En 1979, la Seconde Guerre mondiale est enterrée en Allemagne. Le pays sort traumatisé d’une décennie de pépins avec la bande à Baader, qui a osé frapper les bases américaines, le grand patronat et la haute banque de 1968 à 1977. C’est aussi l’époque du grand boom économique, le Mark est fort, on part en vacances en Espagne (ou beaucoup d’Allemands se sont curieusement installés après 1945) et on peut applaudir un groupe de Noirs qui dansent et chantent à la russe.
Chez Boney M., c’est le faux chanteur, Bobby, ici défoncé à mort, qui tente une kazatchok. Heureusement, tout est en playback : c’est le producteur allemand Franz Farian (né un mois après l’opération Barbarossa) qui chante derrière avec cette voix grave reconnaissable entre toutes.
Ce groupe aux multiples tubes et aux 100 millions de galettes vendues est une production allemande, comme Dschinghis Khan (rien à voir avec Rachel), qui fait carrément la promo, la même année, de l’âme russe (« die Seele ») :
Ce passage télé a dû faire tout drôle aux vétérans de la Wehrmacht qui ont goûté aux joies de la culture russe de juin 1941 à mai 1945... Heureusement, on voit souvent des vétérans des deux camps se réconcilier, des années plus tard. Ce fut le cas, par exemple, des Japonais et des Américains engagés dans la bataille du Pacifique après 1942, un rapprochement symbolisé par la visite d’Obama à Hiroshima en 2016.
On nuance le propos : la base d’Okinawa, où sont concentrés la moitié des 50 000 soldats américains au Japon, irrite les habitants, car elle provoque la colère du grand voisin chinois. La visite de la crétine Pelosi à Taïwan n’a évidemment rien arrangé. Il y a toujours, comme en Allemagne, une forte opposition à la présence américaine.
Obama, prix Nobel de la paix, n’est peut-être pas le meilleur exemple à choisir, puisqu’il a prolongé les guerres américaines en cours. Trump aurait pu y aller, lui qui n’a déclenché aucune guerre, mais son image était trop mauvaise à l’international. Seul un président noir, donc forcément pacifique, puisque victime de racisme, pouvait incarner le désir de paix.
Aujourd’hui, le peuple allemand est déchiré : ses dirigeants ont choisi de refaire la guerre aux Russes, mais de manière retenue, contournée. Pur une fois, les Allemands sont – ou pensent être – dans le camp du bien, celui des Américains, mais en face, côté russe, il y a les Chinois, et ça pose un double problème à Scholz et ses amis : le grand patronat a besoin du gaz russe en abondance pour faire fonctionner une machine de guerre économique vouée à l’export, et la Chine est le premier grand marché pour ces mêmes industriels !
Même dans la population, l’anti-russisme outrancier ne passe pas, sauf bien sûr chez les irréalistes, généralement de gauche. En France, c’est pareil : les médias de soumission en font des tonnes pour transformer Poutine en Hitler. Malheureusement, l’état pitoyable de l’Ukraine, bien avant l’opération spéciale, et la corruption endémique de ce pays, littéralement pourri par la tête, ne plaide pas en sa faveur. L’Ukraine, c’est un peu le pays des anti-valeurs, par rapport à la Russie.
Et ce n’est pas la récente victoire trafiquée de l’Ukraine au concours de l’Eurovision qui va changer ça. Ce qui restera de Zelensky, même parodique, c’est sa sinistre danse de propagande.