La principale organisation juive de Hongrie, Mazsihisz, boycottera les commémorations de l’Holocauste prévues par le gouvernement hongrois, et accuse le Premier ministre conservateur Viktor Orban, "d’ignorer les sensibilités" des survivants.
"Dans les circonstances actuelles, Mazsihisz se retire du programme Holocauste 2014 du gouvernement", a expliqué l’organisation dans un communiqué.
Ce programme doit marquer le 70e anniversaire de la déportation massive de juifs vers les camps de concentration en 1944.
Le gouvernement hongrois de centre-droit est accusé de vouloir minimiser le propre rôle de la Hongrie dans ces déportations, qui ont abouti à la mort de quelque 600 000 juifs de Hongrie, dont 450 000 pendant l’occupation nazie, du 19 mars 1944 au printemps 1945.
"Le programme ignore la sensibilité de ceux qui ont souffert des horreurs de l’Holocauste", a indiqué Mazsihisz, ajoutant qu’elle prendra part aux commémorations, uniquement si le gouvernement "change sa façon de travailler".
L’organisation a également demandé à Viktor Orban de renoncer à la construction d’un monument symbolisant l’invasion de la Hongrie par l’Allemagne nazie en 1944, qui reviendrait selon Mazsihisz à blanchir la Hongrie de ses responsabilités dans la Shoah.
Ce monument, qui doit être inauguré le 19 mars dans le cadre des manifestations marquant le 70e anniversaire des déportations, est dédié à toutes les victimes de l’occupation allemande, y compris juives.
Le 26 janvier, un éminent historien américain, Randolph Braham, avait rendu une distinction à la Hongrie, protestant ainsi contre une "falsification continue de l’Histoire" par le pouvoir en place.
La polémique autour du monument a été envenimée par des déclarations de Sandor Szakaly, un historien nommé en octobre 2013 par le gouvernement Orban pour diriger un nouvel institut d’histoire baptisé "Veritas". Il avait qualifié de "procédure administrative pour expulser des étrangers" les déportations de Juifs hongrois sous le régime Horthy.
"Le gouvernement a pris un mauvais chemin dans sa politique mémorielle ces dernières années", a conclu l’association.