Si quelques signes encourageants ont été constatés à Bangui après la démission du président de transition Michel Djotodia, qui avait été porté au pouvoir à la faveur d’un coup de force de la coalition rebelle Séléka, à dominante musulmane, en revanche, la situation est toujours aussi préoccupante dans le reste du pays.
Ainsi, il y a quelques jours, de graves exactions ont été commises à Bozoum, une localité située dans nord-ouest de la Centrafrique. Selon les témoins sur place, des centaines de maisons ont été brûlées et au moins 97 personnes ont été tuées très vraisemblablement par des combattants de l’ex-Séléka. menés par Adoum Rakis, le directeur général adjoint de la police de Bangui.
"Des hommes de la Séléka ont incendié neuf villages dans le nord-ouest de la Centrafrique. Une stratégie de la terre brûlée de la part des anciens maîtres du pays", a indiqué Aurelio Gazzera, de la mission catholique de Bozoum.
A Sibut, à 160 km au nord de Bangui, des violences ont été rapportées, le 18 janvier, par l’AFP. Des habitants terrorisés par des combattants de l’ex-Séléka ont fui dans la brousse ou se cachent.
"Je lance un cri d’alarme. Ca tire encore et nous sommes terrorisés. Les (ex-rebelles) Séléka règnent en seigneurs de guerre dans la ville, et il n’y a aucune force étrangère pour nous protéger", a déclaré un témoin anonyme, dont les propos ont été rapportés par l’agence de presse. Difficile de dire combien ces violences ont fait de victimes. La même source a fait état d’au moins 3 tués mais "il y en a certainement plus dans les quartiers", a-t-elle ajouté.
"On a tenté de joindre la Misca (force africaine) et Sangaris pour un secours rapide, mais pour le moment il n’y a personne", a expliqué une source religieuse, également contactée par l’AFP, à Bangui. Cette dernière a ajouté que des incidents avaient été constatés à Bossemptélé, dans l’ouest, près de la frontière avec le Cameroun.
A Boali, à 90 km au nord-ouest de Bangui, théâtre, des combats ont opposés les combattants de l’ex-Séléka aux milices d’auto-défense chrétiennes "anti-balaka". De source sécuritaire, au moins 3 civils musulmans y auraient perdu la vie.
"Hier, les anti-balaka sont sortis pour casser les boutiques des musulmans, ils ont tout mis à plat. Beaucoup de gens sont partis en brousse", a témoigné un habitant de Boali. A priori, le calme serait revenu dans la ville, notamment grâce à la venue de militaires français de la Force Sangaris.
Le 17 janvier, cette dernière a lancé une opération sur l’axe routier reliant Bangui à la frontière camerounaise, avec une centaine d’hommes engagés entre Bangui et Bossembélé, soit une distance de 150 km. "A ma connaissance il n’y a pas d’incidents dans la zone où nous sommes déployés", a indiqué le le lieutenant-colonel Thomas Mollard, responsable de la communication des troupes françaises en Centrafrique.
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