« La 35e campagne d’hiver des Restos du cœur a débuté ce lundi [25 novembre 2019] en Côte-d’Or. Une date importante pour tous ceux et celles qui sont en grande difficulté comme Martine, 63 ans. Elle vient chaque semaine aux Restos, impossible de faire autrement avec sa retraite de misère. » ( France Bleu )
Aujourd'hui. Et hier. Et avant-hier.https://t.co/lqrDeOtBXW pic.twitter.com/2LmVaxrX5H
— Juan Branco (@anatolium) November 25, 2019
Dans un pays qui traite mieux les migrants que ses anciens, où 50 000 femmes défilent contre le « féminicide », alors qu’un socialicide unisexe à grande échelle est en cours, la grande majorité de ceux qui se serrent la ceinture ne se révoltent pas. La révolte, pour ainsi dire, c’est un luxe. Quand on en est à manger une fois sur deux, un jour sur deux, l’appétit de révolte est coupé par l’appétit tout court. C’est pour ça que le libéralisme joue sur du velours : il affaiblit ses victimes et ses ennemis potentiels. Il faut alors être très fort pour survivre et se battre, pour se battre contre la misère (on ne parle plus de simple pauvreté) et se battre contre ce Système profondément injuste, cruel, déficient.
« “Je viens chercher ce qu’on veut bien me donner : des pâtes, des pommes de terre, des soupes, de la viande quand ils en ont et voilà.”
Martine arrive-t-elle à subvenir à ses besoins chaque jour de la semaine ? Parvient-t-elle à manger chaque jour ?
“Oui, si je fais attention en gérant bien les menus, ça va. Mais pas question d’inviter qui que soit. Quand j’invite quelqu’un c’est juste pour le café !”
Préparer le moindre repas chez cette sexagénaire, s’apparente à un combat.
“Non, on ne va pas dire ça comme ça. Moi j’ai trouvé la solution, je fais un repas sur deux. Soit celui de midi, soit celui du soir, ça dépend comment l’estomac crie famine”. »
Le piège, c’est la dignité, qui est ce qu’on pourrait appeler de l’antirévoltant : en essayant de rester digne, les pieds dans la mouise, on fait le jeu des affameurs. On ne peut pas non plus demander à une dame de 63 ans de prendre les armes, ou d’aller sur le front jaune se prendre une balle de LBD dans la gueule, une balle tirée par le pouvoir néolibéral par le moyen d’un policier sous-payé et transformé en collabo du Système.
« Pourtant on pourrait croiser Martine dans la rue sans se rendre compte de sa situation. La dame, bien vêtue, donne le change. "Il faut garder sa dignité malgré tout, c’est le plus important. C’est pas la peine de montrer aux autres qu’on est dans la pauvreté." »
Et d’abord, prendre les armes contre qui ? L’ennemi, aujourd’hui, n’est pas physique, on ne peut pas le toucher, il pratique une guérilla vicieuse, il apparaît sur les écrans de télé, c’est une entité, une organisation, une parole unique qui fait du mal mais qui n’a pas de corps déterminé. L’ennemi, c’est ce dispositif politique, social, médiatique, économique qui finit par détruire les collectifs protecteurs, séparer les individus, les monter les uns contre les autres pour le plus grand profit des Diviseurs.
L’indécence n’a plus aucune limite. Aucune. À vomir. pic.twitter.com/PsbMw4J8nR
— LICRA (@_LICRA_) November 25, 2019
Une fois que les Français ont bien été intoxiqués, divisés, chaotisés, on peut tranquillement leur asséner les « réformes » libérales qui sont du tir à bout portant de LBD dans la gueule de notre organisation de défense sociale. Aux victimes toujours plus nombreuses du néolibéralisme de se débrouiller pour survivre, avec un avenir sombre et pas de plan de sortie à l’horizon. Alors on se débrouille, on s’aide, s’entraide, on retrouve une certaine solidarité, celle qui justement arrange le Système, du moment qu’il ne s’agit pas d’une solidarité de classe qui peut se soulever, se retourner contre les responsables de la situation.
« Heureusement, outre les Restos, Martine peut aussi compter sur l’aide de ses enfants. "Mon fils m’aide beaucoup, il paie une partie de mon loyer et puis ma fille m’aide aussi pour boucler les fins de mois." Dans un petit sourire elle lâche "normalement ce sont les mamans qui aident leurs enfants, pas l’inverse..." »
Solidarité familiale ? Ma foi, allez-y, ça ne mange pas de pain, dans tous les sens du terme ! Repliez-vous sur votre famille, votre clan, votre tribu, mais ne touchez pas au Système avec force et conscience ! Pas d’union syndicale ou intersyndicale solide, pas de solidarité transversale ou horizontale à la Gilets jaunes, pas de lutte du bas contre le haut, ça, ça ne passe pas. C’est tout de suite puni. Faites vos petites luttes entre confessions, entre genres, entre tranches d’âge, comme les jeunes contre le réchauffement ou les femmes contre les hommes, ça c’est bien, ça arrange l’oligarchie qui va entretenir ces combats dérivatifs, vive les petites révoltes de merde ! Allez hop, les catégories, dans la rue, chacune à leur tour, tout le monde peut défiler tant qu’une mayonnaise anti-oligarchique ne prend pas, c’est tout bénef pour les Diviseurs !
N’attendons pas d’être dans la misère ou de crever doucement de faim pour réagir et lutter pour soi et pour tous, c’est maintenant le moment ! Les Gilets jaunes ont montré la voie, à leur corps défendant, ce n’est qu’un test, une bataille, mais la ligne est tracée. Les valeureux Gilets jaunes ont testé la clôture, ils ont pris des décharges, signe qu’ils ont approché le vrai pouvoir.
La nouveauté en Côte d’Or depuis 2015, les Toits du cœur :
Après les Restos du cœur et les Toits du cœur, on attend la France du cœur, où les Français – privés de nourriture et de toit – désignés comme « la haine » iront pointer à la soupe populaire, cette pisse des banquiers. Peut-être que là, dépossédés de tout, ils comprendront ce qui leur est arrivé, ce processus de dépossession progressive, de leurs biens, de leur culture, de leur courage, de leur unité.
Une loi très attendue sur la haine sur internet que nous avons avec @LaetitiaAvia eu l’honneur de présenter lors de la convention régionale du @Le_Crif13 @Le_CRIF @bruno_benjam1 @CPozmentier @MartineVassal @DILCRAH @RenaudMuselier pic.twitter.com/dsWe5yF3AD
— Gil Taieb. (@GilTaieb) November 24, 2019