Le ministère français de l’Intérieur a accueilli la troisième session de « l’instance de dialogue avec l’islam », lancée en juin 2015 pour élargir et renforcer le débat avec la deuxième religion de France, forte de quatre à cinq millions de fidèles.
Lors de la troisième session de « l’instance de dialogue avec l’islam », ses participants se sont penchés entre autres sur la prévention de la « radicalisation » et la formation des imams, qui dépend en grande partie de l’étranger, le ministère de l’Intérieur les ayant conviés afin de réfléchir à la question « comment rendre indépendant l’islam de France ».
Sputnik a demandé au président du club de réflexion Fils de France, association de Français patriotes de confession musulmane, Camel Bechikh, ce qu’il pensait de cette initiative gouvernementale.
« L’initiative est toujours louable. Seulement, on prend les mêmes et on recommence. Et finalement peu importe l’habillage que l’on va donner à ces consultations, si le fond reste le même, c’est l’imbrication directe des États étrangers, algérien et marocain, comme étant les principaux décideurs des enjeux qui concernent directement les Français de confession musulmane », a déclaré l’interlocuteur de l’agence.
Il a ajouté qu’il s’agissait de voir si la France était prête à « risquer cet ensemble diplomatico-commercial pour rendre réellement indépendante de ces deux États la gestion du culte en France ».
« La seule possibilité d’avoir une réflexion et des axes de décision en adéquation avec la logique nationale, ça serait que les acteurs français du culte musulman soient uniquement motivés par l’intérêt supérieur de la France et non pas, partagées entre des intérêts communautaires mais surtout des intérêts extranationaux », a souligné M. Bechikh.
L’opinion française est préoccupée par des problèmes relatifs aux musulmans, dont l’opacité du financement des mosquées en France. La principale ressource est en règle générale le don des fidèles aux associations qui gèrent les lieux, mais la traçabilité en est difficile. Selon le rapport publié l’année dernière par le ministère français de l’Intérieur, le financement du culte musulman se rapproche de celui des autres cultes, notamment du culte catholique, qui provient à 80 % des dons des fidèles.
Il existe cependant une autre source, et non la moindre, soit des dons venus de l’étranger, notamment de l’Algérie, du Maroc ou de l’Arabie saoudite. Au total, une vingtaine de mosquées françaises ont déjà reçu ce type d’aide. Les élus français insistent sur davantage de transparence en la matière.