Mercredi, le nouveau bonus automobile et l’encadrement des loyers ont été mis en place. La première mesure est une réponse au plan social de PSA tandis que la seconde était une promesse de campagne du candidat Hollande. Deux mesures qui ne sont pas sans grandes limites.
Un bonus automobile coûteux et ubuesque
La réforme du bonus écologique automobile est bien le produit direct de l’incapacité du gouvernement à réagir au plan social de PSA. Car rien ne justifie rationnellement le fait d’augmenter plus encore le dispositif d’aides aux véhicules hybrides et électriques dans notre pays. Le bonus pour les véhicules électriques est donc passé de 5000 à 7000 euros (soit quasiment le prix d’une Dacia neuve), dans la limite de 30% de la valeur du véhicule, tout de même.
S’il est souhaitable de donner un coup de pouce à ces véhicules, on peut se poser des questions sur l’énormité de cette aide, encore accrue. Point positif néanmoins, les marques françaises dominent largement ce marché, et devraient continuer à le faire puisque Renault fait tout pour en être le leader mondial puisqu’il disposera d’une gamme de quatre véhicules d’ici l’an prochain. Mieux encore, ces véhicules sont tous fabriqués en France, ce qui est bon pour l’emploi.
En revanche, on comprend difficilement le doublement du bonus pour les véhicules hybrides (à 4000 euros). Certes, PSA a 35% du marché, mais les constructeurs japonais en occupent 59%. Du coup, la majorité des véhicules hybrides sont aujourd’hui importés et pèsent défavorablement dans notre balance commerciale. En outre, pour une même émission de 106g de CO2, le système actuel accorde un bonus de 4000 euros pour un hybride et rien pour un véhicule traditionnel !
Une mauvaise réponse à une bonne question
C’est une des mesures phares du gouvernement : le blocage des loyers dans les plus grandes métropoles du pays. Désormais, en cas de changement de propriétaire ou lors du renouvellement du bail, il ne sera plus possible pour un propriétaire d’augmenter son loyer au-delà de l’indice de référence, à moins de faire des travaux importants ou si le montant des loyers est sensiblement inférieur. Cette décision concerne 38 agglomérations où les loyers sont considérés comme trop élevés.
Sur le fond, il était nécessaire d’agir tant le prix du logement pèse sur le pouvoir d’achat des Français. Néanmoins, cette mesure présente plusieurs failles. En effet, les propriétaires les plus gourmands et les plus raisonnables sont traités de la même manière. Les premiers pourront continuer à augmenter leur loyer dans les mêmes proportions que les seconds. Ensuite, outre le problème d’appréciation des exceptions, comment vérifier qu’il n’y a pas eu relèvement au-delà de l’indice ?
Bref, cette mesure présente des carences importantes. N’aurait-il pas fallu envisager des plafonds de loyer par quartier pour éviter les abus dans un premier temps ? Ensuite, le gouvernement aurait pu s’attaquer à la nécessaire réforme de la politique du logement dans un esprit équilibré, à savoir en cherchant à développer l’offre et donc en supprimant les dispositifs de défiscalisation, qui ne font qu’augmenter les prix et en s’appuyant sur les propriétaires trop souvent stigmatisés.
Au final, ces deux mesures ressemblent beaucoup à du bricolage destiné à occuper le terrain médiatique avant l’été. Il est triste de constater la persistance du mode de fonctionnement du précédent quinquennat sur des sujets qui méritaient bien mieux.