Même en faisant la part de l’ "exagération patriotique" des communiqués des médias pro-gouvernementaux, la rébellion a encore perdu du monde – 200, 300 ou plus – entre vendredi soir et dimanche matin, d’un bout à l’autre du pays. Et elle a continué de reculer à Alep.
Alep :
Ce dimanche 19 août, évoquant la journée de la veille, l’OSDH et l’AFP parlent de bombardements dans "plusieurs quartiers d’Alep" , sans s’étendre d’avantage.
De son côté, l’armée affirme avoir purifié, le 18 août, le quartier de l’hôpital de Maysaloune (au nord de la vieille ville) des terroristes et traqué ceux qui avaient pris la fuite. Les autorités militaires revendiquent des opérations spécifiques dans les secteurs de l’école d’Al-Andalos, de l’hôpital d’al-Hayat, de l’école de Rahmo Khattab, et de l’école d’Ahmad Saïd, infligeant des « pertes considérables » aux rebelles. On suppose que les rebelles avaient installé des QG opérationnels dans les écoles, comme c’était le cas à Salaheddine.
Et puis le nettoyage du quartier de Seif al-Dawla (est de Salaheddine) s’est poursuivi samedi : plusieurs activistes ont été tués ou blessés dans le sous-secteur d’al-Izaa. L’armée régulière a fini par s’emparer de l’hyper-marché qui avait servi de point d’attaques pour les snipers insurgés. Voici 48 heures, le correspondant du quotidien belge Le Soir, Pierre Piccinin, signalait que ce quartier était pratiquement reconquis par l’armée.
Une source émanant du gouvernorat d’Alep a déclaré à Sana que les forces armées avaient intercepté un autre gang terroriste autour de la faculté des sciences, leur infligeant de lourdes pertes. Il est fait état aussi d’une opération de grande envergure réalisée a proximité du centre culturel du quartier de Hanano (est de la ville) au cours de laquelle de lourdes pertes ont été infligées aux ASL.
Selon le site Arab Press, cinq miliciens ont été abattus dans une opération dans le quartier Kastal-Harami.
En ce qui concerne les environs nord de la vile, on signale un nouvel accrochage à Hraytan (moins de cinq kilomètres au nord d’Alep) : des morts et des blessés chez l’ennemi, un dépôt d’armes saisi.
Une source du gouvernorat a tenu à souligner que les citoyens d’Alep coopèrent avec les forces armées et fournissent des informations sur les mouvements et implantations des insurgés, ce qui est on ne peut plus plausible compte tenu et de l’opinion majoritaire de la population d’Alep, et du bilan d’un mois d’ "activités " ASL dans la ville.
La Turquie vidange-t-elle ses prisons en Syrie ?
En marge de cette actualité militaire alépine, signalons cette affaire, qui peut faire débat. À Alep, un responsable d’al-Qaida, de nationalité turque, a été tué dans les combats. Selon le site turc Hurriyet, ce milicien s’appelait Abdel Kader Yaghit. Il était en venu dans la capitale économique de la Syrie (selon le média turc) en compagnie d’un compatriote, Othmane Baki Yejit, tué lui aussi il y a quelques jours, pour y faire le « djihad ».
Selon le site syrien Shukumaku, Yaghit est responsable de l’attentat terroriste perpétré à Istanbul en 2003, et qui a causé la mort de 57 civils. Après son arrestation pour cette affaire, l’homme avait reconnu avoir participé à d’autres attentats perpétrés six années auparavant en Afghanistan. Une question pertinente se pose alors : comment se fait-il qu’il ait été relâché, après un crime pareil ? Doit-on imaginer que les autorités turques « vidangent » leurs prisons d’élément dangereux, en les envoyant exercer leurs « talents » en Syrie, faisant ainsi d’une pierre, deux coups ?
Damas :
Dans ce secteur, on signale de source gouvernementale le pilonnage des repaires de l’ASL dans les deux localités de Yelda et Bebiella (ou Babbila) dans les faubourgs sud-est de la capitale.
Homs :
À Homs même, les militaires ont fait exploser samedi un entrepôt d’armes et de munitions des groupes terroristes armés dans le quartier de Jourat al-Chyyah (nord-ouest) près des boulangeries d’Akkam, tuant ainsi un grand nombre des activistes qui y étaient installés. Vendredi, quatre miliciens avaient été tués dans des accrochages dans le quartier al-Hameediyé (centre-nord, et au sud de Jourat). L’OSDH parle lui de bombardement contre le quartier nord d’al-Khaldeeye, un des derniers bastions de l’ASL.
Al-Qusayr :
Une « auto-mitrailleuse » de la rébellion a été détruite avec ses occupants près du village de Bourhaniyah. À al-Qusayr même, un groupe armé a été décimé.
Frontière Nord Liban :
Dans la nuit de vendredi à samedi, les tentatives de deux groupes terroristes de s’infiltrer depuis le territoire libanais, à Halat et Aridha au sud de la ville de Talkalakh ont été repoussées avec pertes.
Idleb :
La vidéo ci-dessous est un reportage gouvernemental sur l’entrée de l’armée dans le village d’Aroum al-Jouz (à 4 ou 5 kilomètres au sud-ouest d’Ariha, elle-même située à une dizaine de kilomètres au sud d’Idleb), occupé jusque là par des bandes, qui ont tenté de résister. Quelques activistes ont été tués, des armes et des munitions saisies. Des habitants remercient les soldats. Cela dit, un commentaire écrit du reportage signale que plusieurs de ces soldats ont été tués plus tard.
Lattaquié :
Dans cette région, relativement calme, une opération a permis aux forces gouvernementales de reprendre le contrôle d’un centre émetteur de la télévision et de la radio à Kassab ; dans le même secteur, un groupe qui avait voulu dresser un barrage sur la route reliant Kassab à al-Bassit a été décimé.
Al-Hassaké :
À Hassaké, ville principale de l’extrême partie nord-est de la Syrie, entre les territoires turc et irakien, une embuscade des militaires a permis l’interception d’un véhicule ASL sur la route entre Qamichli/Hassaké (soit au nord-est de cette dernière ville) : trois terroristes ont été arrêtés et 220 fusils russes saisis.
Les militaires ont arrêté aussi cinq terroristes circulant à bord d’une voiture dans la région d’Abou Rassein près de Qamichli, principale ville de cette région frontière avec la Turquie, à forte implantation kurde ; cette fois, ce sont 29 fusils russes et 21 fusils à pompe ou à lunette qui ont été saisis.
Deraa :
À al-Hrak (une trentaine de kilomètres au nord-est de Deraa), un groupe armé a été quasi-détruit, Sana donne les noms de cinq d’entre eux. À noter que l’OSDH évoque aussi le « pilonnage » de cette localité. À al-Wardat et al-Cheqranyeh, d’autres bandes ont été sérieusement « diminuées »
Nouveau crime de guerre (?) des groupes armés
Par ailleurs, jeudi 16 août,une bande de l’Armée syrienne libre a massacré le cheikh d’une tribu de la région de Rakka (ou ar-Raqqah, ville importante située entre Alep et Deir Ezzor, sur l’Euphrate), ainsi que son neveu et son assistant. Selon le site Syria Truth, c’est la brigade Ahrar al-Fourate (les "Hommes libres de l’Euphrate") qui a commis ce crime, perpétré dans la localité de Khassfé : apparemment, les trois victimes ont été égorgées, après avoir été torturées.
Comme à leur habitude, les meurtriers ont diffusé les photos de leurs victimes sur la toile. Celles-ci appartiennent à la tribu des Khaffaji : outre le sexagénaire cheikh Jamaane Kachr, son neveu qui a la trentaine et son assistant ont péri sous le couteau des égorgeurs.
La cause de leur mort est liée à des incidents survenus quelques jours plus tôt. Les miliciens avaient enlevé un membre de cette tribu et exigé en échange de sa libération une rançon de 200 livres syriennes. En réaction, les proches de la victime avaient à leur tour enlevé trois éléments de l’ASL. Des tractations sont intervenues entre les deux antagonistes, le cheikh Kachr, connu pour être un homme conciliant, jouant les médiateurs. Mais une altercation a éclaté et les ASL ont enlevé les médiateurs.
Toujours selon Syria Truth, les rebelles ont par la suite chassé les membres de cette tribu, accusés bien sûr d’être des « chabbihas », du village Khassfé. On ignore quelle est la force de la tribu, mais les rebelles ne se sont pas fait des amis dans cette partie de la Syrie.