Après presque deux années de négociations sur le bouclier antimissile en Europe, la Russie et l’Otan sont pratiquement dans l’impasse, et bien que le "point de non retour" ne soit pas encore franchi, Moscou n’exclut pas une frappe préventive en cas d’aggravation de la situation.
Le général Nikolaï Makarov, chef d’Etat-major général des Forces armées russes, a déclaré jeudi, lors de la conférence internationale de Moscou sur la défense antimissile que, compte tenu du caractère déstabilisant du bouclier antimissile européen, la Russie pourrait frapper de manière préventive les infrastructures du bouclier en cas d’aggravation de la situation.
Le général Makarov a notamment averti que le déploiement de nouvelles armes offensives dans le sud et le nord-ouest de la Russie, y compris des missiles Iskander à Kaliningrad, serait l’une des options éventuelles de Moscou pour détruire les infrastructures du système de défense antimissile en Europe.
Lancé en 2010, l’ambitieux projet de bouclier antimissile est essentiellement basé sur une technologie américaine et vise à déployer progressivement des intercepteurs de missiles et de puissants radars dans l’est de l’Europe et en Turquie. Il est devenu l’un des principaux sujets de discorde entre l’Alliance atlantique et la Russie, qui le considère comme une menace pour sa sécurité.
L’Otan affirme pour sa part que ce système ne vise pas la Russie mais une menace venant du Proche-Orient, en particulier d’Iran. Washington a toutefois refusé de fournir des garanties juridiques attestant que le système déployé ne serait pas dirigé contre les forces de dissuasion russes.
Le secrétaire général délégué de l’Otan Alexander Vershbow a seulement indiqué, lors de cette même conférence de Moscou, que le bouclier antimissile européen n’aurait pas le potentiel suffisant pour neutraliser les forces russes de dissuasion, n’étant capable d’intercepter qu’un nombre réduit de missiles stratégiques relativement déficients.
Il a souligné que les Etats-Unis n’avaient nullement l’intention de miner la stabilité stratégique dans le monde.
En prévision d’un sommet otanien à Chicago les 20 et 21 mai, où l’Otan a prévu d’annoncer l’achèvement de la première phase (capacité intérimaire) du bouclier, la Russie et l’Alliance ont une nouvelle fois exposé leurs positions sur la défense antimissile sans adopter de décisions, comme prévu.
L’Otan et la Russie avaient convenu lors du sommet de Lisbonne en 2010 de coopérer sur le projet de bouclier antimissile en Europe, mais cet accord de partenariat reste lettre morte.