Une prud’homie de pêche, cela vous dit quelque chose ? Ces communautés d’artisans pêcheurs, héritées du Moyen Âge, font aujourd’hui figure d’alternatives face aux dégâts écologiques et sociaux engendrés par la pêche industrielle. Sur le littoral méditerranéen, des Pyrénées-Orientales aux Alpes-Maritimes, une trentaine de prud’homies de pêche arrivent à concilier l’exercice du métier, la solidarité et le respect de la biodiversité. Mais elles souffrent de ne pas être vraiment reconnues par les dirigeants politiques et européens. Reportage dans le Var.
Cet article a été réalisé en partenariat avec le magazine Kaizen.
En se promenant sur le port de Sanary-sur-Mer, dans le Var, on remarque d’abord les bateaux de plaisance. En se rapprochant des étals de poissons frais, plusieurs petits bateaux de pêche font leur apparition. Il y a celui de Jean-Michel Cei. Un fort mistral l’a contraint à rester à quai. Pêcheur depuis l’âge de 17 ans, il est membre de la prud’homie de Sanary-sur-Mer. Mais qu’est-ce donc qu’une prud’homie ? Méconnues, elles existent pourtant depuis le Moyen-âge sur le littoral méditerranéen [1]. On en compte aujourd’hui trente-trois, de Saint-Cyprien (Pyrénées-Orientales) à Menton (Alpes-Maritimes), en passant par la Corse (voir la carte en fin d’article).
Celle de Sanary a été créée en 1661 sous la forme d’une confrérie avant de se transformer en prud’homie en 1792, après la Révolution. Elles regroupent l’ensemble des artisans-pêcheurs locaux. Et ont pour mission de gérer localement l’activité de pêche ainsi que les conflits qu’elle occasionne.
« Nous faisons en sorte que les pêcheurs n’agissent pas n’importe comment, qu’ils ne mettent pas des tonnes de filets », illustre Jean-Michel Cei.
À l’heure où les pratiques industrielles de la pêche sont décriées et que des ressources en poissons sont menacées, constituent-elles une alternative efficace ?