Hier, a démarré une nouvelle grève générale en Grèce pour protester contre les multiples plans d’austérité qui saignent l’économie, au point de l’avoir déjà fait se contracter de plus de 12% en seulement trois ans. Si l’idée européenne est née à Athènes, elle y meurt tous les jours un peu plus aujourd’hui.
La folie de la saignée
Quand comprendront-ils ? Comment les dirigeants grecs et européens peuvent persister à ce point dans l’erreur alors que les conséquences sociales des politiques qu’ils mettent en place sont à ce point dramatiques ? Le taux de chômage, qui était de 7% il y a quatre ans, est passé à 16%. Le salaire des fonctionnaires a été amputé de 30%, les licenciements se multiplient, de nouveaux impôts semblent apparaître tous les mois.
Et pourtant, quelques économistes et politiques avaient souligné que ces plans étaient absurdes. On se croit revenu sous Molière avec ces « médecins » qui pratiquaient la saignée pour soigner les malades et qui ne faisaient que les affaiblir. Car on voit bien que l’austérité sauvage est en bonne partie contreproductive. Une grande partie des gains financiers s’évaporent dans la contraction de l’activité globale. Résultat, le pays ne parvient pas à tenir les objectifs qui lui sont assignés.
Pire, ces plans sont totalement injustes car ils épargnent très largement les créanciers qui auraient du être mis beaucoup plus à contribution. Alors que la décote implicite des marchés a dépassé à un moment les 50%, les pays européens se sont accordés sur une restructuration de seulement 19%, contre l’avis de la BCE et sous la pression allemande. Pire, rien n’est fait pour faire redémarrer l’économie, ce qui devrait pourtant être un objectif prioritaire.
Une idée de l’Europe meurt à Athènes
Pour l’instant, la révolte populaire ne trouve pas encore de véritable traduction politique, comme on pouvait le pressentir dès le printemps 2010. Pour l’instant, les Grecs ne veulent pas encore mordre la main qui les a nourris pendant si longtemps. Mais cela va-t-il durer ? Le témoignage recueilli par Olivia Giorgio démontre la souffrance de la population. Il est horrible de voir la jeunesse grecque vouloir quitter son pays et pour ceux qui étudient en France ne pas vouloir revenir.
Honte sur cette mauvaise Europe d’imposer une telle politique qui n’a absolument aucun sens. Il faut espérer que la classe politique va résister à la grande braderie des actifs de l’Etat grec. La Grèce a besoin d’une opposition politique solide qui proposera une sortie de l’euro et un défaut sur la dette. Après des années de saignée aux conséquences sociales monstrueuses, le pays finira par se relever et renvoyer cette troïka technocratique inhumaine.
Toute la question est de savoir maintenant quand cela arrivera. Dans quelques semaines ? Dans plusieurs années ? D’une part, la récession que traverse la Grèce est plus violente encore que celle traversée par l’Argentine, qui avait défait ses liens au bout de quatre années (cela correspond à 2013 pour la Grèce). De l’autre, les grecs devront dire non à ceux qui représentent une Europe qui a trop longtemps été synonyme de progrès pour être abandonnée sans hésiter.
Bref, la monnaie unique est une construction totalement bancale. Quand 2% d’un ensemble peut menacer l’existence du tout, c’est qu’il y a un problème. Et pire, la sauvegarde de l’euro est devenu un objectif en soi, au mépris des souffrances endurées par les peuples.