebook si précieux pour les entreprises, pouvaient servir dans une élection et en déformer le résultat d’une manière qui fragilise la démocratie. Cette fois, cela m’a vraiment inquiété.
Les appels à démanteler Facebook se sont multipliés et des procédures sont désormais lancées aux États-Unis. Peuvent-elles aboutir ?
Je n’ai pas la réponse. Il y a trois ans, je n’aurais pas imaginé que nous en serions là, que des pays réfléchiraient sérieusement à une intervention antitrust (visant à limiter la concentration économique, NDLR). Mais selon moi, l’antitrust dépasse le seul démantèlement des entreprises. (...) Nous devons également reconnaître que le « business model » de ces compagnies est un danger pour la démocratie, la santé publique et la vie privée, parce que nos données personnelles sont traitées comme un bien. Ces sociétés disent « si nous nous emparons de ces données ou les achetons, et bien nous les possédons ». Moi je dis que les données personnelles sont un droit civique. C’est un droit de l’homme.
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Mark Zuckerberg a également annoncé travailler au chiffrement des conversations, collaborer avec la police sur les vidéos de fusillades en direct, avec des médias contre la désinformation...
Je reconnais au moins un mérite à Facebook : ils essaient de faire changer les choses. Pas assez à mon avis, mais c’est bien mieux que Google. Après, honnêtement, je pense que Facebook ne fait vraiment quelque chose que sur son produit phare (l’application Facebook elle-même, NDLR). Instagram (qui appartient à Facebook, NDLR) par exemple est très vulnérable aux ingérences électorales. Mais il y a toutes sortes de choses illégales qui y circulent, que ce soit en rapport avec la drogue ou de la propagande terroriste.
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Envoyé spécial a diffusé le 12 avril 2018 un reportage d’enquête sur le réseau social américain :