Le dimanche 4 mars 2012 restera sans doute comme une date historique. Vladimir Poutine revient en effet à la présidence de la Russie. J’avais déjà pu écrire que 1999 avait été un tournant dans l’histoire de la géopolitique contemporaine parce que son arrivée au pouvoir avait mis fin à la tentative unipolaire américaine.
Nous pouvons affirmer aujourd’hui que Poutine va consolider le monde multipolaire qui se dessine et achever sa mise en déroute de l’oligarchie américaine et de son État profond dont l’action occulte et agressive (à l’œuvre en ce moment en Syrie) ne cesse de miner, chaque jour un peu plus, les possibilités de paix dans le monde.
Qu’est-ce qui nous permet d’affirmer cela ? La simple observation du déchaînement médiatique contre Poutine, que chacun d’entre nous aura pu observer, ces derniers mois, en Europe comme aux États-Unis. Manque de chance pour nos habituels aboyeurs de leçons démocratiques (qui ne sont en fait que les bons petits soldats de l’oligarchie occidentale), le peuple russe soutient massivement Poutine.
Et ce ne sont pas les quelques irrégularités de fonctionnement du scrutin, statistiquement inévitables dans un pays aussi vaste que la Russie, et certainement moins graves que l’étrange comédie des bulletins de vote à trous lors de l’élection de Bush ou que l’obstruction en France à une candidature pesant autour de 20 %, qui pourront amoindrir l’incontestable légitimité de Poutine.
Vladimir Poutine, candidat plébiscité par les Russes, que, dans des temps anciens on aurait sans doute appelé Vladimir le Bien élu, est sans conteste aujourd’hui, dans l’hémisphère nord, le chef d’État le plus légitime qui soit. Cela ne peut que redonner espoir à ceux qui doutent du politique. Remettre son pays sur le chemin de la puissance et obtenir du même coup le soutien massif de son peuple, oui ça reste possible !
Logiquement il y a quelqu’un qui devrait être content ce soir, c’est Alain Soral. Quelqu’un qui a tout compris des forces profondes de l’histoire, celles que ne veut pas voir notre bon « bourgeois occidental » (Molière avait raison avec son bourgeois gentilhomme) aveuglé qu’il est par les chiffrons rouges agités devant ses yeux par la « grande presse ». Donc écoutez-le et lisez-le. Nous n’utilisons pas forcément les mêmes mots (et tant mieux), mais nos pensées sont en convergence.
Ce soir du 4 mars 2012 en tout cas, la dissidence internationale a marqué un point. Un point sans doute décisif pour l’avenir. Unissons nos forces, car au-delà de la cause des peuples souverains qui résistent à l’Empire, n’oublions pas qu’in fine, c’est la question de la liberté individuelle qui est en cause. L’Empire, machine à crétiniser les hommes en les gâtant en citoyen-consommateur, avance en effet tout à la fois vers « 1984 » et le « Meilleur des mondes ».
Face à lui, les États qui nous sont aujourd’hui présentés comme des dictatures implacables (Syrie, Iran…) ne sont jamais que les premiers réfractaires à ce Big Brother mondial lequel masque de moins en moins ses desseins.
A ceux qui en douteraient, confrontés aux images de l’incontestable brutalité de la guerre en Libye, puis en Syrie, je rappellerais qu’ils ne voient qu’une face de l’histoire. Sur l’autre, les projecteurs des médias occidentaux ne s’allument jamais. Cette autre face, je n’ai pas grand mérite, je l’ai prise en pleine poire en 1996, dans le Sud du Liban, devant les cadavres calcinés d’une bonne centaines de femmes et d’enfants libanais qui avaient cru qu’un abri de l’ONU restait un endroit sacré auquel jamais une armée ne s’attaquerait. Ils ne pouvaient pas savoir, les pauvres, ce que j’ai compris devant leurs corps en bouillie : l’histoire est dite par les vainqueurs et le droit ne s’applique qu’aux vaincus.
Si vous êtes dans le club qui s’est autorisé à avoir l’arme atomique, vous pouvez écraser un pays, au nom d’une légalité que vous avez décrétée, tout pays qui prétend entrer dans le club sans votre autorisation. Si vous êtes pro-américain vous êtes forcément une démocratie, et si vous ne l’êtes pas, ce n’est pas grave ! Si vous êtes une démocratie mais que vous n’êtes pas pro-américain, c’est grave et vous ne pouvez donc pas… être une démocratie..
Donc je veux bien que l’on soit horrifié par les bombardements sur Homs qui doivent être terribles pour les civils piégés. Mais alors, il faut avoir le courage de regarder en face le résultat des bombes de l’OTAN sur la Serbie, sur l’Irak, sur la Libye, sur l’Afghanistan ; le résultat des bombes d’Israël sur Gaza ou le Sud du Liban. Car enfin, ces corps-là, ces enfants-là, ces femmes-là, on ne vous les montre jamais ! Comme on ne vous parle pas des reporters de guerre qui sont morts sous des bombes occidentales dans les prétendues guerres humanitaires de l’ère post-soviétique.
Peut-être que l’intelligence consiste aussi à être capable d’imaginer (un peu de bon sens devrait suffire, pas besoin de longues études) ce que les télévisions occidentales ne vous montrent jamais…
En résumé :
- L’Occident de l’ingérence humanitaire a davantage massacré dans toutes les agressions qu’il a menées depuis 1990 que les régimes qu’il combattait.
- Il y a, au moins, autant de trucages et de verrouillages dans les élections dites démocratiques des pays occidentaux (surtout en France et aux États-Unis, car je ne parle pas de la Suisse, seule authentique démocratie d’Europe) qu’il y en a dans cette Russie présentée sans cesse comme une éternelle autocratie.
Conclusion : Qu’on cesse de nous prendre pour des cons parce qu’il reste, en France, quelques penseurs qui ne sont pas « à la gamelle » et qui continuent à réfléchir. Quand j’étais gosse, dans mon école publique (je n’ai été que dans des écoles publiques) on m’apprenait que l’école ça sert à former l’esprit critique. Je n’ai retenu que cela.