Bégaudeau c’est le phraseur de service de l’araignée Lancelin. Il exécute de son petit dard venimeux les invités pris dans la toile de la blonde, quand ils ne sont pas trop gros. Les moucherons, ça va, les scolopendres et autres scarabées, très peu pour moi !
Après avoir moqué avec force gestes élégants les chatelains et chatelaines et leur plan de table ridicule (selon lui), il explique pourquoi il ne boxe que des sparring-partners.
« Moi c’est pas à ça que je pense, je pense au contenu même de la conversation à table. Une fois qu’on aura fait le plan de table, qu’est-ce qu’on va pouvoir se dire ? Il m’est arrivé de refuser ce genre de débat non pas que je trouvais que, non pas que j’ai pu trouver à ce moment-là qu’il y avait une sorte d’indignité morale à aller discuter avec tel ou tel qu’on me proposait comme interlocuteur, mais parce que je voyais vraiment pas ce qu’on allait pouvoir se dire.
Je vais être très factuel encore et concret, faut toujours être concret : récemment le même Morillot et je pense qu’il ne m’en voudra pas de le révéler, m’a convié dans un premier temps à discuter avec Marc-Édouard Nabe, je sais pas si ça dit quelque chose à quelqu’un Marc-Édouard Nabe, chacun ira googliser. Je n’ai pas d’interdit moral à aller discuter avec Marc-Édouard Nabe, en revanche je me demande vraiment ce qu’on aurait pu se dire. Je ne voyais pas du tout quel pouvait être le contenu de la discussion.
J’en dirais à peu près de même pour Soral. Soral, c’est assez fréquent que les gens me disent il serait temps que vous discutiez tous les deux, soit parce que il s’excite d’avance d’un combat, soit il considère qu’on a peut-être des choses à se dire. Moi je, pfou, Soral c’est quelqu’un que j’ai pu écouter, que j’écoute au même titre que j’écoute des, des, des centaines de personnes, euh, il est d’ailleurs parfois plus intéressant que la plupart de ses coreligionnaires, euh, mais en revanche je vois vraiment pas ce que pourrait être l’objet du débat entre nous ! Lui il a décidé de constituer que le monde était globalement dominé et agencé par la communauté organisée, comme il l’appelle, c’est-à-dire la communauté juive, je, je crois que je ne trahis pas la pensée de Soral en disant ça, bon ben j’veux dire i’ va ’dire ça pis moi j’vais lui répondre que ben non j’crois pas, et le débat sera fini. »
Il a fait le débat avec Soral en deux coups de cuillère à pot ! Exploit. Le regard de Lancelin à ce moment précis sur Bégau en dit long sur celui qui rame comme un fou sur la falaise. Le réalisateur qui a inséré ce plan de coupe est un coquin. Épuisé par son argumentaire fragile, Bégau termine sur les moignons.
« Encore une fois recentrons-nous sur la fécondité possible des discussions qu’on peut avoir avec tel ou tel, et non pas sur des espèces de considérations, encore une fois brumeuses et approximatives, sur l’interdiction morale qu’il y aurait à le faire. »
Tiens, on croyait que le débat était justement fertile quand les deux parties n’étaient pas d’accord... C’est pourquoi Bégau va désormais ne débattre qu’avec lui-même, le seul à sa hauteur, et, à la limite, avec Aude. Ou comment évacuer le risque de défaite.
Au fond, Bégau c’est le pseudo-poids lourd qui ne voit pas pourquoi il irait combattre Tyson. Remarquez, on le comprend.