Contrairement à la plupart de ses homologues européens, Victor Orban a décidé de passer outre les oukases de Bruxelles concernant la Russie.
Le ministre des Affaires étrangères hongrois Peter Szijjarto a annoncé la venue de Vladimir Poutine le 17 février prochain pour une visite de travail, afin de parler de la crise en Ukraine et des questions énergétiques. En recevant le numéro un russe, Budapest s’attire les foudres de Bruxelles, qui avait décidé en mars dernier de prohiber « toute rencontre bilatérale régulière » avec la fédération de Russie. Une volonté de bouder l’hôte du Kremlin qui a connu plusieurs accrocs, notamment la rencontre à l’aéroport de Vnoukovo de Moscou avec François Hollande.
Le Premier ministre hongrois est dans le collimateur de Washington et son vassal européen pour oser une politique d’indépendance nationale. Des sanctions ont commencé à frapper le pays : les États-Unis ont interdit de visas six fonctionnaires hongrois « accusés de corruption ». La riposte de M. Orban n’a pas tardé puisqu’il a prévu de suivre « l’exemple américain » (sic) en adoptant une loi de transparence sur le financement étranger des ONG, qui ne se privent pas d’être l’instrument de Washington pour agiter la société hongroise.
La Maison Blanche n’apprécie pas que la Hongrie diversifie ses fournisseurs. Ainsi, la décision de faire appel au russe Rosatom pour construire deux nouveaux réacteurs pour environ 12,5 milliards d’euros, à partir de 2018, destiné à la centrale nucléaire de Paks au centre du pays, a fortement déplu. M. Orban était à Moscou le 14 janvier pour signer ce contrat.
Enfin, contrairement à son voisin polonais, Budapest refuse de servir le projet atlantiste en Ukraine et la politique de sanctions contre Moscou. La Hongrie a subi une baisse de 13 % de ses exportations vers la Russie, son troisième partenaire économique. M. Orban a déclaré le mois dernier à ce sujet :
« Une nouvelle époque a commencé : les USA se sont mis non seulement à se mêler de la politique intérieure des pays de l’Europe de l’Est, mais aussi à y prendre une part active. Ils tentent de nous entraîner dans un conflit qui ne nous fera que du tort. La Russie et les États-Unis se dirigent vers une nouvelle Guerre froide, mais nous n’avons aucune envie d’y participer. »